Tandis que la majorité se mobilise autour d’une candidature d’Alassane Ouattara en 2025, le groupe Snedai, fondé par le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, a subi ces derniers mois une série de revers. Le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Adama Bictogo, Le moins que l’on puisse dire, c’est que le timing n’est pas idéal pour Adama Bictogo. Alors que la majorité au pouvoir vient d’amorcer sa grande mobilisation en vue de l’élection présidentielle de 2025, le groupe dont il est le fondateur, la Société nationale d’édition de documents
administratifs et d’identification (Snedai), a subi ces derniers mois une série de revers.
Avec le Burkina Faso, <<< une histoire réchauffée >>> <<< Un coup dur >>, << une mauvaise passe >>, << des déboires »….. La presse ivoirienne a cherché ces dernières semaines à qualifier cette séquence qui, il faut bien le dire, tombe mal pour le président de l’Assemblée nationale, un temps numéro deux du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, au pouvoir), qui avait quitté la direction du groupe aux multiples filiales et au millier de salariés avant d’accéder au perchoir, en 2022.
Tandis que la Côte d’Ivoire n’a pas renouvelé le contrat d’édition des cartes de Couverture maladie universelle (CMU) qui la liait à la Snedai, le Burkina Faso voisin a annoncé qu’il ne renouvellerait pas celui signé avec le groupe en septembre 2013 pour l’établissement de cartes consulaires sécurisées. « Le marché avec le Burkina Faso arrivait à son terme, c’est une histoire réchauffée. À l’origine, c’était un projet conduit avec le président Blaise Compaoré », temporise un proche d’Adama Bictogo.
Adama Bictogo: «< Alassane Ouattara est notre candidat naturel >>> L’entreprise doit aussi faire face actuellement à une série de contrôles fiscaux. Début 2024, elle avait été épinglée par la Cour des comptes. L’institution chargée de contrôler la gestion des comptes publics s’inquiétait d’un problème relatif à la collecte des taxes sur la délivrance des passeports et des cartes d’identité, une mise en cause que le groupe avait réfutée.
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Mobilisation à Yopougon
Businessman et homme de réseaux, profil singulier dans
le parti présidentiel, Adama Bictogo n’a pas commenté ces différentes affaires, prenant soin de s’en tenir
publiquement à distance. Engagé en faveur de la candidature d’Alassane Ouattara à un quatrième mandat, il répète que le président constitue «<[sa] boussole >> et demeure <<le candidat naturel » de son camp à la magistrature suprême. Sur ce dernier point, le chef de l’État n’a pas encore fait part de ses intentions.
Le 9 juin, le patron de l’Assemblée nationale avait fait tomber costume, cravate et boutons de manchette pour
tenir une grande réunion en forme de coup d’envoi. Adama Bictogo sonnait ce jour–là le début de la mobilisation du RHDP à Yopougon, commune du district d’Abidjan de plus d’un million et demi d’habitants – dont un tiers d’électeurs –, la plus peuplée du pays, où il a été élu maire en septembre dernier. Une élection considérée comme un «<coup d’éclat » pour ce poids lourd de la majorité un temps en difficulté dans le parti pour s’y être trop ouvert sur ses ambitions, ce qui lui avait valu en 2022 une rétrogradation, certes relative mais notable, dans l’ordre protocolaire des instances du parti.
<<< Adama Bictogo n’est pas dans une situation de belligérance avec le président Ouattara »>, assure son entourage, interrogé à la suite des affaires concernant la
Snedai. Au sujet des rumeurs de différends avec Ibrahim Cissé Bacongo, secrétaire exécutif du RHDP et gouverneur du district autonome d’Abidjan, «< il n’y rien d’apparent », assure une source au sein du parti présidentiel. << Ils se sont vus et se sont parlé à la suite des
affaires de déguerpissements et à la demande du président du directoire [Gilbert Koné Kafana]», poursuit cette source.
<< Notre maman, c’est le RHDP >> <<< Notre maman qui nous réunit, c’est le RHDP et c’est Alassane Ouattara. Le moment est venu de nous mettre ensemble », a assuré le 9 juin Adama Bictogo, nommé coordinateur du parti à Yopougon dans le cadre de la mobilisation pour 2025. La campagne électorale pour les municipales avait été houleuse dans cette commune clé longtemps considérée comme un fief de Laurent Gbgabo, avant que le président Ouattara ne tranche en faveur de la candidature de Bictogo, député d’Agboville, à 80 kilomètres plus au nord.
Du perchoir à Yopougon, le retour en grâce d’Adama Bictogo
Le temps est désormais à l’union. Adama Bictogo n’a pas manqué de poser aux côtés de deux de ses anciens rivaux dans la course à la municipalité : Issifou Coulibaly, le premier adjoint de l’ancien édile RHDP, et Adama Diawara, l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. De toute évidence, la mise en scène des trois hommes, main dans la main et bras levés, se voulait porteuse d’un message : les ambitions personnelles et les inimitiés doivent être mises de côté le temps que tous s’emploient à faire triompher le RHDP à la prochaine présidentielle.
Jean Moliere /JA