Alors que l’armée israélienne prépare une action terrestre, précédée par une intensification des bombardements, l’Iran mobilise ses alliés et promet une riposte aux attaques contre la Palestine. L’État hébreu persiste et a informé l’ONU de l’ordre d’évacuer Gaza. Emmanuel Macron a quant à lui promis d’assurer la sécurité des Français et d’œuvrer pour les personnes retenues en otages.
Au sixième jour du conflit, avec plus de 2 700 morts dans les deux camps et plus de 423 000 personnes déplacées à Gaza selon les chiffres de l’ONU, la guerre entre Israël et le Hamas pourrait se révéler encore plus meurtrière à quelques heures d’une offensive de Tsahal en territoire palestinien.
L’ONU a été informée par l’armée israélienne d’un ordre de « relocalisation » de quelque 1,1 million d’habitants du nord de la bande de Gaza vers le sud dans les 24 heures, a indiqué jeudi 12 octobre 2023 le porte-parole du secrétaire général de l’organisation, réclamant que cet ordre soit annulé.
Les responsables onusiens à Gaza « ont été informés par leurs officiers de liaison de l’armée israélienne que la totalité de la population au nord de Wadi Gaza devait être relocalisée dans le Sud dans les 24 heures », soit environ 1,1 million de personnes, a indiqué Stéphane Dujarric, précisant qu’une évacuation d’une telle ampleur était « impossible sans provoquer des conséquences humanitaires dévastatrices ».
« Tout comme l’EI a été écrasé, le Hamas sera écrasé », avait affirmé la veille le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, laissant présager un assaut imminent contre le Hamas, qui détient toujours 150 otages.
« Nous serons toujours à vos côtés », a assuré le secrétaire d’État américain Antony Blinken.
Face à cette escalade, la France tente de garantir la sécurité de ses ressortissants, tandis que le soutien à Israël ne cesse de croître à travers le monde.
De son côté, l’ONU lance un appel d’urgence aux dons à hauteur de 294 millions de dollars pour venir en aide aux habitants de Gaza et de la Cisjordanie.
L’appel est destiné à apporter de l’aide à plus de 1,2 million d’habitants à Gaza et en Cisjordanie, a précisé le bureau des affaires humanitaires de l’ONU, soulignant que les organisations humanitaires n’avaient plus les ressources nécessaires pour « répondre de façon adéquate aux besoins des Palestiniens vulnérables ».
⦁ L’Iran met Israël en garde
Le ministre iranien des Affaires étrangères, dont le pays soutient le Hamas palestinien, a indiqué jeudi 12 octobre 2023 que l’ouverture d’un « nouveau front » contre Israël au Moyen-Orient serait conditionnée aux « actions » de l’État israélien dans la bande de Gaza, pilonnée par Israël.
L’Iran est au centre de toutes les attentions pour son soutien sans réserve au Hamas. Si Téhéran soutient de longue date le mouvement islamiste palestinien, les dirigeants iraniens affirment toutefois ne pas être impliqués dans l’attaque qu’il a lancé samedi contre Israël, ennemi juré de la République islamique.
Pour autant, les États-Unis craignent l’ouverture d’un second front au nord d’Israël à la frontière avec le Liban, si le Hezbollah, allié du Hamas et soutenu par l’Iran, décidait d’intervenir massivement.
« Les responsables de certains pays nous interrogent sur la possibilité d’ouvrir un nouveau front (contre Israël) dans la région », a déclaré Hossein Amir-Abdollahian, le chef de la diplomatie iranienne, lors d’un entretien à Bagdad avec Mohamed Chia al-Soudani, le Premier ministre de l’Irak, pays voisin et allié de l’Iran.
« Notre réponse claire concernant ces possibilités est que tout dépend des actions du régime sioniste à Gaza », a-t-il ajouté, selon un communiqué du ministère iranien des Affaires étrangères. « Même maintenant, les crimes d’Israël se poursuivent et personne dans la région ne nous demande la permission pour ouvrir de nouveaux fronts ».
Plus tard jeudi, M. Amir-Abdollahian est arrivé à Beyrouth, où il a été reçu par des représentants du Hezbollah et du Hamas, entre autres. Il doit s’entretenir vendredi avec des responsables libanais avant de se rendre à Damas. Il a répété que les alliés régionaux de l’Iran (Syrie, Hezbollah, Hamas et autres groupes), connus informellement sous le nom d’« Axe de la résistance », pourraient réagir en cas d’escalade de l’offensive israélienne à Gaza.
« La poursuite des crimes de guerre contre les Palestiniens et Gaza recevra une réponse du reste de l’axe », a-t-il déclaré aux journalistes.
⦁ Macron promet de « tout » faire pour sauver les otages
Emmanuel Macron s’est engagé jeudi 12 octobre 2023 dans une allocution solennelle à « tout mettre en œuvre » pour sauver les otages français, dont les familles l’ont « supplié » d’intervenir, invoquant l’unité de la Nation face aux tensions politiques et risque d’importation du conflit.
« Israël a connu samedi l’attaque terroriste la plus tragique de son histoire », a relevé le chef de l’État, le ton grave, dans cette adresse télévisée aux Français. « Des centaines de nourrissons, d’enfants, de femmes et d’hommes ont été pourchassées, enlevés, assassinés, pris en otage. Des massacres de kibboutz. Des villages entiers décimés ».
L’attaque du mouvement islamiste palestinien qui contrôle la bande de Gaza a fait plus de 1 200 morts, dont 13 Français selon un nouveau bilan. Dix-sept autres Français sont toujours « portés disparus », voire « retenus en otages », selon le président, qui a précisé à plusieurs interlocuteurs que quatre enfants faisaient partie des disparus et que des « canaux de négociations » avaient été instaurés par la France pour œuvrer à la libération.
