Bouygues travaux publics a décidé de se désengager de Socoprim, la société de gestion et d‘exploitation du troisième pont à péage d‘Abidjan, baptisé « Henri–Konan–Bédié”.
Selon nos informations, Bouygues travaux publics (BYTP), filiale du conglomérat français éponyme, prépare actuellement la cession des 19 % détenus par le groupe au sein de Socoprim, la société gestionnaire du pont d‘Abidjan à péage Henri Konan–Bédié. Le groupe français avait un temps souhaité céder sa participation à Egis, concessionnaire de l‘aéroport international d‘Abidjan. Activement soutenue par le cabinet du premier ministre Hamed Bakayoko, cette transaction avait été âprement combattue par la présidence ivoirienne. Sur instruction présidentielle, c‘est le ministre de l‘équipement Amédée Kouakou qui va superviser la reprise des parts de Socoprim par l‘Etat. Un premier round de négociations doit s‘ouvrir cet automne. Le gouvernement ivoirien devrait également se porter garant de la dette accumulée par la Socoprim pour faire construire le pont à péage, un investissement de 308 millions d‘euros dont 270 millions d‘euros de dettes.
Projet phare du début des années 2010, le pont à péage était à l’origine détenu à 49 % par Bouygues. Le groupe avait néanmoins été contraint de céder une partie de ses parts à plusieurs investisseurs, à l‘instar du fonds sud–africain Harith, de Pan African Infrastructure Development Fund (PAIDF) et de la banque panafricaine African Finance Corp (AFC). Aujourd‘hui, PAIDF contrôle le capital avec 26 % de l‘actionnariat, à égalité avec l‘AFC. Parmi les autres actionnaires figurent notamment l‘Etat ivoirien (18 %), la Banque nationale d‘investissement ivoirienne (6,5 %), Total Côte d‘Ivoire (3,8 %) ou encore la filiale de Bouygues Setao (2%, qui s‘ajoutent aux 17 % détenus par Bouygues travaux publics).
Malgré son statut de troisième actionnaire, Bouygues est l‘exploitant et le concessionnaire du pont pour une période de vingt–cinq ans depuis 2015. Dans ce cadre, l‘Etat verse près de 2 milliards de francs CFA (3 millions d‘euros) mensuels pour assurer l‘équilibre financier. Ces derniers mois, les sujets de tensions s‘étaient multipliés entre Bouygues et l‘Etat, qui contestait notamment une partie des relevés de trafic du groupe tricolore. Les négociations débuteront avant la fin de l‘année pour le transfert des parts de Bouygues à l‘Etat ivoirien.
En sursis en France, Didier Raoult se déporte en Afrique
Alors que, à Marseille, la nouvelle direction de l‘Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP–HP) veut lancer un appel à candidature pour trouver un successeur au très médiatique microbiologiste Didier Raoult, qui dirige l‘Institut Hospitalo Universitaire Méditerranée Infection, ce dernier se cherche un avenir en Afrique, où il a commencé sa carrière et où l‘institut qu‘il dirige a créé deux filiales, au Sénégal et en Algérie. Arrivé au Gabon le 27 août, Didier Raoult a déjeuné, le lendemain, avec le président gabonais Ali Bongo et sa femme Sylvia Bongo. Il a également rencontré les dirigeants du Centre international de recherches médicales de Franceville (CIRMF), avec lesquels il pourrait, selon l‘évolution de sa situation en France, envisager un partenariat.
Ali Bongo n‘est pas le premier chef d‘Etat africain à s‘entretenir avec Didier Raoult : au plus fort de la pandémie l‘an dernier, le président congolais Denis Sassou Nguesso avait, lui aussi, cherché conseil auprès du microbiologiste qui, quelques années auparavant, avait effectué une mission de recherche et d‘étude dans le Pool congolais. Le 30 mars, Raoult a été décoré par le président sénégalais Macky Sall.
DÉFENSE
De Bamako à Libreville, le complexe militaire tchèque passe à l’offensive
En juillet, Prague a mené en Afrique de l‘Ouest et centrale une vaste campagne pour vanter, auprès des états–majors, le savoir faire des sociétés de défense tchèques. Dans l‘ex–pré carré français, la concurrence s‘internationalise à grands pas.
