Lundi 8 décembre, les Vingt-Sept ont ouvert la voie au renvoi de migrants irréguliers hors des frontières de l’Union européenne. Ils pourront être expulsés vers des centres de retour ou des pays tiers dont ils ne sont pas originaires.
« Réunis à Bruxelles, les ministres de l’Intérieur des États membres de l’UE ont donné leur premier feu vert à trois textes présentés cette année par la Commission européenne afin d’encadrer plus strictement les arrivées et les renvois d’exilés« , résume Le Monde.
L’une des mesures phares prévoit de renvoyer les « migrants en situation irrégulière vers des pays tiers sans lien avec leur origine » [Euronews]. Des pays que l’UE considère comme « sûrs », et avec lesquels chaque État pourra conclure des accords bilatéraux de réadmission.
Les personnes pourront également être renvoyées vers des « hubs de retour » à l’extérieur des frontières de l’UE [Le Figaro]. « Parmi les pays souvent cités pour ‘sous-traiter’ la politique européenne en matière de retours : l’Albanie, qui collabore déjà avec l’Italie, le Kosovo, mais aussi le Rwanda ou encore l’Ouganda », avance Le Soir.
Les Vingt-Sept ont enfin adopté des sanctions renforcées pour les migrants qui refuseraient « de quitter le territoire européen » [Les Échos]. Ceux-ci pourront se voir « refuser ou réduire certaines prestations et allocations, permis de travail, ou encore imposer des sanctions pénales, y compris des peines d’emprisonnement » [Le Soir].
Mécontentement croissant
« Nous sommes à un tournant de la réforme européenne de la migration et de l’asile », a déclaré le commissaire européen chargé des migrations, Magnus Brunner, auprès de Politico. Ces mesures « aideront toutes à traiter les demandes plus efficacement et à réduire la pression sur les systèmes d’asile. Elles envoient toutes le même signal : l’Europe ne tolérera aucun abus de ses systèmes. »
Le vote intervient « dans un contexte de mécontentement public croissant à l’égard de l’immigration, et vise à contrer l’extrême droite« , ajoute le média anglophone. Actuellement, « seuls 20 % des ordres de quitter le territoire de l’Union sont effectifs », souligne Le Soir.
Les textes approuvés par le Conseil hier bénéficient du soutien « de la droite et de l’extrême droite, qui se sont alliées au Parlement européen la semaine dernière« , rappelle Le Monde. Le Figaro constate que la baisse « d’environ 20 % d’entrées irrégulières par rapport à l’an dernier n’a pas fait retomber la pression sur les responsables politiques du Vieux Continent« .
La France et l’Espagne sceptiques
Parmi les États membres, la France « s’interroge sur la légalité et l’efficacité de certaines de ces mesures. L’Espagne aussi demeure dubitative, notamment concernant l’utilité des ‘hubs de retour’, déjà expérimentés par plusieurs pays mais sans réel succès » voire remis en cause par la justice [Les Échos].
De leur côté, « la gauche et les associations de protection de migrants […] dénoncent des mesures violant les droits humains », détaille Libération. « Au lieu d’investir dans la sécurité, la protection et l’inclusion, l’UE choisit des politiques qui plongeront davantage de personnes dans le danger et l’insécurité juridique« , alerte notamment Silvia Carta de PICUM, une ONG de protection des sans-papiers. Proche du dossier, l’eurodéputée française Mélissa Camara constate « un renoncement aux valeurs européennes fondamentales et aux droits humains » [Le Soir].
Répartition confidentielle
La future répartition des demandeurs d’asile a également été précisée hier. À compter de juin 2026, « les pays situés en première ligne des routes migratoires, tels que la Grèce et l’Italie », pourront transférer une partie des demandeurs d’asile vers d’autres États [La Dépêche].
Ceux qui refuseront de les accueillir devront verser « une contribution financière de 20 000 euros par demandeur d’asile aux pays sous pression« , précisent Les Échos. « La répartition exacte décidée par les Vingt-Sept lundi est restée confidentielle« , ajoute toutefois le quotidien. « Il y a peu de ministres de l’Intérieur qui vont vouloir venir devant la presse et dire ‘ok, j’en ai pris 3 000′ », explique un responsable européen cité par Le Monde.
« Plusieurs pays, dont la Belgique, la Suède ou l’Autriche, sont déjà sortis du bois en annonçant qu’ils n’accepteront pas les demandeurs d’asile d’autres États membres« , précise Le Figaro. Une décision finale est pourtant « requise d’ici la fin de l’année« , alors que « des négociations doivent maintenant s’ouvrir avec le Parlement européen« [Le Temps].
Source EU

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