4 novembre 2024
Paris - France
ECONOMIE

Crédit pour les travailleurs sans CDI : C’est quoi ce nouveau prêt immobilier conçu pour les actifs précaires ?

UN PRÊT IMMOBILIER POUR LES SALARIÉS EN CDD, INTÉRIMAIRES… ET SI LE CRÉDIT N’ÉTAIT PLUS RÉSERVÉ AUX CDI?

BANQUERécemment, le CIC a lancé un prêt offrant la possibilité de faire fluctuer les échéances de remboursement, ce qui se veut plus adapté aux actifs aux revenus variables;

Bientôt plus besoin de CDI pour obtenir un prêt immobilier ? Si c’est encore loin d’être chose faite, certaines banques semblent vouloir davantage s’ouvrir aux autres profils (CDD, freelances, intérimaires, intermittents), qui correspondent à 27 % des actifs et qui sont 70 % à souhaiter accéder à la propriété, selon un sondage de l’Ifop. Pour cela, le CIC a lancé ce jeudi un nouveau produit : le Prêt Immo nouvelles formes d’emploi, rapporte Le Parisien.

« Avec ce nouveau produit, nous voulons éviter la discrimination vis-à-vis des personnes dans ces nouvelles formes d’emploi », a souligné à nos confrères Daniel Baal, président du CIC. Dans le détail, cette banque qui compte cinq millions de clients particuliers propose désormais à ceux qui ont plus de trois ans d’ancienneté d’obtenir ce prêt. De quoi augmenter la part de 42 % d’actifs qui ne sont pas en CDI ayant déjà demandé un crédit immobilier.

Possibilité de baisser ou d’augmenter de 50 % leurs échéances de remboursement

Il a la particularité de leur offrir la possibilité, via l’application, de baisser ou d’augmenter de 50 % leurs échéances de remboursement : à savoir, une fois par an et sur une période d’un à quatre mois dans la limite de 10 modulations sur le prêt. Et à condition qu’elles ne le rallongent pas de plus de 36 mois. « Leurs revenus peuvent être fluctuants et nous nous adaptons en faisant preuve de flexibilité », a justifié le président. Cette option existe déjà dans d’autres banques, mais est souvent plus limitée et nécessite des démarches plus importantes.

Si ce produit se veut plus adapté aux clients qui ne sont pas en CDI, il faudra néanmoins avoir un dossier suffisamment bon pour y accéder, avec antériorité dans l’emploi, progression des revenus et capacité à épargner, indique BFM Immo. « L’idéal est d’avoir un co-emprunteur avec un autre statut. Sinon, il faut justifier de revenus pérennes, d’une gestion des comptes rigoureuse, d’une épargne de précaution après le projet… », a détaillé au Parisien Isabelle Bail, directrice des partenariats bancaires ou immobiliers chez le courtier Vous financer.

Et si l’emprunteur ne peut plus payer ?

Mais au-delà du banquier, c’est l’organisme de caution, qui devra rembourser la banque si l’emprunteur ne peut plus payer, qu’il faut convaincre. Ici Agathe Ritzler, directrice de l’agence IN & FI crédits de Rambouillet (Yvelines), a expliqué que le dossier pourrait nécessiter, entre autres, la production de tous les contrats de l’emprunteur sur les trois dernières années, de son CV et d’un document précisant les opportunités professionnelles à venir, en plus d’une explication sur le fonctionnement de son statut. Des démarches potentiellement compliquées, qui pourraient nécessiter l’intervention du courtier.

La banque CIC propose une nouvelle offre de prêt destinée à tous les actifs qui ne sont pas en CDI. Elle permet de modifier le montant des mensualités, à la hausse comme à la baisse, pendant quatre mois, afin de s’adapter aux fluctuations de revenus des actifs en CDD, intérimaires ou indépendants.

Pour décrocher un prêt immobilier, mieux vaut être en CDI. Les banques rechignent à prêter aux salariés qui ne bénéficient pas d’un contrat à durée indéterminée. Pourtant, eux aussi aspirent à accéder à la propriété: ils sont 70% à vouloir devenir propriétaires contre 78% chez les CDI, selon une étude réalisée par l’Ifop pour le CIC*.

CDD, intérimaires, micro-entrepreneurs, saisonniers ou intermittents du spectacle… Ces salariés considèrent le fait de ne pas être en CDI comme un verrou important pour obtenir un prêt immobilier. Seuls 42% d’entre eux ont déjà formulé une demande de crédit immobilier (contre 60% des salariés en CDI), toujours selon l’étude Ifop.

Alors pour ces 27% d’actifs qui ne sont pas en CDI, la banque CIC propose un nouveau prêt. Cette offre, réservés aux clients depuis plus de 3 ans, sera modulable et leur permettra d’ajuster leurs remboursements, à la hausse comme à la baisse, en fonction des fluctuations de leurs revenus.

S’ils gagnent moins ou plus pendant une période, les emprunteurs pourront augmenter ou baisser leurs échéances de crédit immobilier jusqu’à 50 % sur une période de 1 à 4 mois par an.

« Plus de latitude »

Et pour obtenir ce prêt, des critères tels que « l’antériorité dans l’emploi, la progression des revenus ou la capacité à épargner » seront davantage pris en compte dans les décisions d’octroi.

Au CIC, nous ne confondons pas rigueur avec rigidité », assure Claude Koestner, directeur général délégué de la banque.

« Avec le Prêt Immo Nouvelles Formes d’Emploi, nos conseillers dédiés disposeront désormais de plus de latitude pour tenir compte de la capacité réelle de remboursement de nos clients fidèles qui ne disposent pas d’un CDI », promet-il.

Les modulations temporaires pourront se faire sans frais ni justificatifs, mais avec l’accord du conseiller, jusqu’à 10 fois sur la durée du prêt.

La durée et le coût du crédit s’adaptent aux modulations

Une nouvelle offre qui pourrait vite rencontrer son public. « On observe un mécanisme d’autocensure chez les personnes qui ne sont pas en CDI », explique François Legrand, directeur d’études à l’IFOP.

« Dans ce contexte, un crédit immobilier spécialement adapté suscite un fort intérêt pour ces Français (75%). »

Évidemment, ces modulations ne sont pas sans conséquences sur la durée et le coût total du crédit. Prenons un exemple concret, avec un prêt de 250 000 euros sur 20 ans au taux d’intérêt de 4 % (hors assurance obligatoire), et voyons ce que ça donne.

L’emprunteur peut demander à diviser par deux sa mensualité pendant quatre mois (elle passe ainsi de 1515 à 757 euros). De quoi avoir un peu d’air en cas de passage à vide. En contrepartie, la durée du crédit s’allonge et son coût total augmente puisque le capital emprunté est remboursé plus lentement. Dans l’exemple cité, le coût supplémentaire de la modulation est de 2.944 euros.

À l’inverse, si l’emprunteur gagne plus que prévu, il pourra aussi rembourser plus vite pendant quelques mois, et ainsi raccourcir la durée du prêt et son coût. Un simulateur directement accessible depuis l’application permet de prendre connaissance des effets de ces modulations sur le budget du client.

*sondage Ifop et CIC mené du 28 août au 9 septembre 2024 auprès de 2.000 répondants CDI et hors CDI représentatifs de la population française selon la méthode des quotas.

Jean Moliere.Source: AFP

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