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Côte d’Ivoire : Le député Yacouba Sangaré remet le sujet de la polygamie au grand jour,

Un député vient de déposer un projet de loi pour autoriser la polygamie, suscitant de vives réactions des associations de 

défense des droits des femmes

En déposant sa proposition de loi le 30 juin dernier, le député de Koumassi, Yacouba Sangaré, sest attaqué à un sujet tabou en Côte dIvoire : la polygamie. Pour cet élu du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, au pouvoir), il faut mettre un terme à « lhypocrisie >>, car si la loi nautorise pas cette pratique, cela existe dans les faits. « La loi sur la monogamie na jamais 

été respectée. Elle est constamment violée. Alors pourquoi se voiler la face sur une réalité que nul nignore ? », explique lélu

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Lidée dune réforme lui serait venue il y a des années, dès 2014, après des échanges avec une collègue députée. « Il y a des femmes qui sont dans des relations polygames de fait mais qui ne bénéficient daucune reconnaissance juridique en cas de dissolution de la relation. Cellesci nont aucune sécurité, elles se retrouvent seules, avec parfois des enfants. Cela crée des drames et personne n‘en parle. Cest pour cela que nous voulons mettre fin à cette hypocrisie. Des couples polygames, il y en a partout en Côte dIvoire, dans toutes les régions, ethnies, religions et couches sociales. Alors pourquoi ne pas les prendre en compte ? », détailletil

Loi sur le mariage 

Dans sa proposition, Yacouba Sangaré insiste sur le fait que la polygamie serait une option que les deux conjoints pourraient choisir daccepter ou de refuser dun commun accord

Entouré dune équipe de juristes, de communicants et de constitutionnalistes, il entend modifier la loi 2019570 du 26 juin 2019 relative au mariage. Un texte qui indique dans son article 3 : « Nul ne peut contracter un nouveau mariage avant la dissolution du précédent constatée soit par une décision devenue définitive, soit par un acte de décès. (...) » Après avoir franchi la première étape, le dépude Koumassi qui porte le projet a animé une conférence de presse le 7 juillet, entouré dautres élus tels que Sidibé Daouda, député dAbobo, Kangouté Mamadou Moctor, député de Bouna ou encore Fidèle Dibi Bogro, député de Fresco

Plusieurs maîtresses 

Mais cette annonce a suscité un tollé, notamment au sein des organisations de défense des droits des femmes qui dénoncent un recul des droits des femmes. Le 11 juillet, la Ligue ivoirienne des droits des femmes a organisé une conférence de presse pour noncer la proposition. Lancienne ministre ivoirienne de la Femme et exresponsable de lAssociation ivoirienne du bienêtre familiale (AIBF), Constance Yaï a pour sa part estimé qu»il n‘y a pas de polygamie en Côte dIvoire mais plutôt des hommes qui ont plusieurs maîtresses« . Elle ajoute : « À moins quil ne sagisse de plaisanterie de fort mauvais goût ou dun ballon dessai, on est en droit de se demander si les propos que nous avons entendus de la bouche de notre parlementaire ont juste pour objet de diviser notre pays, de fragiliser la communauté nationale ou tout simplement de faire régresser notre arsenal juridique et les droits des femmes »

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Yacouba Sangaré prétend que sa proposition de loi vise, au contraire, à « protéger les droits des femmes ». « Cest un constat de la réalité. Je me bats pour que ces femmes soient reconnues et puissent bénéficier de leurs droits. Se plaîtelle à laisser ses sæurs avec le statut de maîtresse à vie ? », ajoute celui qui estime que sa proposition bénéficie dun accueil favorable au sein de lopinion publique

Droits 

Il insiste également sur le fait que lesprit de sa proposition ne viole pas légalité hommes femmes. « La polygamie ne signifie pas polygynie ou polyandrie exclusivement. Cela renferme les deux termes. «<, ditil. « Tant que cette loi est appliquée sans discrimination, il ny a pas de problème », estime Amee slam, artiste engagée pour les droits des femmes. « Mais par culture, dans notre pays, les gens désignent la polygynie seule comme la polygamie. Ce sera très difficile dans certaines cultures de faire accepter le fait que les femmes, elles aussi, bénéficient de cette loi », ajoutetelle

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Pour Ketella Soroko, militante féministe et présidente de lassociation Le réseau, qui accompagne des victimes dagressions et de viols, « même si on ne cesse de nous dire que la polygamie cest autant la polyandrie que la polygynie, dans tous les pays africains qui ont validé la polygamie, il n‘y a quasiment aucune possibilité de polyandrie. À lusage, cest la polygynie qui sera appliquée et donc à lavantage exclusif de lhomme. La polygamie estelle réellement la solution pour une société qui peine à trouver des solutions de protection pour les femmes victimes de violences dans les couples monogames ? Il y a tellement de besoins plus urgents sur les causes féminines 

qui méritent des solutions et projets de loi que la polygamie... » 

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