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Le décès de son leader Daviz Simango accélère la restructuration de l’opposition

Quelques jours avant l’annonce du décès de son charismatique président Daviz Simango en février, le parti d’opposition MDM préparait déjà de nouveaux statuts. Le parti cherche désormais ses nouveaux meneurs et les décisions se prennent en interne.

Au Mozambique, l’opposition fragilisée par les décès de ses dirigeants

Le décès cette semaine d’une de ses figures est un nouveau coup dur pour l’opposition au Mozambique, déjà affaiblie par la disparition il y a près de trois ans d’Afonso Dhlakama, le dirigeant emblématique du parti adversaire historique du pouvoir, le Renamo.

Lundi, Daviz Simango, fondateur du second parti d’opposition, le Mouvement démocratique du Mozambique (MDM), est mort à 57 ans d’une maladie dont la nature n’a pas été rendue publique.

En mai 2018, le premier opposant du pays, Afonso Dhlakamadu, à la tête de l’ancien mouvement rebelle de la Résistance nationale du Mozambique (Renamo), était mort soudainement d’une crise cardiaque

« L’opposition, déjà mourante, qui luttait contre le parti au pouvoir, le Frelimo, ce vieux mammouth, est dans un état qui a encore empiré », explique Domingos do Rosario, professeur en Sciences politiques à l’université Eduardo Mondlane de Maputo, après le décès de M. Simango.

« Le scénario est sombre », présage-t-il.

Car cet affaiblissement de l’opposition pourrait menacer désormais l’équilibre politique même du Mozambique, pays d’Afrique australe qui a réussi sa transition démocratique il y a près de 30 ans, à l’issue d’une longue et sanglante une guerre civile.

Après avoir lutté contre la puissance coloniale portugaise, le Front de libération du Mozambique (Frelimo) dirige le pays depuis son indépendance, il y a près d’un demi-siècle (1975).

Le régime communiste de parti unique mis en place après l’indépendance par le Frelimo a été violemment combattu par la Renamo, au cours d’une guerre civile qui a duré une quinzaine d’années et fait un million de morts, jusqu’à un accord de paix en 1992.

L’instauration alors du multipartisme politique, puis des élections multipartites deux ans plus tard, n’ont pas empêché le Frelimo de conserver depuis le pouvoir au Mozambique.

– « Parti unique » –

Le risque aujourd’hui, selon les spécialistes, est de voir le Mozambique désormais gouverné par un parti unique de fait, avec un Frelimo sans adversaire. Une menace pour l’Etat démocratique.

« La démocratie mozambicaine est de plus en plus affaiblie », met en garde le Pr Hilario Chacate qui enseigne les relations internationales à l’université Joaquim Chissano de Maputo.

Sur 40 partis existant au Mozambique, seuls trois siègent au Parlement, largement dominé par le parti au pouvoir avec 184 représentants, contre 60 pour la Renamo et seulement six pour le MDM.

Les experts craignent que ce dernier, jeune parti créé en 2009, ne disparaisse tout simplement avec son fondateur défunt.

« Le MDM n’était pas prêt à perdre son chef et Daviz Somango n’a pas préparé sa succession », explique M. Chacate. « Avec sa mort, je prédis un scénario similaire à celui de la Renamo »

Lors des dernières élections générales en 2019, des membres de la Renamo opposés au successeur de M. Dhlakama, Ossufo Momade, ont formé un groupe dissident, appelé « Junte militaire de la Renamo ».

Appelant leurs partisans à boycotter le scrutin, ils ont organisé des dizaines d’attaques meurtrières pendant la campagne. Et la Renamo « officielle » a perdu une trentaine de sièges au Parlement.

L’affaiblissement de l’opposition est « un sérieux problème pour la démocratie au Mozambique », souligne Domingos do Rosario.

L’ancien ministre de la Défense, Alberto Chipande, a déjà claironné dans une récente interview, que le Frelimo dirigera confortablement le Mozambique, pendant un siècle.

Un scenario qui n’a « jamais été aussi probable », estime le Pr do Rosario.                                                                                                   VOA

 

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