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Ballet : Guillaume Diop, un jeune danseur français qui atteint le firmament

Guillaume Diop, né le 6 mars 2000 à Paris, est un danseur français du ballet de l’Opéra national de Paris. Il est depuis 2023 danseur au grade d’étoile. Le 11 mars 2023, il est nommé danseur étoile de l’Opéra national de Paris, faisant de lui le premier danseur métis de la compagnie à atteindre ce titre.

A 23 ans, il a été nommé étoile de l’Opéra de Paris à l’issue de la représentation de « Giselle » en Corée du Sud, samedi 11 mars. La promotion-éclair d’un interprète rayonnant.

Je suis content pour les générations futures, pour les enfants qui peuvent se reconnaître en moi et qui ont ce que je n’ai pas eu. » À 23 ans, il est étoile à l’Opéra de Paris. Une première pour un danseur noir. Pour Brut, notre journaliste Cécile Guthleben a passé une journée avec Guillaume Diop.

L’Opéra de Paris est sa première maison. Guillaume Diop est danseur étoile. Il commence la danse à l’âge de 4 ans, motivé par sa sœur qui pratiquait déjà cet art. Mais c’est à 8 ans qu’il commence sérieusement à pratiquer la danse classique. “Ça m’a mis du temps à vraiment conscientiser le fait qu’être danseur, ça pouvait être un métier et que j’avais vraiment envie de le faire.

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Très studieux, il souhaitait, au départ, devenir médecin. “Je me suis vraiment dit: ‘ok, maintenant, Guillaume, tu te donnes les moyens pour être danseur à l’Opéra’. C’était vers 15 ans, je pense. Ça m’a fait du bien de ne pas être dans cette optique-là trop jeune, parce que ça m’a préservé aussi un peu. Et c’est grâce à mes parents. Ils me disaient tout le temps : ‘mais continue l’école, c’est important. Il faut que tu aies des bonnes notes, et tout, parce que tu ne sais pas ce qu’il peut arriver.’ Et du coup, même si j’étais à l’école de l’Opéra, ça m’a permis de garder la vraie raison pour laquelle je dansais, c’est-à-dire parce que ça me faisait plaisir et parce que ça me permettait de m’exprimer”.

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Car avec la carrière de danseur vient aussi la pression de l’âge. “La carrière d’un danseur est courte et on a toujours cette pression de l’âge, tu vois, au-dessus de nous, de se dire, genre: ‘Si à 25 ans, je ne suis pas premier danseur ou sujet… Il faut absolument que je sois danseur étoile avant 30 ans.’ Et du coup, on a toujours ce stress où on a toujours peur de rater le bon moment ou de rater sa chance.”

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“Ma situation était quand même anxiogène”

Lors de chaque entraînement, Guillaume Diop prend le soin de toujours bien faire ses échauffements. “Le plus sérieusement tu t’échauffes, le moins tu as des risques de te blesser. J’ai eu une grosse blessure l’année dernière. Je me suis fait une fracture de fatigue au tibia. J’ai trop poussé dessus, ma situation était quand même anxiogène, dans le sens où je faisais des rôles, on me donnait des opportunités, j’avais l’impression que je ne pouvais pas laisser passer ma chance, et j’avais super mal et j’ai continué de danser dessus jusqu’au point où je n’arrivais presque plus à marcher”.

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Au mois de mars dernier, Guillaume Diop a été nommé étoile, faisant de lui le premier danseur racisé à décrocher ce titre. “C’est fou, parce que c’est arrivé il y a trois mois, maintenant, et je n’ai pas l’impression d’avoir digéré encore toutes les informations qui viennent avec cette nomination. Je suis content que ça arrive, je suis content pour les générations futures, pour les enfants qui peuvent se reconnaître en moi et qui ont ce que, finalement, moi, je n’ai pas eu. C’est en ça que je trouve ça génial. Du jour au lendemain, j’ai reçu énormément d’amour et, malheureusement, aussi beaucoup de choses négatives et ça m’a affecté. Mais j’essaie de m’accrocher à l’amour et de me dire que la meilleure façon d’être le symbole de ça, d’être le premier danseur étoile noir de l’Opéra, c’est en dansant, en continuant d’être qui je suis et de ne pas chercher à changer que je suis ça, maintenant.

Guillaume Diop devient le premier danseur étoile noir de l’Opéra de Paris, c’est une première pour l’institution en 300 ans d’existence.

Guillaume Diop vient de fouler pour la première fois le tapis rouge du Met Gala. Il est venu célébrer l’exposition du Costume Institute au Metropolitan Museum of Art, “Superfine : Tailoring Black Style”, qui examine l’importance du vêtement et du style dans la formation des identités noires au sein de la diaspora. “C’est un thème qui me parle beaucoup, de part mes origines sénégalaises”, confie le danseur étoile.

Elle est la première exposition à se concentrer exclusivement sur la mode masculine depuis “Men in Skirts” de 2003. Elle s’inspire du livre de 2009 de la co-commissaire Monica MillerSlaves to Fashion: Black Dandyism and the Styling of Black Diasporic Identity, dans lequel elle présente le dandysme noir comme une construction à la fois esthétique et politique : “Quand je pense au dandysme, j’imagine des couleurs vibrantes et une forte influence de la culture ouest-africaine”, continue Guillaume Diop. “C’est une manière de réinventer le costume classique que l’on aperçoit souvent sur le tapis rouge.”

Il n’est pas étonnant que Guillaume Diop fasse partie des invités triés sur le volet de cet événement cinq étoiles. Du haut de ses 25 ans, il s’impose parmi les danseurs les plus talentueux de sa génération. Pour lui, tout commence lorsqu’il intègre le Corps de Ballet de l’Opéra de Paris, à 18 ans. Tour à tour Roméo, Prince Siegfried et Basilio du Don Quichotte, on lui confie rapidement des rôles de solistes qu’il embrasse avec distinction. Le 11 mars 2023 arrive la consécration : il devient le premier danseur étoile noir de l’histoire du ballet parisien, après avoir été sacré à l’issue de la représentation du ballet Giselle par délégation d’Alexander Neef, Directeur général de l’Opéra national de Paris, et José Martinez, Directeur de la Danse.
Pour assister à l’événement du Costume Institute, et s’approprier le code vestimentaire “Tailored for You”, Guillaume Diop optait pour un look sur mesure signé Maison Valentino par Alessandro Michele. Il a choisi de faire référence à ses origines sénégalaises et à son héritage mixte : “Dans cette tenue, je tenais à avoir un élément qui s’apparente à un boubou, un vêtement sénégalais traditionnel reconnaissable par ses couleurs très vives.” Celui-ci prend ici la forme d’un manteau à la manière d’une cape en jacquard de soie brodé. Il cache un costume composé d’une veste de tailleur croisée jaune moutarde, d’une chemise aux manches à jabot, et d’un pantalon à pinces, mêlant l’héritage du danseur étoile aux codes stylistiques romantiques et 70’s de Maison Valentino par Alessandro Michele. Le tout, sublimé par un nœud papillon en taffetas de soie noire, des gants en dentelle chantilly et des accessoires Valentino Garavani. Une tenue digne d’un dandy des temps modernes.
Jean Moliere 
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