Le parquet antiterroriste a ouvert une enquête sur les victimes françaises.
À Tel-Aviv, des familles françaises d’otages venaient de témoigner de leur détresse.
« Je supplie Emmanuel Macron de nous aider, c’est entre vos mains. Je veux récupérer ma sœur […] nous voulons des preuves que nos proches sont en vie », avait lancé Meitav Journo, sœur de Karin Journo, probablement enlevée, devant la presse.
« La France met tout en œuvre aux côtés des autorités israéliennes et avec nos partenaires pour les faire revenir sains et saufs », leur a répondu le président.
⦁ Appel à la vigilance des musulmans en France
Le Conseil français du culte musulman a publié un communiqué, relayé sur les différents réseaux sociaux, pour demander aux responsables religieux de ne pas exploiter la situation au Proche Orient.
« À la veille de la grande prière de vendredi et dans un contexte international et national extrêmement sensible après les terribles drames que traverse le Proche-Orient, le CFCM appelle les responsables des mosquées et les imams à redoubler de vigilance », indique le texte.
« À l’heure où les forces du chaos et de la division sont à l’œuvre, le CFCM fait pleinement confiance aux imams qui en tant que forces vives de la Nation et dans le cadre de la mission qui est la leur, sauront trouver des paroles d’apaisement ».
« Tout développement autour du conflit israélo-palestinien et toute tentative de mettre en exergue les responsabilités des uns et des autres, outre qu’ils n’ont pas leur place dans un moment solennel de prière, risquent d’être source d’incompréhension et de polémiques ».
⦁ Trump critiqué pour avoir qualifié le Hezbollah d’« intelligent »
Donald Trump a essuyé une pluie de critiques jeudi de la part du président américain Joe Biden et de certains de ses rivaux républicains pour avoir qualifié le Hezbollah, bête noire d’Israël et allié du Hamas, de « très intelligent ».
« Vous savez, le Hezbollah est très intelligent, ils sont tous très intelligents », a déclaré l’ancien président, candidat à la présidentielle de 2024, lors d’un meeting électoral mercredi soir en Floride.
Une façon de critiquer la politique étrangère de son rival, le président Joe Biden, dont il n’a jamais reconnu la victoire à l’élection de 2020.
Il a affirmé que l’offensive du Hamas n’aurait pas eu lieu s’il était resté à la Maison Blanche. « Personne n’aurait même imaginé s’aventurer en Israël, si l’élection n’avait pas été volée », a déclaré le républicain, sans preuves.
Joe Biden a vivement critiqué les propos de Donald Trump, à qui il pourrait être opposé lors de la présidentielle de 2024, estimant qu’il « n’était jamais opportun de faire l’éloge des terroristes qui cherchent à détruire » Israël.
« Il est honteux qu’une telle personne, un ancien président des États-Unis, contribue à la propagande », a renchéri le ministre israélien des Communications Shlomo Karhi, estimant que Donald Trump n’était « évidemment » pas digne de confiance.
⦁ Hollywood condamne le Hamas
Des centaines de célébrités hollywoodiennes ont signé jeudi 12 octobre 2023 une lettre ouverte pour condamner les « actes terroristes barbares » du Hamas qui a tué plus d’un millier d’Israéliens lors d’une attaque sans précédent le week-end dernier.
L’actrice des films « Wonder Woman », Gal Gadot, d’origine israélienne, fait partie des plus de 700 signataires de cette lettre parmi lesquels figurent notamment les stars Jamie Lee Curtis, Chris Pine, Michael Douglas ou encore Jerry Seinfeld.
« Le cauchemar des Israéliens est devenu réalité lorsque les terroristes du Hamas ont infiltré les villes et villages israéliens », peut-on lire dans la lettre, publiée par l’association Creative Community For Peace.
« Le Hamas a tué et pris en otage des hommes, femmes et enfants innocents. Ils ont enlevé et assassiné des nourrissons et des personnes âgées », poursuit le document.
« C’est du terrorisme. C’est mal. Il n’y a aucune justification ou rationalisation pour les actions du Hamas. Ce sont des actes terroristes barbares qui doivent être dénoncés par tous. »
La lettre demande aux stars de l’industrie du divertissement de soutenir Israël et de « faire ce qui est en leur pouvoir pour exhorter l’organisation terroriste à libérer les otages innocents ».
⦁ Les présidentes de la Commission et du Parlement européen en Israël
Les présidentes de la Commission européenne Ursula von der Leyen et du Parlement européen Roberta Metsola se rendront vendredi en Israël, pour exprimer la solidarité de l’UE après l’offensive sanglante du Hamas, ont annoncé leurs services jeudi soir.
Les deux dirigeantes vont « exprimer leur solidarité avec les victimes des attaques terroristes du Hamas et rencontrer les dirigeants israéliens », ont annoncé la Commission et le Parlement dans un communiqué, précisant que le « programme de la visite sera annoncé plus tard ».
Mme Metsola devrait aussi faire part de son soutien à la libération des otages enlevés par le mouvement islamiste palestinien, et aborder la question de la situation humanitaire à Gaza, en évoquant les possibilités de corridors humanitaires et la nécessité de préserver les infrastructures civiles dans cette enclave, selon une source au Parlement européen.
L’Union européenne et ses États membres ont condamné les attaques meurtrières du Hamas et reconnu le droit d’Israël à se défendre « en conformité avec le droit international ».
Mercredi, la présidente du Parlement européen avait, lors d’un hommage aux victimes en Israël en présence notamment d’Ursula von der Leyen et du président du Conseil européen Charles Michel, déclaré que « le 7 octobre est un jour qui restera dans les annales de l’infamie mondiale ».