Mali, Burkina Faso, Ghana, Togo, mais aussi Cameroun et Gabon : telles sont les pays parcourus début juillet en Afrique de l‘Ouest et centrale par une délégation de représentants de plusieurs poids lourds du complexe militaire tchèque. Sous l‘impulsion du vice–ministre de la défense Tomas Kopecny, des sociétés du conglomérat Czechoslovak Group (CSG), Excalibur International, Excalibur Army et Retia, mais également les firmes DEFCON, Bowenite et Ceská Zbrojovka ont participé au projet PROPED de soutien à la diplomatie économique mis en place par Prague. Les intérêts tchèques dans les secteurs du pétrole et du gaz ainsi
que des mines ont aussi été mis en avant.
Prospection tous azimuts
Pour l’industrie de défense de la République tchèque, déjà bien implantée au Nigeria, l‘objectif est à la fois de consolider ses positions et de s‘offrir de nouveaux débouchés, en particulier dans l‘espace francophone qui présente d‘importantes perspectives de croissance. Au Cameroun et au Gabon, Excalibur a proposé aux ministres de la défense respectifs des deux pays, Joseph Beti Assomo et Michael Moussa Adamo, des offres portant sur des véhicules blindés. Yaoundé et Libreville cherchent en effet depuis quelques mois à équiper leurs contingents engagés au sein de la Minusca, la mission de maintien de la paix onusienne déployée en Centrafrique. Alors que le président Ali Bongo vient de donner son accord pour acquérir quinze blindés Bastion via le français Sofema (AI du
17/06/21), le Cameroun a déjà réceptionné un important lot de véhicules blindés via la société OMP Solutions, pilotée par le général Dominique Trinquand
En parallèle, la firme tchèque Retia, spécialisée en électronique et télécommunications, en a profité pour courtiser le chef d‘état–major de la marine camerounaise, le contre–amiral Jean Mendoua, avec ses systèmes de radars maritimes. Celui-ci était déjà en contact avec le turc Havelsan dans l‘idée de sécuriser les côtes du pays face à la piraterie, alors que Yaoundé peine à financer le renforcement de sa marine par ses propres moyens (AI du 25/06/21).
Des courtiers tchèques bien connectés
Autre société à avoir effectué le déplacement, DEFCON, qui est très loin d‘être un outsider sur les marchés de défense africains. La société de courtage militaire basée à Prague, dirigée par le triumvirat Jiri Milicka, Martin Marcon et Petr Markvart, avait été épinglée par un rapport d‘audit du ministère nigérien de la défense en février 2020, pour ses liens supposés avec la société BRID A DEFCON du broker Aboubacar Hima, alias « Petit Boubé”, dans le cadre de trois marchés entachés d‘irrégularités (AI du 10/07/20). DEFCON a toutefois démenti avoir été associé à BRID A DEFCON, que son fondateur a délocalisé à Prague peu après le début de l‘enquête.
Début de succès au Ghana ?
A Accra, le ministre ghanéen de la défense Dominic Nitiwul a donné une suite favorable à la proposition tchèque portant sur la vente potentielle de six avions d‘entraînement et d‘attaque légers L–39 NG, conçus par la firme Aero Vodochody, fabricant qui a équipé pendant des décennies de nombreuses aviations africaines, à l‘instar de l‘Algérie, la Libye, l‘Egypte et l‘Ethiopie. Le 2 août, le ministre a ainsi communiqué au Parlement une proposition de contrat d‘une valeur de 111 millions d‘euros. Des négociations qui pourraient aboutir au deuxième succès commercial du L–39 NG en Afrique, dans le sillage du Sénégal (AI du 01/06/20). Ce succès reste, pour le moment, en demi–teinte : les livraisons à l‘aviation sénégalaise ont été reportées à 2022 au plus tôt (AI du 01/06/20), le temps qu‘Aero Vodochody achève le développement de l‘appareil.
AI