L’ancienne première dame et candidate à l’élection du 25 octobre a décidé de se mettre en retrait de la coalition dont elle faisait partie, la Coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire (CAP–CI), pour se concentrer sur sa campagne.
<<< Bien culotté. » C’est en ces termes que Simone Ehivet Gbagbo décrit l’avocat franco–libanais Robert Bourgi, proche de son ex–mari, Laurent Gbagbo. La candidate à l’élection présidentielle est sur le plateau d’une émission télévisée diffusée le 17 septembre. Bourgi y est passé avant elle, et l’a interpellée directement. << Simone, tu as été l’icône de la jeunesse et des femmes en Côte d’Ivoire. Redeviens vite ce que tu as été, retrouve tes compagnons de route et renonce à être candidate», supplie–t–il, sur un ton très familier. <<J’aurais aimé qu’il soit aussi engagé quand la France tirait sur son ami Laurent Gbagbo »>, répond, souriante mais cinglante, la présidente du Mouvement des générations capables (MGC).
L’ancienne première dame, et fervente militante de la gauche ivoirienne, est connue pour sa verve acerbe, et ses vidéos font régulièrement le buzz. Cette séquence, qui a fait le tour des réseaux sociaux, témoigne surtout des interrogations autour d’une union, dont l’idée semble aujourd’hui très lointaine, de l’opposition contre Alassane Ouattara. Elle fait partie des cinq candidats dont les dossiers ont été validés par le Conseil constitutionnel, ce qui n’est ni le cas de son ex–époux, ni celui du président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Tidjane Thiam.
Vers la fin de l’alliance du PDCI, du FPI et du MGC?
L’espoir d’une alliance suscité par la création de la Coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire (CAP–CI), qui regroupe notamment le PDCI, le Front patriotique ivoirien (FPI) et le MGC, s’amenuise chaque jour un peu plus. Le 25 septembre, Simone Ehivet Gbagbo
a déclaré se mettre en retrait du porte–parolat de la plateforme créée en mars, pour se « consacrer pleinement et exclusivement à la précampagne, puis à la campagne électorale présidentielle »>.
Signe–t–elle l’acte de décès de la CAP–CI? Si Simone
Ehivet Gbagbo ne ferme pas complètement la porte, et appelle entre les lignes à soutenir sa candidature, elle trace pour l’heure sa route en solitaire. Une nouvelle porte–parole a été nommée en la personne de Danièle Boni–Claverie, présidente de l’Union républicaine pour la démocratie (URD), et la coalition a affirmé être «solidaire du Front commun», composé principalement du PDCI et du Parti des peuples africains–Côte d’Ivoire (PPA–CI) de Gbagbo, «dans son combat ». Aucun de ces partis, dont les leaders ont été écartés, n’a appelé à soutenir l’un de ses camarades de l’opposition.
C’est pourtant ce que souhaitait la présidente du MGC.
Selon les premières discussions engagées par la CAP–CI, et en particulier avec le PDCI, chaque parti devait déposer son dossier, puis, en cas de refus, appeler à soutenir un membre de la coalition. Mais le parti de Tidjane Thiam, qui s’est allié ces derniers mois avec celui de Laurent Gbagbo, n’a pas suivi cette ligne. Toutefois, lui aussi allié à la coalition, le président du FPI, Pascal Affi Nguessan, s’est également rapproché du Front commun. L’ex–première dame avait appelé à l’intégration sur la liste électorale de tous les candidats inéligibles. « La logique aurait voulu que le PDCI soutienne Simone Ehivet Gbagbo, analyse un cadre du MGC. Mais on discute encore, la CAP–CI n’est pas encore détruite. »
Tandem avec Charles Blé Goudé
La candidate se concentre donc sur la structuration de sa campagne, dont le directeur est son vice–président et fidèle collaborateur, Dominique Traoré. Simone Ehivet Gbagbo a programmé plusieurs réunions avec ses équipes afin de procéder aux dernières nominations, et de lancer sa tournée à travers le pays. Elle devrait parcourir une dizaine des 13 districts durant la période de campagne, du 10 au 23 octobre, avant le premier tour de l’élection
présidentielle prévu le 25 octobre.
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se range derrière Simone Ehivet Gbagbo
Dans les rangs de l’opposition, la présidente du MGC peut
compter sur le président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep), Charles Blé Goudé.
L’ancien ministre de la Jeunesse discute très fréquemment avec Simone Ehivet Gbagbo, dont il est très proche et avec qui il forme depuis plusieurs mois un discret tandem. Il s’est d’ailleurs rendu chez elle pour une longue visite de travail le 25 septembre, et devrait, selon nos informations, annoncer son ralliement à sa
candidature, à Yamoussoukro, lors de la convention de son parti le 4 octobre. Lui–même aspirait à briguer cette fois encore la magistrature suprême avant de renoncer.
La présidente du MGC a également des canaux de discussion avec Ahoua Don Mello, ancien ministre de Laurent Gbagbo et ex–vice–président du PPA–CI, mais n’échange pas, pour le moment, avec Jean–Louis Billon,
dissident du PDCI, ni avec Henriette Lagou. Quant à ses relations avec le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), du président Ouattara, Simone Ehivet Gbagbo s’est défendue de toute manoeuvre visant à obtenir des financements du pouvoir.
JA
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