17 octobre 2025
Paris - France
POLITIQUE

Bénin, Côte d’Ivoire : L’opération d’exfiltration d’un journaliste jette un coup de froid entre Abidjan et Cotonou 

Enlèvement à Abidjan, et détention arbitraire du journaliste Comlan Hugues Sossoukpè au Bénin.

BEN – CIV 002 / 0725 / OBS 044

Enlèvement /Refoulement /Détention arbitraire /Harcèlement judiciaire Bénin – Côte d’Ivoire 18 juillet 2025

Description de la situation :

L’Observatoire a été informé de l’enlèvement en Côte d’Ivoire et de la détention arbitraire au Bénin de M. Comlan Hugues Sossoukpè, journaliste, lanceur d’alerte et défenseur des droits humains béninois, fondateur et directeur de publication du journal d’investigation Olofofo – interdit au Bénin en mars 2025 – et critique du président béninois Patrice Talon. Engagé pour la défense des droits humains, la promotion de la démocratie et la bonne gouvernance, M. Sossoukpè vivait en exil à Lomé, au Togo, depuis 2019, après avoir fui le Bénin suite à des menaces liées à sa couverture médiatique des élections législatives de 2019, qui s’étaient déroulées sans participation de l’opposition et avaient donné lieu à des manifestations violemment réprimées. Il avait obtenu son statut de réfugié au Togo en 2021, deux ans plus tard.

Le transfert du Béninois Hugues Comlan Sossoukpè vers son pays d’origine a provoqué l’ire du président Ouattara, qui n’était pas informé de l’opération. Un officier de gendarmerie ivoirien a été mis aux arrêts dans cette affaire

Le chef de l’État ivoirien Alassane Ouattara ne décolère pas contre son homologue béninois après l’opération d’extradition du journaliste Hugues Comlan Sossoukpè. Il a téléphoné à Patrice Talon pour lui faire part de son mécontentement. Selon Abidjan, l’opération a été menée à l’insu des services de renseignement, et avec la possible complicité de plusieurs de ses cadres

Le 10 juillet, le Bénin a déployé les grands moyens pour l’arrestation d’Hugues Comlan Sossoukpè, avec l’affrètement d’un vol spécial et le déplacement à Abidjan du directeur général de la police béninoise, Brice Kokou Allowanou, et de Ouanilo Mèdégan Falga, directeur général du Centre national d’investigation numérique (CNIN)

Le transfert du journaliste vers le Bénin s’est effectué le 11 juillet en pleine journée. La délégation béninoise s’est présentée à l’hôtel Palm Club, propriété du Fonds de prévoyance militaire (FPM) dans le quartier de Cocody pour tenter d’amener manu militarile journaliste, qui a alors résisté

« Dangereux cyberactiviste » 

Devant le remueménage, la direction de l’hôtel a contacté les autorités ivoiriennes qui ont dépêché sur place le lieutenantcolonel Issa S., commandant de la brigade de sécurité de la gendarmerie nationale. Le lieutenantcolonel Benjamin O., de la brigade de recherche de la gendarmerie ivoirienne a également été mis à contribution. Sur place, il a été demandé aux Béninois de se rendre aux bureaux de la gendarmerie pour élucider l’affaire

Chemin faisant, les responsables béninois ont néanmoins décidé de se rendre directement à l’aéroport international d’Abidjan, évoquant avoir obtenu l’accord de la haute hiérarchie ivoirienne et promettant de remplir les formalités dès le lendemain, au tribunal d’Abidjan. Une fois le journaliste transféré à Cotonou, quelques membres de la délégation béninoise, dont Ouanilo Mèdégan Fagla, restés sur place, se sont rendus au tribunal d’AbidjanPlateau le 12 juillet. Cependant, ils n’ont pas pu rencontrer le procureur de la République, Oumar Braman Koné

Lors de cette opération, les autorités béninoises avaient bien saisi Téné Birahima Ouattara, le ministre de la défense ivoirien pour l’informer de la présence sur son territoire, d’un « dangereux cyberactiviste« , recherché au Bénin. En réponse, le ministère de la défense avait mis en place un dispositif pour suivre Hugues Comlan Sossoukpè durant son séjour dans la capitale économique ivoirienne. Dans la foulée, les services ivoiriens ont sollicité plusieurs documents relatifs à l’entraide judiciaire entre les deux pays et justifiant l’arrestation et l’extradition du journaliste

Réfugié politique 

Une doléance à laquelle la partie béninoise a répondu a minima. Les documents transmis aux services ivoiriens ont en effet été jugés insuffisants pour justifier une telle extradition. D’autant plus qu’Hugues Sossoukpè bénéficiait d’un statut d’exilé et de réfugié politique sous protection des Nations unies, et était à ce titre « inextradable » aux yeux des autorités ivoiriennes. À la présidence, le dossier est suivi par Abdoulaye Touré

De premières sanctions disciplinaires ont d’ores et déjà été prises par le commandement supérieur de la gendarmerie concernant les éventuelles complicités dont aurait bénéficié Cotonou dans cette opération, désormais ouvertement qualifiée d’illégale. Dans ce cadre, le lieutenantcolonel Issa S. a été mis aux arrêts pour violation de consignes, mais il a été relâché le 25 juillet. L’officier avait été coopté par sa hiérarchie pour obtenir le prix d’excellence de la gendarmerie nationale

Jean Moliere : Source AI

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