Le gouvernement malien a finalement accordé l’autorisation d’exporter le lithium extrait de la mine de Bougouni, ouvrant la voie aux premiers envois vers le port d’Abidjan. De là, les cargaisons prendront la direction de la Chine, acheteur exclusif de cette ressource stratégique.
Le numéro trois mondial du lithium a misé sur le port ivoirien pour exporter son minerai de la mine de Goulamina. La junte à Bamako a validé ce choix logistique, en dépit de ses relations difficiles avec son voisin du Sud.
Le géant chinois Ganfeng Lithium mise plus que jamais sur le port d’Abidjan. Le numéro trois mondial du minerai de lithium, crucial pour la filière des batteries électriques, a déjà exporté, en passant par les infrastructures portuaires abidjanaises, plus de 60 000 tonnes (t) depuis juillet 2025, acheminées par camion de sa mine malienne de Goulamina, située dans le sud du pays (voir notre carte), à proximité des frontières guinéenne et ivoirienne. D’ici à la fin de l’année 2025, Ganfeng prévoit d’y embarquer encore quelque 70 000 t de minerais.
EXPORTATION DU LITHIUM DE LA MINE DE GOULAMINA
Route suivie pour le transport de minerai Terminal Vraquier
Pour cela, le groupe chinois a dépêché à plusieurs reprises depuis le début de l’année 2025 les dirigeants de sa filiale Lithium du Mali, afin de négocier les conditions portuaires avec Hien Sié, le directeur général du Port autonome d’Abidjan (PAA), ainsi qu’avec le belge Sea–Invest, qui gère le terminal vraquier.
Investissement complémentaire
Le choix d’Abidjan a été validé par l’État malien, qui détient 30 % de Lithium du Mali, en dépit des relations tendues de la junte du général Assimi Goïta avec les
autorités ivoiriennes. Le renouvellement des aménagements logistiques et portuaires ivoiriens a pesé, en comparaison des corridors de Conakry et Dakar. Le britannique Kodals Minerals, qui exploite la deuxième mine de lithium du Mali avec un objectif de production annuelle de 125 000 t, envisage également d’exporter son minerai en passant par Abidjan.
Le projet de Goulamina, qui n’en est qu’à sa première phase de production, nécessitera de Ganfeng un investissement complémentaire de 318 millions de dollars pour atteindre les 500 000 t annuelles. Avant cela, le groupe chinois doit encore verser la troisième et dernière tranche de 171 millions de dollars d’ici à la fin
de l’année 2025 à Leo Lithium. Cette transaction finalisera le rachat de la mine malienne au groupe australien, qui menait jusque–là le projet extractif.
Un projet qui change la donne
Le projet est détenu à 65 % par Ganfeng et à 30 % par l’État malien. Il vise à développer l’économie locale en créant des emplois et en améliorant les infrastructures.
Ce modèle s’inscrit dans une tendance régionale. Par exemple, Kodal Minerals a reçu l’autorisation d’exporter son lithium via Abidjan vers Hainan Mining, une autre entreprise chinoise.
La Côte d’Ivoire, nouveau centre minier
Grâce à ses installations modernes, Abidjan devient un centre régional pour les exportations minières. Ce positionnement attire de plus en plus d’investisseurs dans les secteurs du lithium, du manganèse et du cobalt.
Cette dynamique illustre l’influence croissante de la Chine dans le secteur minier africain. Pékin cible en particulier les minerais stratégiques indispensables aux batteries et aux semi-conducteurs. Selon le think tank Projet Afrique Chine, les profits tirés de l’or et des minerais sont tels que les compagnies chinoises acceptent d’opérer dans des zones à haut risque sécuritaire, que ce soit au Mali, en République démocratique du Congo ou au Ghana.
Jean Molière source AI
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