10 décembre 2025
Paris - France
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Irak : un scrutin entre ingérences et désaveu populaire

Élections irakiennes du 11 novembre 2025 : continuité politique et défis internes dans un contexte de pressions internationales croissantes

Le 11 novembre dernier, les élections législatives irakiennes étaient censées ouvrir un nouveau chapitre, vingt ans après la chute de Saddam Hussein et dix ans après Daesh. Mais sur fond de corruption et de profonde défiance envers les élites, le scrutin a suscité peu d’espoir. Dans ce climat d’usure politique, le sort des minorités religieuses – notamment des chrétiens – s’efface plus que jamais du débat public.

Quelques semaines avant les élections, Mohammed Shia’ Al-Sudani, le Premier ministre irakien, a inauguré à Mossoul le complexe de la mosquée Al-Nouri, le couvent Al-Saa’a et l’église Al-Tahera. Ces monuments ont été dynamités par Daesh en 2017, alors que sa fin était proche. Ces projets de restauration du patrimoine, lancés en 2018, sont un symbole fort de reconstruction de la mémoire et du tissu communautaire déchiré par les récents conflits. Ils sont le symbole d’un Irak en reconstruction. La réhabilitation de ces lieux de culte est un espoir de stabilisation, à l’aube de ces élections pour le moins cruciales.

Malgré ces projets symboliques soutenus par la communauté internationale, les élections ont confirmé la profonde fracture qui s’est installée entre la population irakienne et la classe politique au pouvoir. Depuis les grandes mobilisations d’octobre 2019 et les répressions qui en ont suivi, une partie des citoyens témoigne d’un désaveu vis-à-vis du système politique dominé par les milices et des logiques clientélistes. Une part de la population rejette non seulement cette élite politique, incapable de répondre aux attentes de justice sociale et de sécurité, mais également cette démocratie jugée de façade. Le boycott du courant sadriste, mouvement politique et social populaire dans les milieux chiites, a accentué ce désengagement, privant le scrutin d’un pan important de l’électorat. Beaucoup sont convaincus que les résultats sont finalement dictés par des négociations opaques après la fermeture des urnes. Dans les faits, faute de majorité, de complexes et très longues négociations intrapartisanes décident du sort du Premier ministre. Cette année, le succès relatif du Premier ministre sortant (46 sièges sur 329) reflète finalement une continuité plus qu’une transformation majeure, et souligne une certaine confiance accordée à sa gestion pragma

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