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L’ex-président de l’Angola, José Eduardo dos Santos, est mort à 79 ans

L’ancien président angolais José Eduardo dos Santos est mort vendredi 8 juillet, à l’âge de 79 ans, dans la clinique de Barcelone où il était hospitalisé depuis un arrêt cardiaque le 23 juin, a annoncé le gouvernement sur sa page Facebook.

« Le gouvernement angolais rapporte avec un sentiment de grande douleur et de consternation le décès » de José Eduardo dos Santos, affirme ce court message, précisant que le décès de celui qui a dirigé le pays pendant 38 ans était intervenu en fin de matinée.

L’exécutif angolais « s’incline, avec le plus grand respect et la plus grande considération » sur cette figure historique qui, selon lui, a présidé « pendant de nombreuses années avec clarté et humanisme [au destin] de la nation angolaise, à des moments très difficiles », ajoute encore le communiqué.

Un deuil national de cinq jours a été décidé à partir de samedi pour honorer sa mémoire.

Une des filles de l’ancien président, Tchizé dos Santos, a annoncé souhaiter que le corps de son père soit soumis à une autopsie, « de crainte » que la dépouille de l’ex-chef d’État angolais ne soit transférée dans son pays d’origine.

Le placement de l’ancien président en soins intensifs, révélé par la presse, a mis au jour des tensions au sein de la famille, notamment entre l’épouse de dos Santos, Ana Paula, et au moins une de ses filles, Tchizé dos Santos, âgée de 44 ans.

Cette dernière a porté plainte début juillet à Barcelone et demandé qu’une enquête soit ouverte pour, entre autres, « tentative d’homicide présumée, non-assistance à personne en danger, lésions entraînées par une négligence grave », selon les deux cabinets d’avocats conseillant la fille de l’ex-président angolais. Selon l’un de ses avocats, elle estime que l’épouse de son père, Ana Paula, et le médecin personnel de l’ex-président sont responsables de la détérioration de son état de santé.

Une figure de l’Angola indépendant

José Eduardo dos Santos a dirigé l’Angola pendant 38 ans et utilisé la manne du pétrole pour enrichir sa famille, tandis que son pays restait l’un des plus pauvres de la planète.

L’ancien rebelle marxiste avait quitté le pouvoir en mai 2017 et son empreinte n’a pas survécu à son départ. Sa fille Isabel, surnommée la « princesse » et bombardée en 2016 à la tête de la compagnie pétrolière nationale Sonangol, est désormais traquée par les juges et fait face à une kyrielle d’enquêtes pour corruption. Et son fils Filomeno est en prison depuis 2019, tombé également pour corruption.

Lorsque José Eduardo dos Santos arrive au pouvoir en 1979, l’Angola connaît depuis quatre ans les affres de la guerre civile, à la suite de son indépendance du Portugal. Une longue et difficile guerre – quelque 500 000 morts en 27 ans – qu’il mène, avec le soutien de l’URSS et de Cuba, contre l’Unita de Jonas Savimbi, appuyé par le régime d’apartheid sud-africain et les États-Unis.

Point chaud de la guerre froide jusqu’au début des années 1990, la guerre civile en Angola ne s’achève formellement qu’en 2002, après la mort de Savimbi. Sonne alors l’heure du boom pétrolier. Dos Santos fait de l’Angola le premier producteur d’or noir d’Afrique – au coude à coude avec le Nigeria –, mais au seul bénéfice d’une infime partie de la population.

Rare en public, il maintient un contrôle total sur son parti, le Mouvement pour la libération de l’Angola (MPLA), qui lui vaut d’être constamment reconduit à la tête du pays dont il dirige gouvernement, armée, police et juges.

Sous son règne, les médias sont verrouillés et les rares flambées de contestation populaire matées. Hors de ses frontières, sa longévité lui a permis de s’imposer comme un pilier politique de la région, où il fut un puissant soutien du président congolais Joseph Kabila, son voisin.

38 ans au pouvoir

Dans un bidonville de la capitale, noyau de la lutte contre la puissance coloniale portugaise, José Eduardo dos Santos, fils de maçon, adhère en 1961 au MPLA mais ne fait qu’un bref passage dans la lutte armée.

Deux ans plus tard, il obtient une bourse pour étudier en Azerbaïdjan où il décroche un diplôme d’ingénieur et épouse une Soviétique, Tatiana Kukanova, la mère d’Isabel. Marié ensuite à Ana Paula, une ex-hôtesse de l’air de 18 ans sa cadette, il est père de plusieurs enfants.

Dans les années 1970, il poursuit son ascension politique en intégrant le Comité central du MPLA. Dauphin du premier président angolais Agostinho Neto, il devient son chef de la diplomatie à l’indépendance en 1975. À sa mort en 1979, il est investi chef de l’État par le parti, dont il prend la présidence.

Il n’a ensuite plus lâché le pouvoir au gré des scrutins et des changements de Constitution, sans jamais être directement élu.

En 1992, la présidentielle est annulée entre les deux tours après des accusations de fraude de son rival Jonas Savimbi. Une autre élection prévue en 2008 n’aura jamais lieu et la Constitution de 2010 lui permet d’être reconduit deux ans plus tard comme chef du MPLA, vainqueur des législatives.

La police réprime toute tentative de manifestation de masse. Ses adversaires politiques crient à la « dictature » ; lui s’en défend. « Nous sommes un pays démocratique. Nous avons plusieurs partis », souligne-t-il en 2013 dans un rare entretien à la presse.

« C’est un vrai despote, un faux démocrate », tranche le rappeur Adao Bunga « McLife », du Mouvement révolutionnaire pour l’Angola.

Amateur de musique et de poésie, « Zedu », comme il est surnommé, partage son temps entre le palais présidentiel d’un rose très colonial et une résidence dans le sud de Luanda.

En 2013, il confie à une chaîne de télévision brésilienne sa lassitude du pouvoir en qualifiant son règne de « trop long ». En décembre 2016, alors que la rumeur le dit atteint d’un cancer, il annonce son retrait. Il laisse comme promis sa place quelques mois plus tard à son dauphin, Joao Lourenço.

En 2013, il confie à une chaîne de télévision brésilienne sa lassitude du pouvoir en qualifiant son règne de « trop long ». En décembre 2016, alors que la rumeur le dit atteint d’un cancer, il annonce son retrait. Il laisse comme promis sa place quelques mois plus tard à son dauphin, Joao Lourenço.

Avec AFP/JM

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