Plus d’un an après avoir quitté Bamako, Ouagadougou et Niamey, la compagnie française est parvenue à limiter l’impact de ce triple retrait sur son chiffre d’affaires. Mais n’en continue pas moins d’espérer un retour en grâce.
Depuis le 7 août 2023, les vols d’Air France n’ont plus le droit d’atterrir au Niger, au Mali et au Burkina Faso. © François LAFITE/Divergence
Des avions moins nombreux mais mieux remplis, une gestion évolutive des tarifs, avec une politique assumée de faire monter les enchères sur les réservations tardives, et
le développement fort de la low cost Transavia: telles sont les recettes qui ont permis au groupe Air France–KLM de limiter la casse, un an après son départ de Bamako, Ouagadougou et Niamey.
Selon ses résultats du 3o trimestre, rendus publics ce jeudi 7 novembre, le chiffre d’affaires du groupe sur les destinations d’Afrique et du Moyen–Orient n’est en repli que de 1,5 %, à 2,6 milliards d’euros. Il est même assez largement supérieur (+11,4 %) aux chiffres de 2022, qui actaient eux–mêmes d’une progression sur la zone, malgré le contexte post–Covid.
Chiffre d’affaires du groupe Air France–KLM sur ses destinations Afrique subsaharienne et Moyen- Orient Air France-
Total
KLM Transavia
groupe
Évolution
2019 (3e
2 152
95
2247
T.)
2022 (3e T.)
2 196
106
2 302
2,45%
2023 (3e T.)
2448
156
2 604
13,12%
2024 (
2 399
166
2 565
-1,50%
(3e T.)
En termes de passagers, le repli est en revanche plus conséquent : près de 30 000 voyageurs manquent à l’appel par rapport au troisième trimestre 2023, pourtant
déjà en partie affecté par la cessation des vols vers le
Sahel, effective depuis le 7 août 2023. Au dernier trimestre de 2023, le coût de ces arrêts, couplés à la guerre naissante au Moyen–Orient, avait été évalué à au
moins 65 millions d’euros.
Simple << suspension >>
Mais le groupe s’est redéployé, surfant notamment sur la multiplication des routes de Transavia à destination du Cap–Vert et du Sénégal, l’ouverture de la ligne d’Air
France vers l’aéroport du Kilimandjaro et un meilleur remplissage des lignes restantes. Un effort que la compagnie française, qui vient d’acter son départ du
Ghana, compte poursuivre au 4e trimestre 2024.
Vers l’Afrique subsaharienne, moins de passagers, mais des avions mieux remplis
Passagers transportés (en milliers)
1.200
1100
1000
2022 (3e T.)
Coefficients d’occupation
90%
88
86
2022 (3e T.)
Source: Groupe Air France–KLM
2023 (3e T.)
2024 (3e T.)
2023 (3e T.)
2024 (3e T.)
jeune afrique
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Pour autant, Air France est loin d’avoir tiré un trait sur un éventuel retour au Sahel, en particulier à Bamako, de loin
la plus forte des trois destinations (10 000 sièges offerts en août 2022, contre 4 000 en moyenne pour Ouagadougou et pour Niamey, selon le fournisseur de données aériennes OAG).
Frappées d’une simple << suspension »>, ces destinations restent présentes dans les systèmes de la compagnie qui << ajuste >> son programme de vols << de période en période », explique la compagnie, contactée par Jeune Afrique. Rien ne semble néanmoins présager une évolution positive de la situation avant plusieurs mois.
Des pays sous la vigilance du Quai d’Orsay
En octobre 2023, Air France avait bien tenté de relancer
sa ligne vers le Mali, après deux mois de suspension. Une tentative aussitôt contrecarrée par le pouvoir en place, qui a refusé d’agréer le retour de la compagnie française, comme le lui permet le droit international. Quant au Niger, il va même plus loin puisqu’il interdit même à Air
France – et à toute autre compagnie française – le survol de son espace aérien. Celui–ci reste cependant possible pour KLM, la branche néerlandaise du groupe.
Mali, Niger, Burkina: pour Air France, la fin de l’âge d’or
Outre le contexte de crispation générale des relations
entre Paris et les trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), ceux–ci n’ont pas accepté la décision d’Air France – qualifiée de «<brusque » et «< unilatérale » – de cesser ses liaisons du jour au lendemain, après que le ministère français des Affaires étrangères a décidé de placer ces pays en vigilance rouge (« zones formellement déconseillées >>).
Depuis, si les recommandations n’ont pas varié pour le
Burkina Faso et le Niger, la ville de Bamako a été repassée à l’orange (<< déconseillée sauf raison impérative >>) par le Quai d’Orsay en mai dernier. Une classification qu’elle a conservée en dépit des attaques qui ont visé l’école de gendarmerie de Faladié et le camp militaire de Senou, dans la capitale malienne, le 17 septembre dernier. Le reste du territoire reste quant à lui dans le rouge.
Jean Moliere Source JA
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