Devenir député au Sénégal, ce n’est pas faire partie d’un décor.
Ce n’est pas occuper un fauteuil, lever la main, se lever, s’asseoir, applaudir quand on vous le demande.
Ce n’est pas non plus devenir un influenceur en costume taillé, armé de déclarations creuses et de “breaking news” inutiles.
Un député efficace, c’est celui qui refuse de jouer dans le théâtre politique où trop de citoyens sont relégués au rang de figurants.
1. Apprendre la Constitution avant de l’invoquer comme un talisman
On ne représente pas le peuple avec des slogans.
Un député qui ne maîtrise pas la Constitution, le Règlement intérieur et la procédure législative, c’est comme un chauffeur de car rapide qui ne connaît pas le frein.
Ici, l’efficacité commence par une vérité simple :
On ne défend pas la République si on ne sait pas comment elle fonctionne.
2. Faire des lois, pas des scènes
Un député efficace :
Dépose des propositions de loi réfléchies.
Amende les textes au lieu d’amender sa loyauté.
Lit les rapports, pas seulement les discours de son camp.
Légiférer, ce n’est pas faire du bruit.
C’est produire des règles qui tiennent debout quand la tempête souffle.
3. Contrôler l’exécutif sans trembler
Beaucoup oublient que le député n’est pas un porte-parole du gouvernement, mais son contre-pouvoir.
Contrôler, ce n’est pas insulter.
Mais ce n’est pas non plus applaudir.
Un député efficace questionne, exige, fouille, scrute, analyse.
Il utilise les questions écrites, les auditions, les missions d’information.
Il n’a pas peur des ministres :
Le ministre lui doit la vérité, pas l’inverse.
4. Représenter le peuple, pas une clientèle
Être député, ce n’est pas distribuer des t-shirts, des sacs de riz ou des photos sur WhatsApp.
C’est écouter, consulter, expliquer, rendre compte.
C’est sortir du schéma “vote-moi et je reviens dans cinq ans”.
Le député efficace ne visite pas son département comme un touriste politique.
Il y retourne comme un serviteur investi d’un mandat sacré.
5. L’éthique comme arme de résistance
Un député qui n’a pas d’éthique est un danger public.
La corruption, les deals obscurs, le clientélisme : voilà ce qui tord les institutions.
Un député utile refuse les raccourcis, les enveloppes, les ordres souterrains.
Son seul camp : le Sénégal.
Sa seule boussole : l’intérêt général.
6. La parole responsable, pas l’agitation permanente
Un député ne doit ni hurler pour exister, ni s’évanouir dans le silence.
La parole parlementaire est un outil de transformation, pas un instrument de buzz.
Un député efficace parle quand il le faut, et surtout avec des faits.
Il dérange par la vérité, pas par la provocation.
7. Travailler en commission : là où le vrai Parlement se cache
Les grandes décisions ne se prennent pas sur les réseaux sociaux.
Elles se préparent en commission, là où :
On dissèque les textes,
On discute sérieusement,
On construit des compromis utiles.
Un député absent en commission est un député inutile en plénière.
8. S’armer d’une vision : sinon on bricole
Sans vision, un député devient un commentateur politique mal inspiré.
Avec une vision, il devient un bâtisseur.
La question n’est pas seulement : “Que dois-je dire ?”
Mais : “Quel Sénégal dois-je préparer pour les 20 ans qui viennent ?”
Le député efficace est une espèce rare, mais indispensable
Un député efficace n’est ni figurant ni bruyant.
Il est lucide, travailleur, courageux, structuré, insoumis aux manipulations, et fidèle au peuple.
Le jour où l’Assemblée comptera plus de députés efficaces que de spectateurs,
le Sénégal prendra un tournant historique :
celui d’une République où ce que tu sais compte plus que qui tu connais.

Alioune Cheikh Anta Sankara Ndiaye
Expert en développement international
Ecrivain de la transformation
« Il faut travailler,encore travailler,toujours travailler »

Leave feedback about this