Après avoir envisagé une alliance militaire étroite l‘an dernier, l‘Angola et la Côte d‘Ivoire multiplient les liens diplomatiques et financiers, au point de créer un véritable axe entre les deux grandes puissances d‘Afrique de l‘Ouest et centrale.
Liés depuis l‘époque José Eduardo Dos Santos par un pacte pétrolier– la Sonangol angolaise est actionnaire de la Société ivoirienne de raffinage –, le président angolais João Lourenço et son homologue ivoirien Alassane Ouattara travaillent depuis des mois à mettre en place une alliance d‘envergure. Ce partenariat devrait être scellé dans les prochains mois, à l‘occasion d‘une visite d‘Etat de João Lourenço, à Abidjan.
Côté angolais, les deux principaux artisans de ce rapprochement ont été, d‘une part, l‘ex–ambassadeur de Luanda à Abidjan, André Panzo, et de l‘autre, le général Fernando Garcia Miala, chef du renseignement intérieur angolais et discret émissaire de Lourenço dans les présidences francophones. Arrivé en Côte d‘Ivoire
COTE D‘IVOIRE/ANGOLA: Comment Lourenço et Ouattara mettent en place un nouvel axe diplomatico–financier
en novembre 2020, en même temps que l‘ambassadeur français Jean–Christophe Belliard, André Panzo était le neveu de José Alfredo Ekuikui, l‘un des généraux de police angolais très influents sous la présidence de José Dos Santos, aujourd‘hui à la retraite. Décédé des suites du Covid–19 le 30 septembre à Abidjan, Panzo doit être remplacé dans les prochaines semaines par un nouvel ambassadeur.
Alliance anti–pirates
Quant à Miala, il avait effectué un déplacement en Côte d‘Ivoire à l‘été 2020, juste avant le lancement de l‘élection présidentielle, pour assurer Alassane Ouattara du soutien de Lourenço et proposer au président ivoirien une alliance militaire étroite (voir nos révélations, AI du 24/08/20 et du 11/09/20). Si le projet soumis par Miala, qui portait sur la création d‘un bataillon de réserve opérationnel capable d‘intervenir à Abidjan ou à Luanda en cas de menace du pouvoir, n‘a pas été validé, les deux pays envisagent des opérations communes de lutte contre la piraterie dans le Golfe de Guinée.
Coté ivoirien, Alassane Ouattara a dépêché le 24 septembre, en marge de la 76 assemblée générale des Nations unies à New York, sa cheffe de la diplomatie Kandia Kamissoko–Camara ainsi que deux ministres, celui de l‘agriculture, Adjoumani Kouassi Kobenan, et celui de l‘intégration africaine, Alcide Djédjé, pour rencontrer Lourenço. L‘entretien a démarré sur un petit incident, la ministre ivoirienne insistant pour rester debout durant toute l‘entrevue, arguant que c‘était la première fois qu‘elle rencontrait un chef d‘Etat d‘une telle envergure, avant d‘obtempérer aux invitations à s‘asseoir de Lourenço.
Diplomatie du grain
La présence du ministre de l‘agriculture ivoirien s‘explique par le souhait de Luanda de voir la Côte d‘Ivoire devenir son principal fournisseur de céréales. Important presque tous ses produits de consommation alimentaire, l’Angola multiplie, depuis l‘arrivée au pouvoir de Lourenço, les projets agricoles. Ceux–ci prennent toutefois des années à se développer et restent très en deçà des besoins du pays, qui, pour diminuer sa facture d‘importation, cherche des fournisseurs africains.
L‘Unita prise à revers
COTE D‘IVOIRE/ANGOLA: Comment Lourenço et Ouattara mettent en place un nouvel axe diplomatico–financier
Dernier bénéfice, pour João Lourenço, d‘un rapprochement avec la Côte d‘Ivoire : l‘initiative prive l‘Unita, principal parti d‘opposition angolais, d‘une de ses bases arrière favorites. Rafael Savimbi, fils du fondateur de l‘Unita Jonas Savimbi et député au Parlement angolais, séjourne très souvent en Côte d‘Ivoire, où il a de nombreux contacts et intérêts.
AI