Marie Tolno, alias Queen Rima, est une chanteuse et danseuse guinéenne, lauréate du prix découverte RFI 2025 à l’âge de 27 ans. Elle devient la deuxième femme guinéenne à remporter ce prix et la troisième chanteuse de son pays après Sia Tolno et Soul Bang’s.
La chanteuse guinéenne Queen Rima est la lauréate du Prix Découvertes RFI 2025. Le jury, présidé cette année par la chanteuse béninoise Angélique Kidjo, a délibéré lundi 17 février dans l’après-midi. Son choix s’est porté sur cette artiste qui s’illustre dans le registre dancehall et qui participait pour la troisième fois à la finale du Prix Découvertes RFI.
Originaire de Conakry, Marie Tolno s’intéresse à la musique dès son enfance et commence par chanter dans la chorale de son église à l’âge de sept ans.
Elle y ajoute, par la suite la dancehall et collabore avec plusieurs artistes sur scène ou dans des clips à l’instar de Singleton ou Djelika Babintou. Elle crée, quelques années après, son groupe de dance, Toxaï Girls et chante en plusieurs langues guinénnes comme le soussou et le pular, aussi en français et en anglais. En 2017, elle remporte le trophée de meilleure artiste dancehall au festival Simandou à N’zérékoré en Guinée. En avril 2018, elle est sacrée meilleure artiste féminine de la quatrième édition du festival Sahel hip-hop et musiques du monde à Niamey au Niger.
Elle figure parmi les finalistes au prix découverte RFI de 2022 et de 2023.
À travers ses chansons, elle dénonce les discriminations et injustices dont les femmes sont victimes aussi bien dans la société que dans la musique. En 2024, elle reçoit le trophée Marley Espoir à la 11ème édition des Marley d’Or au Burkina-Faso.
Le 17 février 2025, elle est déclarée vainqueur du prix découverte RFI 2025 par la présidente du jury, Angélique Kidjo.

Température, le made in Conakry dernier cri signé Queen Rima.
Queen Rima est artiste dance hall. À 25 ans, elle a plusieurs nominations de « Meilleure artiste » à son actif. Mais son vrai baromètre, c’est l’engouement pour ses titres du public qui la suit et lui réclame un album.
Fin mars 2021, le morceau « Who nha nadakhi » sortait en avant première mondiale sur une radio européenne à l’occasion d’une interview sur le choix de Queen Rima de chanter en soussou, une des langues les plus parlées en Guinée avec le poular et le malinke.
Le 12 mars 2022, l’artiste indépendante a dévoilé les 5 titres d’un nouvel EP mis en écoute gratuitement sur les plateformes et un premier clip.
Queen Rima cultive l’espoir de pouvoir exprimer son style unique sur de belles scènes internationales tout en gardant à l’esprit que si elle a su se faire un nom et une place enviée dans le métier, c’est grâce à la jeunesse de son pays, parmi le riche vivier musical de Conakry dominé par des hommes.
Dans ce clip « Boss up » signé par le réalisateur Idyllique, Queen Rima détourne les clichés à son avantage sans jouer sur le superflu. Elle se met en scène en artiste guerrière sublimée par la beauté de corps masculins figés dans leur force et leur plastique musclée.
Ici la parole est femme, la parole frappe et dégage sa propre force, au naturel. Nul besoin d’artifice ou de grimer les codes usés d’héroïnes ultra féminines, ultra formatées.
Queen Rima incarne cette liberté assumée. Elle est la voix d’une génération qui peut se construire avec d’autres manières de penser son rapport à l’autre, à l’émancipation, à la création.
À ses débuts, quand Queen Rima à voulu passer du statut de danseuse à celui d’artiste dance hall, elle a choisi de s’accommoder de cet interdit tacite : scène réservée aux hommes. Un interdit souvent même explicite puisque nombreux ont espéré avoir gain de cause en décourageant la jeune femme d’aller au bout de son rêve.
Cependant, comme elle le dit en français dans « Boss up », c’est bien mal la connaître. Queen Rima est douée et vraiment faite pour l’énergie du dance hall. Elle a une signature vocale qui la place en pole position. Sa présence scénique est indéniable et ravit les foules.
Ce nouvel EP, Température vient encore une fois prouver qu’elle est aussi talentueuse que déterminée à donner le meilleur de son talent. « Avec Good vibes », le dernier titre de cette série, Conakry peut faire entrer Queen Rima au Panthéon des musiques urbaines africaines et s’afficher comme la capitale du flow dernier cri. Car Queen Rima est bien celle qui fait monter la fièvre en Guinée, 45 ans après le triomphe du disco et d’un tube mondial incontesté : « Saturday night fever ».
La troisième fois aura donc été la bonne pour Queen Rima (nom de scène de Marie Tolno), jeune chanteuse et danseuse guinéenne de 29 ans. Le Prix Découvertes RFI, elle le connait bien, car elle a été finaliste en 2022 et 2023.
Sa persévérance a donc fini par payer et cette détermination a pesé dans le choix du jury, tout comme la qualité de sa musique évidemment. Une musique qui allie les rythmes du dancehall à des influences folkloriques guinéennes.
Queen Rima est d’ailleurs l’une des pionnières du dancehall, style né dans les années 1970 et 1980 en Jamaïque avant d’être écouté et dansé à travers le monde.
La lauréate cette année sera Queen Rima, parce que sa détermination m’a vraiment touchée et ça faisait la troisième fois qu’elle se présentait, c’est-à-dire que vraiment, elle en veut, et j’ai aimé sa prestation aussi. J’ai aimé le fait que, en tant que jeune femme, elle fasse du dancehall. Et la façon dont elle s’est présentée, pour moi, c’est quelqu’un qui a une volonté, une détermination pour avoir une carrière. Et si on lui donne la chance d’avoir une carrière et qu’on l’entoure bien, elle peut avoir une longue carrière. Elle peut nous étonner. Elle peut faire beaucoup de choses avec sa voix. C’est pour ça que, à l’unanimité, avec les voix du public, on a voté pour Queen Rima. Mais les autres aussi sont bons.
La nouvelle lauréate se destinait au départ à la danse. Elle a ainsi accompagné de nombreux artistes guinéens sur scène ou dans leurs clips comme Singleton ou Djelika Babintou. Elle a monté ensuite son groupe de danse Toxaï Girls, avant de se consacrer, il y a dix ans, à la musique par la composition et l’écriture de textes.
Le style qu’elle a choisi n’est pas le plus simple à défendre, le dancehall étant traditionnellement dominé par les hommes. Dans son entourage, certains d’ailleurs ont cherché à la dissuader, mais sans succès fort heureusement. Elle n’a pas cédé et d’ailleurs l’un de ses clips (celui de la chanson « Boss up ») illustre bien le caractère bien trempé et déterminé de cette fille de militaire. On la voit retourner les clichés des rappeurs en figurant au milieu de quatre hommes torse nu et très musclés.
Queen Rima chante en langues guinéennes, en pular ou en soussou, mais aussi en anglais ou en français. Elle défend la cause des femmes dans une société toujours très patriarcale et dénonce les inégalités qu’elles subissent aussi bien dans la vie quotidienne que dans l’industrie musicale.
Jean Moliere
