8 octobre 2025
Paris - France
EUROPE

« Fier d’être africain » : le député guadeloupéen Olivier Serva devient citoyen béninois

En pleine dénonciation de la montée d’un climat xénophobe en France, le député de Guadeloupe Olivier Serva a choisi de devenir binational. Profitant d’une loi votée en 2024, il a récemment acquis la nationalité béninoise, renouant ainsi avec les racines de ses ancêtres déportés durant la traite négrière.

À 51 ans, Olivier Serva, élu de Guadeloupe et membre du groupe Liot à l’Assemblée nationale, a franchi une étape symbolique et personnelle forte : il est désormais citoyen béninois. Cette décision, officialisée le 21 mai dernier par décret signé du président Patrice Talon, s’inscrit dans une démarche de mémoire, mais aussi dans un message politique face à ce qu’il décrit comme une montée inquiétante de la xénophobie en France.

Une loi pour renouer avec la mémoire des afro-descendants

Depuis 2024, le Bénin permet aux descendants d’Africains déportés lors de la traite transatlantique d’obtenir la nationalité du pays. Ancien royaume du Dahomey, le Bénin fut l’une des principales plaques tournantes du commerce triangulaire. Plusieurs personnalités ont déjà bénéficié de cette loi, comme la chanteuse américaine Ciara.

En janvier, Olivier Serva s’est rendu pour la première fois en Afrique subsaharienne, sur les terres de ses ancêtres. Entre émerveillement devant le dynamisme du pays et émotion à Ouidah, face à la « Porte du Non-Retour », le député a vécu un voyage fondateur.Penser que vos aïeux sont passés par là, j’en suis sorti bouleversé.

Olivier Serva, député de la Guadeloupe

Face au climat politique français, une réponse identitaire

De retour à Paris, le député guadeloupéen a multiplié les prises de parole pour dénoncer la banalisation de discours stigmatisants sur les étrangers et les afro-descendants. « Français de papiers », « submersion migratoire », « mexicanisation de la France » : autant d’expressions qu’il dénonce comme des propos racistes déguisés, entretenus notamment, accuse-t-il, par le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau.

La France doute, et il faut trouver un bouc émissaire. L’étranger est tout trouvé, tout désigné », regrette l’élu qui fut notamment co-rapporteur de la loi immigration sur le volet ultramarin. Pour certains, « les supposés maux de la France viendraient des Africains, ce que je trouve tout à fait injuste lorsque l’on se penche sur notre histoire », explique Olivier Serva qui a co-fondé un petit parti centriste Utiles, émanation du groupe Liot.

En tant que député français, je veux affirmer avec fierté à mes homologues députés, mais aussi à la France en général, que je suis africain.

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