Qui était l’influenceur burkinabè Alino Faso et que sait-on de sa mort ?
Alino Faso a été arrêté le 10 janvier 2025 à Abidjan.
La mort de l’activiste et influenceur Alino Faso à l’école de gendarmerie d’Abidjan interroge .Puisque les circonstances de sa mort restent floues malgré les allégations du porte parole du gouvernement ivoirien.
Dans un communiqué publié ce dimanche 27 juillet, le procureur de la République indique que l’activiste burkinabè Alino Faso a été retrouvé mort jeudi 24 juillet dans sa chambre de l’école de gendarmerie d’Abidjan où il était détenu depuis le mois de janvier. Le procureur précise aussi que les premiers éléments de l’enquête concluent à un suicide. L’activiste s’était récemment distingué par des prises de position très tranchées en faveur de la junte au pouvoir au Burkina Faso.
Le document précise que le médecin légiste a conclu à un suicide par pendaison. Selon les premiers éléments de l’enquête, Alino Faso a utilisé son drap de lit pour se donner la mort après avoir tenté en vain de se trancher les veines du poignet. Les investigations doivent maintenant déterminer les causes et les circonstances de son geste.
Alino Faso avait été interpellé par les forces de l’ordre ivoiriennes en janvier dernier. Si le porte-parole du gouvernement Amadou Coulibaly s’était contenté de confirmer son arrestation « en bonne et due forme » sans qu’aucune information officielle ne soit jamais donnée sur les charges retenues contre lui, le communiqué du procureur de la République précise cette fois qu’il était notamment poursuivi pour « intelligence avec des agents d’un État étranger », « complot contre l’autorité de l’État » et « diffusion de fausses informations de nature à démoraliser la population ».
Communiqué de l’Etat burkinabé
Justice pour Alino Faso, communiqué du gouvernement Burkinabè
Le Gouvernement Burkinabè condamne la détention de Alino Faso dans un camp de gendarmerie suivie de sa mort assimilable à un assassinat .
Le gouvernement Burkinabè dénonce l’irresponsabilité de la justice ivoirienne.
Décès Alino : La réaction intégrale du gouvernement burkinabè
« Le Gouvernement du Burkina Faso aappris avec consternation et une profonde indignation, le décès dans des circonstances obscures de notre compatriote Alain Christophe TRAORE alias Alino Faso.
Selon un communiqué du Procureur de la République de Côte d’Ivoire largement relayé sur les réseaux sociaux, Alino Faso serait décédé « le jeudi 24 juillet 2025 » à « l’Ecole de gendarmerie ».
Depuis la publication hier, d’informations relatives à cette disparition tragique, le Gouvernement est resté mobilisé et attentif à l’évolution de la situation.
Il relève que, jusqu’à cet instant précis, aucune notification officielle ne lui a été faite par les autorités ivoiriennes sur la mort en détention de notre compatriote.
Ni la famille de Alain TRAORE, ni son avocat, ni l’Ambassade du Burkina Faso en Côte d’Ivoire n’ont été avisés sur ce qui est présenté dans le communiqué en question comme un suicide.
Le Gouvernement par le biais du ministère des Affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’Extérieur a donc convoqué d’urgence la Chargée d’affaires de l’Ambassade de la République de Côte d’Ivoire au Burkina Faso aux fins de s’expliquer sur le sort de notre compatriote, laquelle Chargée d’affaires a, hélas, confirmé l’effectivité du décès de Alain Christophe TRAORE alias Alino Faso.
Le Gouvernement s’étonne que le drame se soit produit dans une école de gendarmerie et dans ces circonstances alors même que le Porte-parole du Gouvernement ivoirien s’était évertué à nier les pratiques d’enlèvement forcé, d’exécution sommaire et de torture en Côte d’Ivoire, lors d’un point de presse en date du 15 janvier 2025.
Toutes ses déclarations d’intention sur la transparence et le respect des Droits humains contrastent paradoxalement avec la gestion ténébreuse de ce dossier soldée par la mort plus que suspecte de notre compatriote Alain TRAORE.
Le Gouvernement s’interroge sur les motivations réelles de sa détention dans une caserne de gendarmerie plus de six (6) mois après son interpellation et sans procès.
Il rejette avec force et vigueur la thèse du suicide actuellement avancée par les autorités judiciaires ivoiriennes qui ont brillé par une complaisance coupable face à l’arbitraire et au déni de justice dont a été victime Alino Faso dans cette affaire, depuis son interpellation le 10 janvier 2025.
Le Gouvernement condamne fermement cette disparition assimilable à un assassinat crapuleux. Il s’indigne de cette tentative manifeste de tronquer les faits. En effet, alors que le décès aurait été constaté le jeudi 24 juillet, il a fallu 72 heures pour que l’information soit portée dans l’espace public sur la foi d’un communiqué du Procureur de la République près le Tribunal de première instance d’Abidjan dont l’authenticité était difficile à établir.
Le Gouvernement exige des autorités ivoiriennes le rapatriement sans délai du corps de notre compatriote Alain TRAORE pour des obsèques dignes et honorables.
Il est sensible à la vague de condamnation et de réprobation soulevée par l’annonce brutale de sa mort dans des conditions qui rappellent les mœurs barbares et sinistres d’un autre âge. II comprend toute l’émotion que cela suscite au regard de la dimension de l’homme et de son engagement en faveur des causes humanistes, mais invite au calme et à la retenue.
Le Gouvernement interpelle les autorités ivoiriennes sur l’exigence de vérité et de justice pour Alain Christophe TRAORE dont la mort tragique laisse une famille endeuillée dans une douleur incommensurable et des millions de nos compatriotes révoltés et sans voix, au regard de l’engagement citoyen de l’homme.
Le Gouvernement rassure qu’il reste saisi de ce dossier sur la détention et la mort de notre compatriote et appelle l’Etat de Côte d’Ivoire ainsi que le Gouvernement ivoirien à une transparence totale dans la gestion de cette affaire.
Le Gouvernement reste engagé au suivi de ce dossier jusqu’à la manifestation totale de la vérité. Il salue la mémoire d’un homme de bonne volonté qui a vécu utile pour son prochain et qui a trouvé dans l’altruisme toute sa raison de vivre et de mourir afin de bâtir un monde plus fraternel.
La mort de Alino Faso ne restera pas impunie.
Ouagadougou le 28 juillet 2025
Gilbert Pingdwendé OUÉDRAOGO
Porte-parole du gouvernement »
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L’influenceur, qui vivait en Côte d’Ivoire où il gérait un restaurant, était surtout connu pour son activisme social sur les réseaux sociaux où il appelait régulièrement les internautes à la mobilisation pour financer les soins de personnes en détresse. Fort de plus de 400 000 abonnés sur sa page Facebook et se définissant comme un « opérateur économique » et un « communicateur ». Cependant, il s’était distingué récemment par ses prises de position en faveur de la junte militaire au pouvoir au Burkina Faso.
Alors que les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont glaciales, les autorités ivoiriennes reprochaient à l’influenceur ses liens supposés avec des cyber-activistes des « Bataillons d’intervention rapide de la communication », accusés de relayer la propagande de Ouagadougou sur le net.
Jean Moliere
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