Selon les estimations à l’issue des élections législatives de ce dimanche en Italie, l’alliance des droites remporte les élections avec 43% des voix. Fratelli d’Italia, parti post-fasciste dirigé par Giorgia Meloni, obtient 26% des voix, et revendique la tête du prochain gouvernement.
Pour la première fois depuis 1945, un parti post-fasciste pourrait gouverner l’Italie. Après la Suède, l’extrême droite fait une nouvelle percée en Europe avec l’arrivée en tête des élections législatives de ce dimanche de Giorgia Meloni et de son parti, membre d’une coalition de droite qui remporte 43% des suffrages, selon les premières estimations.
Fratelli d’Italia en tête de la coalition des droites
Selon les estimations, Fratelli d’Italia (FDI) a recueilli 26% des voix, devenant ainsi le premier parti du pays, tandis que ses partenaires de coalition, la Ligue d’extrême droite de Matteo Salvini et le parti conservateur Forza Italia (FI) de Silvio Berlusconi, ont récolté respectivement 9% et 8% des votes. L’alliance des droites obtient donc 43% des voix, selon ces estimations. Le Parti démocrate d’Enrico Letta recueille moins de 20% des voix.
Si ces résultats se confirment, l’alliance de droite obtiendra donc la majorité absolue dans les deux chambres : le Sénat et la Chambre des députés. FdI et la Ligue remporteraient ensemble « le pourcentage le plus élevé de votes jamais enregistré par des partis d’extrême droite dans l’histoire de l’Europe occidentale de 1945 à aujourd’hui », a relevé le Centre italien d’Etudes électorales (CISE).
Le Mouvement 5 Etoiles (M5S, ex-antisystème) obtient entre 13,5 et 17,5% des voix, en chute par rapport à son score historique de plus de 30% en 2018.
« Nous gouvernerons pour tous les Italiens », affirme Giorgia Meloni
Giorgia Meloni revendique donc logiquement la tête du prochain gouvernement. « Nous gouvernerons pour tous les Italiens », a affirmé la patronne de l’extrême droite italienne. « Les Italiens ont envoyé un message clair en faveur d’un gouvernement de droite dirigé par Fratelli d’Italia », a-t-elle déclaré lors d’une brève allocution à la presse à Rome.
En pole position pour devenir la première femme cheffe de gouvernement, cette Romaine de 45 ans, qui jeune militante disait admirer Mussolini, est parvenue à dédiaboliser son image et rassembler sur son nom les peurs et les colères de millions d’Italiens face à la flambée des prix, le chômage, les menaces de récession ou l’incurie des services publics.
Immigration, Union européenne, famille
Avec ses deux alliés Matteo Salvini et Sylvio Berlusconi, elle promet des baisses d’impôt, le blocage des migrants traversant la Méditerranée, ainsi qu’une politique familiale ambitieuse pour relancer la natalité dans un pays vieillissant. Giorgia Meloni a prévenu Bruxelles qu’elle exigerait de revoir les termes de la relation de l’Italie avec l’UE : « La fête est finie, l’Italie va commencer à défendre ses intérêts nationaux », a-t-elle mis en garde. Elle réclame notamment une réforme du pacte de stabilité et la renégociation, pour tenir compte de l’inflation, de l’aide colossale de 190 milliards d’euros octroyée par ses partenaires européens à la troisième économie de la zone euro pour se relancer après la pandémie.
Les Européens s’alarment aussi des positions sur les questions de société de « La Meloni », comme on l’appelle en Italie, dont la devise est « Dieu, famille, patrie », et qui est proche du Premier ministre hongrois Vitkor Orban.
Ce séisme intervient deux semaines après celui qui, en Suède, a vu la victoire d’un bloc conservateur comprenant les Démocrates de Suède (SD), parti issu de la mouvance néonazie qui a réalisé une forte percée, devenant la première formation de droite du pays nordique. SD et FdI font partie du même groupe au Parlement européen.
Gouvernance difficile à venir
Quel que soit le gouvernement italien issu des élections, qui ne prendra ses fonctions qu’au plus tôt fin octobre, son chemin apparaît d’ores déjà semé d’embûches et sans grande marge de manoeuvre. Il devra notamment gérer la crise causée par l’inflation galopante, alors que l’Italie croule déjà sous une dette représentant 150% du PIB, le ratio le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce. Dans ce pays à l’instabilité gouvernementale chronique, les experts s’accordent déjà sur la courte espérance de vie de la coalition victorieuse, un mariage de raison entre trois alliés aux ambitions concurrentes.
Mme Meloni, sans expérience gouvernementale à part un passage éphémère au ministère de la jeunesse (2008-2011), aura fort à faire pour gérer ses encombrants alliés, bien plus expérimentés : Silvio Berlusconi a été plusieurs fois chef de gouvernement et Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur et vice-Premier ministre.
Dans le dossier ukrainien, l’Europe et les alliés de l’Italie, membre de l’Otan, scruteront également la répartition des portefeuilles entre les trois partis. Car si Giorgia Meloni est atlantiste et soutient les sanctions frappant Moscou, M. Salvini s’y oppose.
ici France bleue