Quinze jours après sa nomination à Matignon, Michel Barnier a achevé la constitution de son équipe, qui devrait être composée de 38 membres de la droite et du centre. L’annonce officielle doit avoir lieu «avant dimanche».
Le Premier ministre Michel Barnier a pour objectif de présenter un gouvernement dans la journée de ce samedi, a appris franceinfo ce vendredi. Une liste de 38 ministres, dont 16 de plein exercice, a été transmise ce vendredi soir à Emmanuel Macron.
Deux semaines après sa nomination à Matignon, le Premier ministre Michel Barnier a « l’ambition de présenter un gouvernement dans la journée de ce samedi » annonce l’entourage du Premier ministre à franceinfo ce vendredi. L’architecture et la composition du gouvernement finalisées ont été transmises à l’Élysée ce vendredi, selon l’entourage du Premier ministre. « On touche au bout », avait indiqué Matignon plus tôt dans la journée.
Emmanuel Macron a appelé ce vendredi « tous les groupes politiques » à aider Michel Barnier « à former son gouvernement », en marge d’un déplacement à Chartes dans le cadre des Journées du Patrimoine. Il fait son « travail avec beaucoup d’engagement et pleine liberté », a-t-il déclaré. Les deux hommes devaient s’entretenir dans la soirée.
Jeudi soir, le Premier ministre a proposé un gouvernement au chef de l’État. Sur la liste proposée au président de la République, 38 ministres, dont 16 de plein exercice, a affirmé Gabriel Attal aux députés Ensemble pour la République, indique franceinfo. Parmi les 16 ministres de plein exercice proposés, sept sont macronistes, trois font partie des Républicains, deux du MoDem, un du parti Horizons, un de l’UDI, un est divers droite et un divers gauche.
Jeudi soir, les services du Premier ministre indiquaient qu’il fallait un peu de temps, « au regard des vérifications déontologiques habituelles« , en d’autres termes le feu vert de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) à la nomination des futurs ministres, dont la liste pouvait encore être modifiée, « affinée« .
Laurent Wauquiez a dit non à Bercy, Bruno Retailleau pressenti au ministère de l’Intérieur
Devant les députés de La Droite républicaine, Laurent Wauquiez a indiqué qu’il ne participera pas au gouvernement de Michel Barnier, a appris franceinfo. « Michel Barnier m’a proposé Bercy et j’ai donc décliné pour rester à la tête du groupe« , a-t-il indiqué aux députés de son groupe. « Depuis le début, j’ai dit qu’entrer au gouvernement n’était pas mon obsession. J’avais dit que j’irai uniquement si je pouvais être utile au ministère de l’Intérieur. » Le député de Haute-Loire souligne qu’il y a « beaucoup de points » sur lesquels sa famille politique « se retrouve« . « Mais on voit aussi qu’il y a une forte pression de la macronie, notamment sur l’immigration et la fin de vie. »
Selon Laurent Wauquiez, trois ministères de plein exercice seront incarnés par sa famille politique. Le patron des sénateurs Les Républicains, Bruno Retailleau, est pressenti à l’Intérieur. La députée Annie Genevard, secrétaire générale du parti, est proposée à l’Agriculture. Patrick Hetzel est envisagé pour l’Enseignement supérieur.
Laurence Garnier pressentie à la Famille, un profil contesté
En plus de ces trois ministères de plein exercice, Michel Barnier veut confier à son camp six autres portefeuilles, dont celui de la Laïcité au conseiller régional d’Île-de-France Othman Nasrou, l’Outre-mer au sénateur François-Noël Buffet, la Défense à Jean-Louis Thiériot, un ministère de la Famille à la sénatrice nantaise Laurence Garnier ou encore le Commerce extérieur à Sophie Primas. Concernant le nom de Laurence Garnier, « rien n’est atterri », a précisé Matignon ce vendredi à franceinfo. « Il y a eu des erreurs, des approximations » sur les noms qui sont sortis depuis jeudi, a précisé la même source à franceinfo. Le profil de la sénatrice, cassée très à droite, opposée au mariage pour tous et à l’inscription dans la Constitution de la liberté de recourir à l’avortement, a suscité de nombreuses oppositions.
Michel Barnier a également proposé deux noms issus des rangs du MoDem : Geneviève Darrieussecq à la Santé, et Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères, a appris franceinfo auprès de sources parlementaires MoDem.
« Un gouvernement prêt à agir au service des Français »
Le Premier ministre a présenté au chef de l’État « un gouvernement prêt à agir au service des Français » , indique Matignon dans un communiqué. Jeudi soir, les deux hommes ont eu un échange » constructif » d’une cinquantaine de minutes où le Premier ministre a présenté » l’architecture et la composition de son gouvernement qui respecte les équilibres » entre les différentes formations qui le constitueront, a indiqué Matignon.
Un peu plus tôt dans la journée, Michel Barnier avait convié les formations politiques susceptibles de participer à ce gouvernement . C’était « la dernière réunion « , avait précisé Matignon au service politique de franceinfo .
Pas « de hausse d’impôts sur les classes moyennes et les Français qui travaillent »
Le Premier ministre présentera sa déclaration de politique générale le 1er octobre, a également appris franceinfo auprès d’un participant à la réunion à Matignon. Cette déclaration sera construite « avec les présidents de groupe », autour de trois blocs : un sur « la préoccupation des Français », un sur « le régalien et la tranquillité » et le dernier sur « la dette et le budget ».
Michel Barnier a « clarifié sa ligne » sur l’immigration, qu’il définit avec les mots « rigueur et humanité ». Le Premier ministre a encore insisté sur la « maîtrise des dépenses » et promis qu’il ne ferait pas « de hausse d’impôts sur les classes moyennes et les Français qui travaillent », a indiqué Gabriel Attal à son groupe.
Enfin, le budget se construira à partir « des lettres plafonds envoyées cet été », a ajouté Gabriel Attal à son groupe parlementaire. L’entourage de Gabriel Attal salue « un changement d’attitude » de Michel Barnier à l’égard de l’ancien Premier ministre, selon un participant à la réunion des parlementaires Ensemble pour la République auprès de franceinfo.
Matignon a envoyé aux parlementaires des documents pour commencer à travailler sur le budget
Ces derniers jours, des tensions étaient apparues avec les macronistes, notamment sur la question des impôts . Les frictions étaient montées d’un cran mercredi avec une série de rendez-vous manqués entre Michel Barnier et le groupe des députés macronistes EPR (Ensemble pour la République).
Le Premier ministre avait expliqué avoir découvert une « situation budgétaire très grave » qui mérite « mieux que des petites phrases« . Et le temps presse, le calendrier ayant déjà été grandement retardé cette année par la dissolution et la nomination très tardive d’un Premier ministre. Les services du Premier ministre ont transmis ce jeudi aux commissions des Finances de l’Assemblée nationale et du Sénat un document de treize pages destiné à préparer le budget 2025, que réclamaient depuis des semaines le président LFI de la Commission des finances Éric Coquerel et le rapporteur du budget Liot Charles de Courson.
Jean Moliere source .AFP