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ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC GEORGES PEILLON ( Neyrac) : Ex .porte-parole de la force Licorne et chargé de communication avec les médias » Les autorités ivoiriennes ont peur du Pdt Gbagbo parce qu’il représente une force politique réelle »

GEORGES PEILLON ( Neyrac) : Consultant expert en gestion et communication de crise . Il dirige le cabinet conseil Altum Communication. Il enseigne en école de management et de communication. Il a été porte parole des forces françaises lors de missions en Bosnie, au Kosovo, en Afghanistan et en Côte d’Ivoire. Il est l’auteur de 4 recueils de récits. Il a commis un livre « Ivoire nue ; chroniques d’une Côte D’Ivoire perdue ». Ex .porte-parole de la force Licorne et chargé de communication avec les médias, nous dit sa part de sa vérité sur la crise politico-militaire en Côte d’Ivoire en 2002. « La France a mal géré cette crise de 2002 à cause la haine viscérale que Jacques Chirac vouait au Président Laurent Gbagbo. »
Quand arrivez-vous en Côte d’Ivoire et quelle était votre mission.?            J’arrive en cote d’Ivoire en 2002, ma mission  était de porter la parole de la force Licorne auprès des médias locaux et internationaux présents à Abidjan et qui couvraient la situation politico-militaire en Côte d’Ivoire. Mon travail était de faire la relation les différents médias, à la fois valoriser l’action de la force Licorne et montrer les différents aspects que le contingent français pouvait développer sur place.

En 2005, vous avez commis un livre » Ivoire nue, chroniques d’une Côte d’Ivoire perdue »; la Fance a-t-elle perdu la Côte d’Ivoire.

Je pense qu’à l’époque , le jeu politique était d’une extrême complexité entre le gouvernement ivoirien , les forces nouvelles, la France, l’aspect diplomatique et militaire n’étaient pas une situation apaisée et les évènements qui ont suivi l’ont démontré. Une situation crispée, délétère, je pense que la Côte d’Ivoire fantastique regorgeant de nombreuses ressources qui intéressent beaucoup de monde comme bon nombre de pays africains , n’est pas totalement libre de ses mains de faire ce qu’elle veut chez elle . Sans doute, Le pré-carré français; La France voulant préserver ses intérêts économiques ; le port d’Abidjan, les différentes cultures, les infrastructures, la téléphonique et les entreprises françaises installées sur place ont tout intérêt que la situation soit relativement calme ce qui est à leurs avantages.

Que pensez -vous des accords de Linas-Marcousis, étaient-ils de bons accords .
A l’époque c’était la solution la moins mauvaise, je ne dirais pas que c’était une très bonne résolution car la partition de la Côte d’Ivoire en deux m’a toujours posé un problème, en Côte d’Ivoire comme ailleurs au Kosovo, Bosnie…Ce sont des affaires qui, toujours, exacerbent les tensions, les points de vue, c’était une forme de stabilisation. Derrière tout cela, il y’avait l’idée du désarmement, de la réconciliation, d’ailleurs il y’a eu en décembre 2002 à Yamoussoukro , une conférence nationale avec toutes les parties prenantes du conflit autour d’une table pour discuter et à la fin s’est soldée par un accord .Et tout le monde a dit que la Côte d’Ivoire s’était reconciliée. Après il y ‘a eu des velléités  politiques, les envies des uns et des autres. Je pense que la France a perdu la Côte d’Ivoire et la Côte d’Ivoire s’est aussi perdue dans les méandres de la politique.                                                                                            Les évènements de l’hôtel Ivoire en 2004, qu’en savez-vous.?

