Une poignée de ministres d’Alassane Ouattara séjournent actuellement en France, où ils mènent une série de discrètes consultations. Dans le même temps, l’opposant Laurent Gbagbo doit se rendre à Bruxelles, où il pourrait rencontrer Tidjane Thiam.
La capitale française est depuis deux jours le terrain discret de la campagne présidentielle ivoirienne. Quatre ministres d’Alassane Ouattara, tous membres du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), y mènent de discrètes consultations auprès de la diaspora.
Parmi les personnalités aux avant-postes de l’opération figure le ministre ivoirien de la promotion de la jeunesse, Mamadou Touré. Ce dernier a mené e
une série de rencontres à l’hôtel Le Méridien, dans le 17 arrondissement de Paris. Membre influent du gouvernement au sein du dispositif de campagne du RHDP, il avait déjà joué les premiers rôles en faveur de la candidature d’Alassane Ouattara lors de l’élection présidentielle de 2020. En France, il avait ainsi fait office de principale interface auprès des journalistes hexagonaux pour défendre le bilan du chef de l’État. Il avait travaillé en étroite coordination avec l’agence de communication Image 7. Prestataire historique de la présidence Ouattara pour sa communication à l’internationale, la société fondée par Anne Méaux s’était appuyée à l’époque sur l’essayiste très habitué de la chaîne de télévision française CNews, Joseph Macé-Scaron, ainsi que sur Marie-Luce Skraburski (AI du 25/08/20).
Autre ministre du gouvernement ivoirien actuellement en France : Belmonde Dogo Myss Logboh, chargée de la cohésion nationale et cadre du RHDP. Elle a
retrouvé dans l’Hexagone son homologue de la transition numérique, Ibrahim Kalil Konaté. Dans la capitale française, ce dernier coordonne son action en lien étroit avec Mamadou Touré. Les deux hommes devraient regagner Abidjan le 14 juin.
« Trop c’est trop »
Cet activisme parisien des cadres du RHDP intervient alors que l’opposant et ancien président ivoirien Laurent Gbagbo devrait lui-même se rendre en Europe ce 16 juin. Si ce séjour sera majoritairement privé, le président du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) devrait néanmoins lui aussi mener une série de consultations politiques. Radié de la liste électorale, Laurent Gbagbo a ces derniers jours multiplié les sorties contre Alassane Ouattara. Après avoir tenu un meeting à Port-Bouët le 6 juin, il a lancé six jours plus tard le mouvement de résistance pacifique « Trop c’est trop ». Dans une lettre, il a appelé « à s’opposer à toute tentative de quatrième mandat qui viole la Loi fondamentale et fragilise la démocratie ivoirienne ». Une sortie qui a passablement irrité la présidence ivoirienne.
Accompagné de son influente épouse Nady Bamba, Laurent Gbagbo pourrait rencontrer en marge de son séjour à Bruxelles un autre opposant lui aussi évincé de la liste électorale définitive présentée le 4 juin : Tidjane Thiam, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA). Si les relations entre les deux hommes étaient glaciales depuis un an, elles se sont quelque peu détendues ces dernières semaines et le scénario d’un tête-à-tête est envisagé.
Installé à Paris où il tente de mener la bataille politique, Tidjane Thiam était déjà à Bruxelles en mai. Il y a manifesté devant le Parlement européen contre son élimination de l’élection présidentielle.
Jean Moliere / AI
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