La nièce et assistante de l’ex–première dame, qui entend s’ancrer dans la politique locale, appelle les oppositions à << faire bloc >> pour la présidentielle de 2025.
Bintou Ouattara lors de la cérémonie de récompense de la deuxième édition de << Mère, gage du vert »>, à Abidjan le 19 juillet 2024.
Elle arrive à notre rendez–vous avec quelques minutes de retard, son époux à son côté. Pour rencontrer Jeune Afrique, Bintou Ouattara a choisi une boulangerie- pâtisserie de la commune de Cocody, à Abidjan. Fille de Claudine Ehivet, la soeur cadette de Simone Gbagbo, elle a grandi dans le sérail du Front populaire ivoirien (FPI). <<< Quand j’étais adolescente, nous étions déjà sympathisants. J’étais naturellement FPI », se remémore- t–elle. Mais c’est la crise postélectorale de 2011 qui marque, pour elle, un tournant. Lorsque Laurent et Simone Gbagbo sont arrêtés en avril 2011, la jeune femme et plusieurs de ses proches entrent pour quelques mois dans la clandestinité. << Il fallait quitter la maison pour aller se réfugier quelque part, là où personne ne nous reconnaitrait. »
Une fidélité à toute épreuve
Dès lors, Bintou Ouattara prend fait et cause pour sa tante. Elle lui rend bientôt visite, d’abord à Odienné, dans ce nord de la Côte d’Ivoire traditionnellement hostile aux Gbagbo et où l’ancienne première dame a été placée en résidence surveillée, puis à l’École de gendarmerie d’Abidjan, où elle est détenue entre décembre 2014 et
août 2018. << Il arrivait que je sois triste et c’est elle qui me remontait le moral. » Dans l’épreuve, les deux femmes se rapprochent.
Aujourd’hui âgée de 40 ans, Bintou Ouattara occupe le poste d’assistante personnelle de Simone Gbagbo. <«<Je gère son agenda», résume–t–elle modestement. En réalité, son rôle va au–delà. Coordonnatrice chargée de la promotion des valeurs au sein du Mouvement des générations capables (MGC), le parti fondé par sa tante en août 2022, elle est parvenue à se faire une place au sein de son dispositif politique.
<<< Simone Gbagbo est un modèle de combativité, d’abnégation, de foi et d’assurance », reprend–elle, toujours soucieuse de ne pas trop en dire sur cette tante qu’elle admire et veut protéger de la curiosité. Désormais, elle utilise d’ailleurs le patronyme d’Ehivet, même s’il a parfois été lourd à porter. En 2020, elle a été licenciée de son poste au Port autonome d’Abidjan – une décision injuste, selon elle. Saisie, l’inspection du travail lui donnera raison. << Serait–ce un crime d’être la nièce de Simone Ehivet Gbagbo ?» s’insurge–t–elle à l’époque.
Un acteur économique engagé pour le développement de la RD Congo
Fervente chrétienne
Se verrait–elle un jour reprendre le flambeau ?«< Je ne prétends à rien. Ce n’est pas comme cela que ça fonctionne. C’est Simone Gbagbo qui décide et qui nomme. » Bintou Ehivet Ouattara s’applique néanmoins à se faire une place sur l’échiquier politique local. Adjointe au maire de Cocody, elle cultive une certaine proximité avec Jean-Marc Yacé, édile de la commune et membre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), devant lequel elle s’est récemment mariée. Avec le MGC, <<<nous l’accompagnons dans tout ce qu’il fait>>.
Fervente chrétienne, la jeune femme fréquente la même église que Simone Gbagbo, l’Église la Majestueuse, dirigée par le pasteur Kassi Désiré Amouzou – c’est lui
qui a célébré son mariage religieux. Sa foi qui, elle en est convaincue, lui permet de naviguer dans les eaux troubles de la politique ivoirienne.
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À l’approche de la présidentielle de 2025, Bintou Ehivet
Ouattara veut se faire l’écho de l’appel à l’union de l’opposition lancé par sa tante. << On ne peut pas y aller seul, il faut faire bloc pour les élections », martèle–t–elle. Elle dit aussi vouloir «<bâtir une grande nation ivoirienne, réconciliée et forte >>.
Malheur de Bintou Ouattara
Les dessous du licenciement de Bintou Ouattara, nièce de Mme Gbagbo
Jean Moliere. Source JA
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