Je n’étais plus là, donc je ne peux me prononcer là-dessus.
C’était une faute professionnelle, du matériel et des ordinateurs abandonnés contenant des informations très importantes. Après ,on peut parler ou penser à une théorie de complots, on aurait laissé exprès ces informations pour ces gens qui en auraient besoin, on rentre dans des scenarii  de romans d’espionnage.                                                                                                                Qui a fait la casse de la BCEAO de Bouaké et de Man?                     J’étais en ce moment à Bouaké en compagnie de Jean Hélène (Journaliste de RFI , disparu ). Ce sont des militaires du contingent français et les rebelles qui font la casse. C’était un véritable « no man’s land » qu’on ne savait tout ce qui se passait, trop d’événements. Les militaires qui se servis ont été expulsés de la Côte d’Ivoire, radiés de l’armée française et condamnés en France. Quelle était l’origine des finances des rebelles.? Je ne traitais pas honnêtement de ces questions mais les rumeurs disaient que les financements venaient du Burkina et de certains pays africains.

Qui a tué les soldats français en 2004, dans le bombardement de Bouaké qui a fait 11 morts?

L’enquête est toujours en cours en France. Est-ce qu’une méprise de l’armée française, est-ce une erreur de l’armée française ou ivoirienne. Il y’a trop de non dits dans cette affaire et je pense que les Ivoiriens ont besoin savoir la vérité. Les familles des victimes, j’espère qu’ils seront un jour la vérité pour panser les plaies des coeurs car elles sont toujours en quête de vérité.

Avez-vous connaissance des gendarmes , policiers , en somme des tueries en masse dans les zones détenues par les rebelles.?

J’avais été informé de cela par la mission de l’ONUCI. Ils avaient découvert des charniers, des personnes enfermées dans des conteneurs à Korhogo et dans d’autres parties la zone nord et ouest occupée par les rebelles. Et qu’ils menaient des enquêtes pour retrouver les coupables de ces crimes.             Vous avez écrit un livre sur la Côte d’Ivoire « Ivoire nue » qu’est-ce qui vous a inspiré.?

Ce qui m’a inspiré à écrire ce livre , je trouve que la Côte d’Ivoire est un beau ,magnifique pays et que les Ivoiriens sont sympathiques, chaleureux et accueillants. Et le cynisme entre les intérêts français, le jeu des parties.    J’avais déjà écrit l’Afghanistan , le Kosovo..

C’était un coup de projecteur sur une situation assez complexe mal comprise en Occident. Les africains de l’occident la comprennent mais les occidentaux la comprennent mal ; comme si la Côte d’Ivoire est un pays à connaitre, réservé aux élites intellectuelles, il y’avait beaucoup de choses à raconter . A l’époque , le Président Chirac était très remonté contre le Président Gbagbo pour des intérêts politiques. Et il n’a pas aidé à régler la situation . S’il y’avait de personnes de dialogue, de bonnes volontés on aurait pu éviter ces tueries ,le bain de sang.

  Vous avez vécu la crise de 2002, est-ce la crise post-électorale de 2010 était-elle prévisible?

C’était prévisible à cause du débat sur l’ivoirité que Ouattara n’était pas Ivoirien, donc il ne pouvait pas se présenter. C’était latent. Avec de personnes de dialogue, on aurait éviter tous ces drames avec 3000 morts . Quand je regarde les images humiliantes du Président Gbagbo et son épouse , violentés, extradé ,jugé et acquitté , ça suffit à un moment donné , il faut arrêter. Les autorités ivoiriennes n’ont sans doute pas intérêt qu’il revienne dans son pays parce qu’il représente une force politique assez réelle à cause de ses nombreux partisans, donc le pouvoir n’a pas envie de le revoir dans le paysage politique. Est-ce qu’on parle de la situation du passeport de Gbagbo dans l’armée française?                                                                                                La Côte d’Ivoire est sortie un peu de la vision de la France car on est plus préoccupé par le terrorisme dans le le sahel et les attentats en France. A mon avis, c’est un tort, la France devrait avoir un oeil attentif sur la Côte d’Ivoire car des mouvements intégristes peuvent surgir à tout moment. La situation actuelle avec les mêmes acteurs n’augurent pas de lendemains meilleurs.
La France a-t-elle encore un rôle aujourd’hui en Côte d’Ivoire ?       La france a un lien affectif avec ce pays très francophile , mais sur le plan politique peu car la France a trop de soucis à gérer  avec le terrorisme dans le sahel.
Entretien réalisé par Jean MOLIERE

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