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« C’est le futur Didier Drogba » : Sébastien Haller, le footballeur qui fait rêver la Côte d’Ivoire

Meilleur buteur du championnat néerlandais, deuxième de Ligue des champions… Avant le match décisif contre le Cameroun, ce mardi, l’attaquant se sait très attendu.

« On va arriver en terre camerounaise avec les dents qui touchent le sol, c’est un gros choc africain, on a hâte ! » A l’hôtel Radisson Blu d’Abidjan, où la sélection ivoirienne a pris ses quartiers durant la trêve internationale, Sébastien Haller donne le ton de cette « finale » du groupe D décisive pour la troisième et dernière phase qualificative de la Coupe du monde de football 2022, au Qatar. Mardi 16 novembre, les Eléphants vont affronter les Lions indomptables et un nul leur suffira pour se qualifier.

Lors du match aller, en septembre, l’international ivoirien avait inscrit son premier doublé sous le maillot orange, synonyme d’une victoire à domicile face aux Camerounais (2-1). Deux buts qui ont confirmé son début de saison exceptionnel avec l’Ajax Amsterdam, plus grand club des Pays-Bas, qu’il a rejoint en début d’année contre 22,5 millions d’euros. L’attaquant est actuellement le meilleur buteur de l’Eredivisie, le championnat néerlandais, et surtout le deuxième de la Ligue des champions derrière Robert Lewandowski, favori au Ballon d’or 2021. Dans chacune de ces deux compétitions, il a inscrit sept buts.

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Nul doute que ce mardi soir, l’avant-centre de 27 ans aura les projecteurs du stade Japoma, à Douala, braqués sur lui. L’Ivoirien a souvent marqué les esprits lors des rencontres importantes. Buteur contre Madagascar en novembre 2020 pour sa première sélection avec les Eléphants, il a récemment crevé l’écran pour son tout premier match de Ligue des champions en inscrivant un quadruplé contre le Sporting Portugal. C’est le premier joueur à réaliser une telle performance depuis la refonte de la compétition, en 1992.

« C’est comme un rêve »

Trois matchs européens plus tard, le voici déjà comparé à Didier Drogba, dont il vient de battre le record de six buts sur une saison de Ligue des champions. « Il est décisif. C’est un attaquant sur qui la Côte d’Ivoire va pouvoir compter dans les grands rendez-vous », avait commenté l’ancien international sur Canal+. « Marquer autant en Ligue des champions, je ne pouvais pas l’imaginer, c’est comme un rêve », s’étonne encore Sébastien Haller.

Sa forme du moment, il l’explique par sa nouvelle vie néerlandaise et son équilibre. « Je joue dans un système qui me met en valeur, un championnat avec une philosophie de jeu qui me plaît, c’est très tactique, analyse-t-il. On m’aide à m’adapter et j’ai plus de stabilité dans ma vie, les enfants grandissent, beaucoup de choses font que ça marche mieux en ce moment. »

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Né à Ris-Orangis, dans l’Essonne, d’un père français et d’une mère ivoirienne, Sébastien Haller a évolué dans toutes les sélections jeunes de l’équipe de France, mais jamais chez les seniors. Il a finalement opté pour le maillot orange il y a tout juste un an, sur proposition du sélectionneur ivoirien, Patrice Beaumelle. « Bien sûr que si j’étais allé en équipe de France à 22 ou 23 ans, je ne serais pas là aujourd’hui. Mais si j’ai choisi la Côte d’Ivoire, c’est qu’il y a des raisons. Ce n’est pas un choix par défaut », avait-il affirmé à l’époque.

Sur les traces de son oncle

En quelques matchs, le footballeur de 1,90 m a transformé l’attaque ivoirienne et donné de l’espoir à tout un peuple à quelques semaines de la prochaine Coupe d’Afrique des nations (CAN), organisée du 9 janvier au 6 février 2022 au Cameroun. Avec lui, les Eléphants y feront figure de sérieux outsiders, derrière l’Algérie et le Sénégal.

Pourtant, Sébastien Haller le concède, il ne connaît pas si bien son pays d’origine. « Quand j’étais jeune, j’y suis allé deux fois. Ça a été compliqué de revenir pour beaucoup de raisons », raconte-t-il sans aborder directement les crises traversées par le pays dans les années 2000, celles de son adolescence. « Aujourd’hui, je prends mes marques avec le pays, j’essaye de m’imprégner de la vie ici », développe celui qui a grandi dans un environnement culturel métissé : « Quand on est d’une couleur de peau qui est la mienne, on s’identifie forcément. Petit, on me parlait beaucoup du pays, des anecdotes, de la famille, de la nourriture, de la musique, ça a été un mix de tout ça, avec des parents fiers de leurs origines. J’ai profité des deux cultures. »

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Sa famille ivoirienne est intimement liée au football puisque son oncle maternel Narcisse Tea Kuyo, proche de Laurent Gbagbo, fut joueur puis président de l’Africa Sports d’Abidjan ainsi qu’international ivoirien dans les années 1980. Des gènes de footballeur qu’il découvre très jeune en banlieue parisienne, dans des villes où le ballon rond « est une évidence » et où il estime que le destin l’a choisi : « C’est tombé sur moi, dit-il avec humilité. J’ai toujours été grand, j’avais beaucoup de qualités, c’est vrai, mais j’avais surtout un environnement sain basé sur le plaisir, on ne m’a jamais mis la pression. »

« Je ne regarde jamais en arrière »

Il débute à 9 ans à Vigneux-sur-Seine, où il est rapidement repéré par le club voisin du CS Brétigny lors d’un tournoi en salle. S’ensuit, à 13 ans, une détection par l’AJ Auxerre, le jour où son appareil dentaire vient d’être resserré : « J’y vais, j’ai mal aux dents, je joue, j’ai l’impression que je ne suis pas bon », revit celui qui intégrera finalement le centre de formation. En 2011, il signe chez les professionnels dans le club bourguignon après de belles performances lors de la Coupe du monde des moins de 17 ans avec l’équipe de France.

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Trois ans plus tard, en manque de temps de jeu à Auxerre, il s’envole pour les Pays-Bas, déjà, en rejoignant le FC Utrecht, où il marque 41 buts en 82 matchs. Des qualités de finisseur qui lui permettent de signer à l’Eintracht Francfort (Allemagne), où il passe un cap, puis à West Ham United, club londonien dans lequel il perd sa place, avant de rebondir de belle manière à l’Ajax Amsterdam. « Je considère que si j’en suis là, c’est que j’ai fait les bons choix, je ne regarde jamais en arrière », assure-t-il.

Aujourd’hui, l’espoir qu’il suscite est aussi grand que nouveau dans les cœurs ivoiriens. Attablés dans un maquis, Ange Michel et Elphege ne ratent aucune des grandes affiches européennes du week-end : « Chelsea, Manchester United et maintenant, grâce à Haller, on attend les matchs de l’Ajax Amsterdam. C’est le futur Didier Drogba », s’excitent-ils. La comparaison honore mais n’affole pas l’avant-centre au tempérament calme et mesuré : « C’est sympa d’être attendu, d’être comparé à de grands joueurs, ça flatte l’ego. Mais il va falloir faire le taf pour continuer à suivre ces traces-là. »

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