22 octobre 2025
Paris - France
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Nos dirigeants : kleptocrates ou démocrates ? Quelle posture pour la transformation de notre cher Sénégal

Les chroniques de la participation citoyenne
Par Alioune Cheikh Anta Sankara Ndiaye, Expert en Développement International ,Ecrivain,Militant de la transformation nationale

“Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument.”
— Lord Acton
Le Sénégal, longtemps cité comme un modèle démocratique africain, se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Entre l’idéal républicain hérité des pères fondateurs et la réalité d’une gouvernance parfois entachée d’intérêts personnels, une question fondamentale s’impose : sommes-nous gouvernés par des démocrates ou par des kleptocrates ?
Cette interrogation n’est pas une accusation, mais un cri de lucidité dans un contexte où la confiance entre gouvernants et gouvernés s’érode. Elle renvoie à un dilemme moral et institutionnel : comment concilier le pouvoir et l’éthique, la légitimité politique et la probité personnelle ?
La démocratie sénégalaise : un modèle institutionnel, mais une éthique vacillante
Depuis l’indépendance, notre pays a su préserver une stabilité politique rare en Afrique. Les alternances démocratiques pacifiques de 2000 et de 2012, puis celle plus symbolique de 2024, témoignent d’une maturité politique. Mais si les urnes fonctionnent, la morale publique, elle, vacille.
Les institutions existent — Constitution, Assemblée nationale, Cour des comptes, OFNAC — mais leur efficacité dépend de la volonté des hommes et des femmes qui les incarnent. Une démocratie ne se résume pas à des élections régulières ; elle repose sur la transparence, la redevabilité et la vertu civique.
“Les institutions ne valent que par les hommes qui les font vivre.”
— Charles de Gaulle
Or, trop souvent, les logiques partisanes, les calculs électoraux et les réflexes de prédation viennent saper la confiance populaire. L’État devient alors un champ de rente et non un instrument de justice sociale.
La kleptocratie : quand la République devient propriété
La kleptocratie, ce mot fort, décrit un système où les dirigeants utilisent le pouvoir politique à des fins d’enrichissement personnel. Elle n’est pas seulement le détournement de fonds publics, mais le détournement du sens même de l’État.
Quand la gestion publique se transforme en stratégie d’accumulation privée, quand les nominations obéissent plus à la loyauté qu’à la compétence, quand la chose publique devient la chose d’un clan, alors la démocratie perd son âme.
“La corruption n’est pas seulement un crime économique, c’est un crime contre l’espérance.”
— Kofi Annan
Le Sénégal n’est pas une dictature, mais il peine encore à devenir une véritable démocratie de reddition des comptes. La société civile, les médias, et la jeunesse engagée jouent un rôle crucial pour rappeler que la République ne se gouverne pas comme une entreprise familiale.
Gouverner autrement : pour une éthique de la transformation
La transformation du Sénégal ne viendra ni d’un miracle économique ni d’une nouvelle Constitution, mais d’un renouveau moral et civique.
Refonder le leadership
Nos dirigeants doivent comprendre que gouverner, c’est servir. Le leadership politique doit se fonder sur la compétence, la sincérité et la proximité avec le peuple.
“Celui qui veut diriger les autres doit d’abord apprendre à se gouverner lui-même.” — Proverbe africain
Faire de la transparence une culture et non un slogan
Rendre publics les contrats pétroliers et gaziers, renforcer les organes de contrôle, instaurer la reddition de comptes à tous les niveaux : voilà les véritables fondements d’une gouvernance démocratique.
Responsabiliser le citoyen
Le peuple ne doit plus être spectateur de la gestion publique. La citoyenneté active, l’éducation civique et la vigilance sociale sont les garants d’un État intègre.
“Une démocratie se mesure moins au nombre de ses lois qu’à la qualité de ses citoyens.” — John Stuart Mill
La transformation par la vertu et la responsabilité
Le Sénégal regorge de talents, d’énergie et de créativité. Mais sans valeurs partagées, ces forces se dissipent. Pour reconstruire une République solide, il faut renouer avec nos fondements culturels : Jom (la dignité), Ngor (l’honneur), Kersa (la pudeur morale), Fitt (le courage).
Ces valeurs ancestrales, intégrées dans nos institutions modernes, peuvent donner naissance à une République de la Vertu — un État où le bien commun prime sur les intérêts particuliers, où l’éthique devient la norme et non l’exception.
“Ce n’est pas le vent qui manque au Sénégal, mais des voiles droites.”
— Alioune Ndiaye
Pour un nouveau contrat moral
L’avenir du Sénégal dépendra moins des ressources de son sous-sol que de la richesse morale de ses dirigeants et de son peuple. Le pétrole et le gaz peuvent alimenter nos usines, mais seule la vertu alimentera notre Nation.
Nous devons oser un nouveau contrat moral entre le peuple et ses dirigeants :
fondé sur la transparence et la justice ;
soutenu par une éducation civique et éthique renouvelée ;
consolidé par une gouvernance participative et inclusive.
“La politique, c’est d’abord une morale du service public.”
— Pierre Mendès France

La République de la dignité
Kleptocrates ou démocrates ? Le Sénégal ne peut plus se contenter d’alternances de personnes ; il a besoin d’une alternance de valeurs. La transformation commence par la cohérence entre le discours et l’acte, entre la promesse et le geste, entre le pouvoir et le devoir.
Le patriotisme véritable n’est pas un slogan, c’est un engagement quotidien pour l’intégrité, la transparence et la dignité.
“La grandeur d’une Nation ne se mesure pas à la richesse de ses dirigeants, mais à la droiture de ses institutions.”

— Alioune Ndiaye

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