“ Le PPA-CI a dénoncé avec la plus grande fermeté ces pratiques anticonstitutionnelles, héritées du passé récent et sombre de notre pays, qui confirment que le régime RHDP persiste dans ses méthodes d’intimidation et de répression politique. Toute cette manipulation, toute cette agitation, vise clairement à empêcher la tenue de la marche prévue le 9 août prochain. En somme, nous voyons le dos du nageur : les intentions réelles du pouvoir ne font plus de doute.” Sébastien Dano Djédjé, Président exécutif du PPA-CI – Côte d’ivoire
La dernière arrestation en date dans les rangs du PPA-CI vise Moïse Lida Kouassi, ancien ministre de la Défense sous Laurent Gbagbo. Face à la presse ce dimanche, le parti parle d’une « intensification du harcèlement judiciaire et politique » contre ses militants.
Le parti de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a affirmé, dimanche 10 août, que deux de ses cadres se trouvaient en garde à vue depuis le 8 août pour leur responsabilité présumée dans des incidents survenus à Abidjan pendant le week-end du 2 août.
Il s’agit de l’ancien ministre de la défense, de 2000 et 2002, Moïse Lida Kouassi et de l’ancien ambassadeur Boubacar Koné – tous deux sont cadres du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), qui est la formation de l’ex-président Laurent Gbagbo. Celui-ci a demandé leur libération.
Avant la présidentielle du 25 octobre, le climat politique est tendu en Côte d’Ivoire : des figures de l’opposition – Laurent Gbagbo, par exemple – sont exclues du scrutin par des décisions de justice. Par ailleurs, plusieurs militants d’opposition ont été interpellés au cours des dernières semaines.
« Selon nos avocats, on leur reproche d’être les instigateurs des événements du 1er août à Yopougon », a déclaré Justin Koné Katinan, président du conseil stratégique et politique du parti, lors d’une conférence de presse, dimanche.
Pour rappel, pendant la nuit du 1er au 2 août, dans cette commune d’Abidjan, un bus de transport public a été incendié. Une voiture de police a été dégradée par des individus armés de machettes, de gourdins, d’armes à feu et de cocktails incendiaires, selon le procureur de la République, Oumar Braman Koné. Onze personnes ont été arrêtées.
Le PPA-CI affirme, par ailleurs, être toujours sans nouvelles de six de ses membres « enlevés » pendant le premier week-end d’août et nie toute implication dans les incidents de Yopougon.
« Harcèlement judiciaire et politique »
« Le PPA-CI exige la libération immédiate de Moïse Lida Kouassi et de Boubacar Koné, et des prisonniers d’opinion de tous bords », a déclaré, le 10 août, Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du PPA-CI, qui a dénoncé « une opération d’intimidation et de répression » et un « harcèlement judiciaire et politique ».
Invité dimanche soir sur la chaîne privée NCI 360, le procureur n’a pas voulu commenter les enquêtes en cours, mais il a assuré que les poursuites du parquet n’étaient « pas faites en fonction des partis politiques ». « Toutes les personnes interpellées, peu importe la forme, ont été traduites devant le procureur. Il n’y a jamais eu d’enlèvement. Elles sont dans des procédures judiciaires ouvertes au tribunal et se trouvent dans des lieux de détention en bonne et due forme », a-t-il ajouté.
Samedi, des milliers de militants des deux principales formations d’opposition, le PPA-CI et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire, ont manifesté dans le calme dans les rues de Yopougon. Ils protestaient contre la candidature du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, à un quatrième mandat et demandaient la réinscription de leurs leaders, radiés des listes électorales et exclus de la course à la présidentielle. Sébastien Dano Djédjé a plaidé dimanche pour « un dialogue politique permanent, sincère, ajoutant : ce serait bien pour la Côte d’Ivoire, nous l’appelons de tous nos vœux ».
L’opposition accuse le parti au pouvoir, le RHDP, d’instrumentaliser la justice en bafouant les droits fondamentaux, avec des détentions sans notification, sans accès à un avocat et des lieux de garde inconnus. Selon le PPA-CI, ces pratiques fragilisent la décrispation politique entamée après la crise post-électorale de 2010-2011, jetant un doute sur l’impartialité des institutions à l’approche d’un scrutin crucial.
À l’approche du 25 octobre 2025, le climat politique ivoirien se tend. Malgré le besoin d’apaisement, la confrontation pouvoir-opposition révèle les faiblesses du système. La présidentielle dépendra de la transparence du jeu électoral.
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