La base militaire française doit officiellement être rétrocédée ce 20 février, mais en coulisses, les négociations entre Paris et Abidjan se poursuivent sur la cession de matériel et la coopération en matière aérienne.
Des soldats ivoiriens et français s’entraînent sur la base militaire de Port–Bouët, à Abidjan, le 11 février 2025. © Issouf Sanogo/AFP
Alors que la France va rétrocéder ce 20 février 2025 la base militaire de Port–Bouët à l’armée ivoirienne, en présence du ministre français des armées, Sébastien Lecornu, et de son homologue ivoirien de la défense, Téné Birahima Ouattara, Paris souhaite maintenir un dispositif allégé dans le pays qui a vocation à rester un point d’appui stratégique.
L’armée française devrait garder la main sur une partie du dépôt de munitions flambant neuf de la base. Au niveau des effectifs, qui seront fluctuants, ceux–ci devraient atteindre en moyenne une centaine d’éléments, en fonction des rotations et des escales effectuées par l’armée de l’air et la marine.
Si une compagnie d’instructeurs, présente de manière rotative, doit assurer les formations basiques destinées à l’infanterie ivoirienne et l’entraînement des unités
commando, un détachement autonome des transmissions (DAT), dévolu, lui, à la surveillance électronique, continuera par ailleurs d’être hébergé de manière permanente. Le chef d’état–major de l’armée de terre française, le général Pierre Schill, doit accompagner Sébastien Lecornu en Côte d’Ivoire ce 20 février pour évoquer les contours de cette coopération.
Abidjan est particulièrement demandeur de technologies de collecte d’informations sur sa frontière septentrionale et tout particulièrement de radars. Lors de la dernière Coupe d’Afrique des nations (CAN), en Côte d’Ivoire, Paris a discrètement déployé à la demande d’Abidjan un radar Giraffe AMB à Korhogo, dans le nord du pays, afin de surveiller d’éventuels mouvements suspects. L’état–major ivoirien est par ailleurs en passe d’acquérir trois radars Ground Master 200 du fabricant français Thales (AI du 10/02/25).
Missions de contrôle des airs
Dans le cadre de la rétrocession en cours, Paris et Abidjan négocient actuellement des transferts d’équipements militaires. Si l’essentiel du matériel est destiné à être rapatrié en France, une partie de ces
capacités, et notamment des véhicules blindés, pourraient être cédées au cas par cas au profit des
forces ivoiriennes.
Sur le volet aérien, le recours à des moyens tels que des avions de chasse et des hélicoptères d’attaque est désormais totalement exclu. L’état–major français étudie néanmoins la possibilité d’engager, de manière non permanente, un avion ravitailleur et un hélicoptère dans le pays afin de poursuivre des missions de contrôle des airs. Paris devrait par ailleurs maintenir à disposition un parc d’une vingtaine de blindés légers dans le pays.
Avec le départ de l’armée française du Tchad, l’aéroport de Bouaké (Centre) est amené à jouer rôle accru dans le nouveau dispositif de Paris dans la région. Outre le déploiement d’un contingent militaire sur place, la France pourrait contribuer à moderniser les infrastructures de la base aérienne de Bouaké, qui a vocation à monter en puissance selon les plans de l’état- major ivoirien.
AI
