1 mai 2024
Paris - France
SPORT

Séisme à l’UEFA: le footbusiness prend ses marques via l’European Super League ?

C’est un véritable tremblement de terre qui en train de s’opérer ces derniers heures dans le monde du football européen et mondiale. Entre l’Union des associations européennes de football (UEFA) et les gros clubs de foot européens, la guerre est déclarée. Malgré les avertissements répétés de l’UEFA et les mises en garde de Gianni Infantino, président de la FIFA, l’instance suprême du football mondial, le gotha des grosses écuries du football européen des clubs ont décidé de passer outre et de faire scission pour créer une ligue dissidente baptisée l’European Super League (la Super League Européenne) pour rivaliser avec la traditionnelle et historique champions league (C1) organisée chaque année par l’UEFA. Les gros enjeux financiers en ligne de mire convoités par les grands clubs des top championnats européens risquent finalement de provoquer une onde de choc qui va fragiliser l’UEFA et chambouler toutes les compétitions footballistiques au niveau international avec des conséquences économiques désastreuses.

Ces cadors du football européen qui ont écrit pour la plupart leurs lettres de noblesse grâce à la vieille et historique Champions league, la plus belle des compétitions qui a fait vibrer depuis 1955 des centaines de milliers de fans à travers le monde veulent cracher désormais dans la soupe pour des questions d’avidité pécuniaires. Ils en sont arrivés à la conclusion qu’il leur fallait encore plus de rentabilité et de bénéfice, ce que la C1 ne les offre plus ou pas assez à leurs yeux. Ils en veulent plus quitte, à sacrifier les valeurs de ce sport telles que le partage, la solidarité, l’humilité, etc…Ils ont donc décidé ce dimanche 18 avril 2021, comme cela était pressenti, d’annoncer la création d’une European Super league composée de 12 grands clubs, soit par le pouvoir financier ou le palmarès. Chaque club participant touchera le pactole de 355 millions d’euros et plus pour le vainqueur avec une prime d’adhésion de 425 millions USD selon le New York Times. La Super league sera une compétition fermée à 20 équipes avec 2 groupes de 10 équipes. Les 4 premiers de chaque groupe s’affronteront en quart de finale. Quinze (15) clubs permanents et 5 clubs qui devront se qualifier chaque année avec des matchs qui auront lieu en milieu de semaine. Une sorte de champions league bis avec seulement de grosses écuries qui n’ont pas besoin de disputer des matchs de qualification. Ils ont la garantie de disputer chaque année la compétition contrairement à la C1 où il faut être bien positionné en championnat pour accrocher une place qualificative. Un concept excluant de fait la participation des équipes moyennes des championnats qui font la magie de la C1. Le Paris Saint Germain (PSGn France) et le Bayern Munich (Allemagne) ont décliné la proposition d’intégrer cette Super League. En somme, la rentabilité sera désormais la seule priorité. C’est à croire que le football est devenu (officiellement) une entreprise quelconque où seul le profit compte. Le football business n’aura jamais mieux porté son nom que maintenant car il est à son apogée.

L’UEFA a aussitôt vigoureusement réagi en maintenant sa menace contre tous les clubs ou joueurs qui participeront à ce projet de Super League. “Chaque club et joueur participant à la Super League sera banni de toutes les compétitions de l’UEFA et de la FIFA, au niveau européen ou international”, a annoncé dimanche soir l’UEFA. “Les joueurs qui se hasardent à participer à cette super league s’exposent à une interdiction de représenter une sélection nationale (pour les compétitions FIFA et UEFA) tandis que que pour les clubs concernés, ils seront tout simplement bannis des compétitions européennes et de leur championnat national”, précise un communiqué conjoint de l’UEFA et les fédérations de football des pays et des championnats concernés par la scission (Premier League, Liga, Serie A). La guerre est déclarée. L’épreuve de force est lancée entre L’UEFA et le gotha européen des clubs.

Dès les premières révélations du Sunday Times et du New York Times sur la scission des clubs et l’annonce imminente de la création de la Super League Européenne, l’UEFA avait pris les devants en annonçant la présentation prochaine de son projet de réforme de la champions league (C1) afin d’inviter les acteurs dans une sorte de main tendue aux grosses écuries européennes à s’assoir autour de la table et discuter afin de trouver un compromis, tout en réitérant ses menaces d’exclusion à l’encontre de tous les clubs frondeurs qui seraient tentés par l’aventure de la Super league. Ces derniers n’étaient visiblement pas intéressés. Ils ont finalement officialisé dans la soirée de ce dimanche la création de la Super League à la stupeur générale. Un jour triste pour le monde du football qui est sous le choc et la consternation.

Si l’UEFA met sa menace à exécution, elle devrait annoncer dans les prochaines heures ou jours la suspension de la champions league (C1), la league l’Europa  (C3), les deux compétitions sous sa responsabilité et auxquelles participent les équipes qui ont fait défection ainsi que le bannissement des équipes ou joueurs concernés par l’adhésion à la Super league même si ces équipes sont qualifiées pour le dernier carré de ses compétitions. Pour la C1 notamment, il s’agit du Real Madrid, Chelsea, Manchester City avec une probabilité de voir le Paris saint Germain (PSG) gagner la champions league sur tapis vert. Le monde du football retient son souffle.

Une confrontation aux allures de David contre Goliath

Le groupe dissident de Clubs de la Super league pourra- t-il tenir tête à la puissante association européenne de football soutenue totalement par la FIFA, ses confédérations et toutes les fédérations à travers le monde ? Les joueurs de ces clubs concernés vont-ils risquer leurs carrières internationales avec leur pays pour satisfaire aveuglément l’avidité vorace d’un groupe de dirigeants de clubs promoteurs du football business pure et dure. Rien n’est moins sûr. Certes, l’UEFA tient sa force en partie des gros clubs mais sa capacité de nuisance, son influence ainsi que sa mainmise sur le football européen seront difficilement remises en cause même face à la puissance financière des clubs en scission car derrière L’UEFA,c’est d’abord les fédérations, les États européens (même si ceux-ci n’interfèrent pas dans la gestion du football, leur soutien politique est déterminant) et la FIFA qui sur le plan financier et de l’influence ne peuvent que se plier et rentrer dans le rang, s’assoir autour d’une table et poser des conditions afin de parvenir à un accord pour éviter un chamboulement footballistique global.

Si le projet de Super League persiste, la C1 dans sa version originelle en sera affectée mais elle se relèvera plus compétitive, plus ouverte et plus belle qu’elle ne l’a jamais été. Un spectacle de football comme on aime, des compétitions ouvertes et la possibilité à d’autres clubs européens non connus de s’affirmer, d’écrire à leur tour leur propre histoire et les milliers de fans du football plaisir seront là plus motivés que jamais pour soutenir et vibrer au rythme de cette compétition historique et légendaire qu’est la champions league.

Peut-être bien qu’on en arrivera pas là et que les choses vont rentrer dans l’ordre grâce aux fans des clubs frondeurs, aux joueurs et aux coachs qui vont refuser de s’associer à un projet de destruction du football et qu’ils pèseront de tout leur poids pour rappeler à l’ordre leurs dirigeants.

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