Conséquence de l‘allègement de Barkhane au Sahel, la Côte d‘Ivoire est appelée à jouer un rôle accru dans le nouveau dispositif stratégique de Paris en Afrique de l‘Ouest. Un nouvel attaché de défense va être nommé à Abidjan pour doper la coopération de sécurité franco–ivoirienne.
L‘ambassade de France à Abidjan s‘apprête à accueillir au mois d‘août un nouvel attaché de défense, le colonel Patrick Vaglio, qui prendra le relais du colonel Xavier Clochard, en poste depuis juillet 2017. Patrick Vaglio, appartenant au corps de l‘artillerie de marine, a bénéficié en 2013 d‘une brève expérience sahélienne en tant que conseiller au sein du détachement de liaison et d‘expertise de l’EUTM Mali, la mission de formation de l‘Union européenne (UE) dans le pays. De 2014 à 2018, il a par ailleurs été officier de liaison de l‘ambassade de France auprès de l‘Union africaine (UA) à Addis Abeba, pour le compte de la Direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD).
Au centre de sa feuille de route figureront la mise en æuvre et la coordination de l‘Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT) de Jacqueville, qui a été inaugurée le 10 juin près d‘Abidjan, en présence du premier ministre ivoirien Patrick Achi, de son ministre de la défense Téné Birahima Ouattara et du ministre français des affaires étrangères Jean–Yves Le Drian. Cette structure est dédiée à la formation de militaires, policiers, magistrats et douaniers, essentiellement grâce à l‘appui de la France, mais également de l’Union européenne (UE). En décembre 2019, Emmanuel Macron avait en effet relancé le projet, qui battait de l‘aile, en signant un accord de coopération avec le président Alassane Ouattara (AI du 22/07/20).
Enfin, le nouvel attaché aura pour mission de redorer le blason de l‘industrie française de défense, soumise à une concurrence croissante des firmes israéliennes (AI du 24/06/21) et des ambitions chinoises visant à sécuriser les frontières ivoiriennes au détriment de Thales (AI du 06/07/21).
Montée en puissance des FFCI
Au cour du dispositif français de sécurité en Afrique de l‘Ouest se trouvent les Forces françaises en Côte d‘Ivoire (FFCI), dont les effectifs s‘élèvent aujourd‘hui à 900 hommes mais qui vont bénéficier à terme d‘un apport de troupes provenant des contingents rapatriés du Sahel. A partir de septembre, les FFCI vont ainsi tirer profit du retour de 175 légionnaires appartenant au 2e Régiment étranger de parachutistes (2° REP, AI du 08/04/21). L‘un de leurs contingents avait été déployé d‘urgence au Niger fin 2019.
Les FFCI seront amenées à jouer un rôle croissant de soutien aux forces régionales, en coopération avec les Forces armées de Côte d‘Ivoire (FACI) qui aspirent à s‘imposer de leur côté comme chef de file auprès de leurs alliés burkinabès et maliens. Une opération baptisée Tourbillon vert vient de s‘achever, qui doit permettre aux trois armées ouest–africaines de renforcer leur interoperabilité dans la surveillance des zones frontalières.
La Côte d‘Ivoire, nouveau centre névralgique
En annonçant il y a un mois l‘allègement progressif des forces françaises combattant dans les rangs de Barkhane au Sahel, puis la fermeture de trois bases au Mali début 2022, Emmanuel Macron a surtout pointé du doigt la « dissémination de la menace » djihadiste au sein des Etats d‘Afrique de l‘Ouest, et notamment des Etats côtiers. En première ligne des préoccupations de Paris figure la situation sécuritaire en Côte d‘Ivoire, laquelle faisait déjà l‘objet fin 2020 de rapports alarmistes de la part de Bernard Emié, le patron de la DGSE.
Les nouvelles orientations stratégiques prévoient désormais une coopération renforcée avec Abidjan en matière de lutte anti–terroriste, de soutien aérien, mais surtout en matière de renseignements. Plusieurs projets sont actuellement à l‘étude pour davantage coordonner l‘échange d‘informations entre les services ivoiriens et français.
AI