22 octobre 2025
Paris - France
POLITIQUE

Les chroniques: Servir ou se servir : L’Afrique à l’épreuve de la politique comme  mission de service public

Les chroniques de la participation citoyenne 
En Afrique, la politique est souvent perçue non comme une mission de service public, mais comme une voie rapide vers les privilèges, l’impunité et l’enrichissement personnel. Cette conception dévoyée du pouvoir nuit profondément à la construction d’États justes, responsables et équitables. Il faudra encore du temps – et sans doute des ruptures profondes – pour que l’on comprenne enfin que faire de la politique, c’est d’abord et avant tout servir, non pas se servir.
Une confusion entre carrière et vocation
La politique ne devrait jamais être un métier. Elle est un sacerdoce, une charge que l’on assume avec dignité et responsabilité. Elle n’est ni un plan de carrière ni un refuge pour les ambitieux dénués de vision. Pourtant, nos réalités africaines montrent une classe politique dont une grande partie considère la fonction publique comme un capital personnel à rentabiliser. Dans cette logique, le pouvoir devient un moyen de dominer, non de transformer.
Mais une nation ne se développe pas sur la base de calculs personnels. Elle se bâtit sur le sacrifice, l’éthique, la rigueur et la volonté de servir sans attendre en retour. Là où il devrait y avoir des serviteurs du peuple, on trouve des entrepreneurs politiques avides de prestige, de marchés publics et d’immunités.
Le peuple trahi, la démocratie bafouée
Les promesses électorales sont souvent des pièges à espoir. Une fois au pouvoir, beaucoup oublient que leur légitimité repose sur un contrat moral avec le peuple. Ce peuple, trop souvent trahi, n’a que ses larmes, sa colère ou sa résignation pour toute réponse. Et pourtant, c’est lui qui construit, qui cultive, qui éduque, qui soigne — pendant que d’autres pillent au nom d’un pouvoir confisqué.
Comment s’étonner, dans ces conditions, de la montée du rejet, du cynisme, voire de la radicalisation ? Comment espérer restaurer la confiance si l’exercice du pouvoir n’est jamais sanctionné par le devoir de rendre des comptes ?
Repenser l’engagement : une urgence vitale
L’Afrique ne manque ni de ressources ni de talents. Elle manque cruellement de leaders intègres, d’hommes et de femmes prêts à se consacrer entièrement à la transformation de leur pays. Être au service de la nation devrait signifier porter les douleurs de son peuple, partager ses espoirs, l’écouter, et agir pour le bien commun, même au prix de renoncements personnels.
C’est cette philosophie de l’engagement que nous devons réhabiliter. Car au fond, chaque politique digne de ce nom devrait avoir cette interrogation permanente :. « Que dois-je faire pour mon peuple ? Et non : qu’attend mon peuple pour me récompenser ? »
Il est temps de sortir d’un système où l’ascension politique est synonyme de rente et de détachement des réalités. Il est temps de rompre avec l’idée que l’on accède au pouvoir pour jouir, et non pour œuvrer. Il est temps de restaurer la noblesse de la politique.
La vérité finira par triompher
L’histoire nous enseigne que les peuples finissent toujours par avoir raison de leurs fossoyeurs. Que les masques tombent, que les impostures s’effacent. L’Afrique avance, malgré tout, malgré eux. Une nouvelle génération se lève, lucide, exigeante, prête à inventer une autre façon de gouverner.
Mais cela ne se fera pas sans éveil des consciences. Ni sans courage. Car servir est plus difficile que régner. Et aimer son peuple est plus exigeant que le manipuler.
Servir ou se servir : voilà la question essentielle à poser à chaque prétendant au pouvoir. Et voilà l’étalon sur lequel nous devons juger tous ceux qui aspirent à gouverner.
Alioune Ndiaye Expert en développement international 
Écrivain Militant de la Transformation nationale

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