Beaucoup dans l’opinion et parmi les ministres avaient douté du départ de certains ministres du gouvernement Klassou. Certains, face à leur omniprésence sur les réseaux sociaux et dans les médias ne croyaient pas que le Président Faure Gnassingbé allait se débarrasser d’eux de façon aussi brutale. Ils n’ont pas entendu leurs noms à la nomination des ministres. D’après les informations recueillies auprès des sources crédibles, ces ministres ont manqué de délicatesse et de rigueur dans la gestion de leurs portefeuilles. Les scandales n’ont pas manqué dans ce passage au gouvernement. Ils sont mis à côté, pour mieux s’assagir.
Noel Koutéra Bataka était devenu plus royaliste que le roi. Le désormais ancien ministre de l’agriculture a vite oublié d’où il était venu et là où il allait. Le pouvoir et l’argent lui ont monté à la tête au point ou, le jeune ministre dont le président avait remarqué des compétences et l’avait sorti d’une situation d’injustice de secrétaire général du ministère s’est mué en dragon dès sa prise de fonction. Raison pour laquelle son départ du gouvernement a suscité joie et allégresse au sein du secteur agricole, avicole et piscicole.
Le jeune ministre a transformé son département en entreprise personnelle ou il a fait régner un climat de domination et de mépris à l’endroit des producteurs et des partenaires du secteur. La goutte d’eau qui a débordé le vase est l’un des décaissements hasardeux. Celui de deux milliards de FCFA obtenu le même jour auprès du Directeur Général de la nouvelle Société Cotonnière du Togo.
Interrogé, il a tenté de justifier le décaissement d’une aussi colossale somme d’argent sans faire recours à une procédure légale de l’orthodoxie financière. Ni le chef de l’Etat, ni le ministre des finances, ni le trésor n’ont été informés de cette opération qui a été un signe avant-coureur de sa déchéance.
Par ailleurs, on annonce que l’interdiction des produits congelés par la méthode militaire n’était pas une décision de bonne intention. C’était simplement et purement du business avec certains producteurs avec qui il a fait des deals de dividendes et de commissions.
Poulets et poissons congelés, et bientôt les engrais étaient de l’escarcelle de son commerce privé.
Au-delà de ces scandales, il est reproché au ministre Bataka un excès de comportements déplacés vis-à-vis de ses interlocuteurs. Partenaires agricoles, opérateurs et acteurs du secteur ont témoigné de l’arrogance, du mépris et de manque de respect dans ses relations. Se présentant comme indispensable, n’ayant de compte à rendre personne que le Chef de l’Etat. Pour maquiller ce malaise qu’il crée quotidiennement chez les acteurs de l’agriculture, il se met en vedette sur les médias et réseaux sociaux comme étant le seul ministre dévoué et travailleur.
Chez Noel Bataka, ou bien c’est la naïveté ou bien c’est l’immaturité. La sagesse d’après un collaborateur du Président lui a manqué. Cela s’appelle de l’indélicatesse. C’est pourquoi il est chassé du gouvernement pour mieux apprendre les règles de la morale et de la gestion d’un bien public qu’il est appelé à gérer.
Le Ministre des mines et de l’énergie a failli. Si le Chef de l’Etat a décidé de rattacher ce ministère à la Présidence, cela veut dire que les dégâts sont énormes. De tous les ministères qui ont officié dans le gouvernement Klassou, c’est celui des mines et de l’énergie qui a été secoué par des scandales de gouvernance et de gestion. Marc Ably Bidamon, avec son expérience d’ancien Directeur d’aussi importantes boîtes comme Togocel et les Douanes ne devraient pas manquer d’attention et de rigueur dans la gestion de ce ministère stratégique qui a connu des moments difficiles et qui continue de trainer les séquelles de la mauvaise gestion. La CEET a été clouée au pilori. Conflits dans les ressources humaines, malversations avec soupçon d’implication du Ministre, gestion hasardeuse. Le DG a été finalement limogé. Ce serait illogique de diriger un portefeuille où les directeurs sont limogés et s’attendre soi-même à être reconduit. Le Président Faure Gnassingbé est sans doute resté dans cette logique en mettant fin aux fonctions de Marc Bidamon, qui d’après nos informations a joué aussi un rôle trouble dans la gestion de l’élection présidentielle de 2020 qui a couté cher, très cher au parti au pouvoir.
Si ce n’est de l’amateurisme dans le cas de Marc Bidamon, c’est une volonté manifeste de saboter la confiance à lui faite. Mais dans les deux cas, c’est de l’indélicatesse. Il préfère sans doute aller se reposer à la maison comme il y a quelques années quand il quittait la douane dans un bras de fer avec le Ministre Ayassor.
Le troisième mousquetaire chassé du gouvernement se trouve être le ministre de la culture, du tourisme et des loisirs. Lui, a multiplié ce qu’il convient d’appeler des bourdes lors de son passage au gouvernement. D’abord sur ce qui concerne son portefeuille, il n y a eu aucune innovation ni en culture, ni en loisirs, ni en tourisme. Le seul souvenir que les opérateurs hôteliers gardent de lui constitue les incessantes réservations pour ses propres loisirs et ceux de ses amis. Sûrement qu’il va jeter la responsabilité de son incapacité sur la pandémie du coronavirus mais avant cela la culture est restée en berne.
Les artistes togolais gardent un mauvais souvenir de l’homme à son passage. C’est lui qui avait créé le tollé face aux revendications des artistes en leur demandant de se reconvertir dans d’autres métiers, notamment l’agriculture. Il a osé leur demander d’apporter des projets dans ce sens c’est-à-dire, qu’ils cessent de mener leur activité d’artistes pour faire autre chose. Cette humiliation des artistes serait remontée au Chef de l’Etat qui n’a pas compris pourquoi, un serviteur de l’Etat peut aussi mal traiter ses partenaires du secteur pour lesquels il a été nommé. Egbetonyo Kossivi s’en est allé, la queue entre les pattes. Chassé du gouvernement non pas seulement pour manquement professionnel précité mais aussi pour avoir fait le buzz sur les réseaux sociaux créant des accidents au volant de sa voiture dans un état d’ivresse. Cela a déshonoré le titre de ministre et désavoué le gouvernement tout entier.
Pour le cas de Egbétonyo Kossivi, si ce n’est de l’insouciance, on pourrait l’appeler du manque de respect pour le titre du ministre, mais dans tous les cas, c’est de l’indélicatesse. Il est chassé du gouvernement et va poursuivre ses déboires en ville plus libre en citoyen ordinaire pour continuer à se saouler la gueule sans se faire remarquer.
Carlos KETOHOU