La présidence équato–guinéenne n‘a toujours pas répondu à la demande d‘accréditation du nouvel ambassadeur de l‘UE à Malabo. Dans le même temps, les capitales européennes ferment une à une leurs ambassades dans le pays. Seules la France et l‘Espagne, malgré les pressions, y ont encore une représentation sur place.
Le président équato–guinéen Teodoro Obiang Nguema. © Christophe Morin/IP3 Press/MaxPPP
Le fossé semble inexorablement se creuser entre la Guinée équatoriale et les Etats de l‘Union européenne (UE). Dernier exemple en date : la demande d‘accréditation – en grande souffrance – du nouvel ambassadeur de l‘UE auprès de Malabo, Philippe Van Damme. Installé à Yaoundé depuis le mois de mai, le diplomate belge n‘a toujours pas reçu de réponse à sa requête pourtant déposée dès le mois d‘avril auprès des autorités équato–guinéennes. Elle serait toujours en cours de traitement par le cabinet du ministre des affaires étrangères, Simeon Oyono Esono Angue.
Une situation qui laisse perplexe à Bruxelles quant aux raisons supposées de cette « lenteur administrative« , alors que le nouvel ambassadeur souhaite pouvoir se rendre à Malabo dans le cadre de ses fonctions. Elle s‘inscrit par ailleurs dans un contexte orageux né il y a déjà plusieurs années dans le cadre des négociations sur l‘accord de Cotonou.
Berlin ferme son ambassade
Preuve supplémentaire de la désaffection plus générale des capitales européennes à l‘endroit de Malabo : l‘Allemagne a fermé le 30 juin son ambassade dans le pays après seulement une décennie d‘existence. Comme les Pays–Bas, le Royaume–Uni et le Portugal, c‘est désormais depuis son ambassade à Yaoundé, dirigée par Corinna Fricke, que la diplomatie allemande entend rayonner sur la Guinée équatoriale.
Officiellement, la décision s‘inscrit dans une « reconfiguration » des représentations diplomatiques allemandes sur le continent africain qui doit notamment voir l‘ouverture prochaine d‘un consulat allemand à Douala. Mais, en coulisses, la Guinée équatoriale ne constitue plus un axe stratégique pour Berlin dans la région.
Coup de froid avec Paris
Seuls deux pays membres de l‘UE y maintiennent à ce jour une chancellerie diplomatique : la France et l‘Espagne. Mais la relation entre Malabo et Paris est, elle aussi, particulièrement mouvementée et vit au rythme des procès dits des « biens mal acquis« , visant le vice–président et ministre de la défense, Teodorin Obiang Nguema. La condamnation en appel début 2020 du fils aîné du chef de l’Etat équato–guinéen Teodoro Obiang Nguema à trois ans de prison avec sursis pour « détournement de fonds publics » est ainsi venue mettre encore un peu plus à mal les relations entre les deux capitales.
Depuis, l‘ambassadeur équato–guinéen à Paris, Miguel Oyono Ndong Mifumu, n‘a cessé d‘agiter devant ses interlocuteurs français le chiffon rouge d‘une rupture des relations diplomatiques – avec fermeture de la chancellerie – sans que la menace n‘ait été pour le moment suivie d‘effet.
En avril dernier, l‘ambassadeur français à Malabo, Olivier Brochenin, avait été convoqué par la présidence équato–guinéenne à la suite des recommandations de l‘avocate générale à la Cour de cassation de rejeter le recours formulé par la défense de Teodorin Obiang. La décision dans ce dossier est attendue à la fin du mois de juillet.
Tensions avec Madrid
Avec Madrid, les intrigues judiciaires ont, elles aussi, rythmé les relations entre les deux capitales : entre décembre et mars, deux mandats d‘arrêt ont ainsi été émis par la justice espagnole à l‘encontre de Candido Nsue Okomo, le frère de la puissante première dame, Constancia Mangue Nsue Obiang, en exil à Dubai. Les juges espagnols veulent l‘entendre dans l’affaire du commissaire espagnol José Manuel Villarejo. Ce dernier a reçu plusieurs millions de dollars de la part d‘Okomo en 2013, alors qu‘il était encore en fonction. L‘émission des mandats d‘arrêt a conduit à la convocation au printemps de l‘ambassadeur espagnol à Malabo, Alfonso Barnuevo, par le ministre des affaires étrangères équato–guinéen (AI du 07/04/21).
AI