23 novembre 2025
Paris - France
INTERNATIONAL

Etats-Unis : La nouvelle obsession de la Silicon Valley: avoir des bébés superintelligents 

EtatsUnis (USA

La nouvelle obsession de la Silicon Valley: avoir des bébés superintelligents 

The Wall Street Journal 

Les patrons de la tech sont prêts à payer des dizaines de milliers de dollars pour trouver le partenaire le plus brillant ou sélectionner des embryons à QI élevé : << ils veulent des enfants ultra performants >> 

Tsvi BensonTilsen, mathématicien, a passé sept ans à se demander comment empêcher une forme avancée 

d’intelligence artificielle de détruire l’humanité pour en arriver à la conclusion que c’était impossible, du moins à 

court termeIl a donc décidé de mettre son cerveau surpuissant au service d’une autre solution: promouvoir une technologie 

permettant de créer des humains supérieurement intelligents, qui seront chargés de nous sauver les géants de la tech américaine en pleine crise existentielle 

<< J’ai l’intuition que c’est notre meilleure chance de survie », affirme le cofondateur de Berkeley Genomics 

Project, une entité à but non lucratif qui planche sur le sujet

Non, vous n’êtes pas en train de lire un livre de science- fiction. Vous êtes dans la Silicon Valley, l’on rêve de 

donner naissance à des bébés super intelligents

Les futurs parents y sont prêts à payer jusqu’à cinquante mille dollars pour des tests génétiques innovants qui 

promettent de sélectionner les embryons dont le QI est le plus élevé. Les technofuturistes comme Elon Musk 

poussent les plus doués à se reproduire tandis que les marieuses aident les cadres de la tech à trouver des 

partenaires à la hauteur de leurs capacités intellectuellesnotamment pour faire des enfants aussi brillants qu’eux

<< En ce moment, j’ai trois patrons de sociétés technologiques, et ils veulent tous rencontrer quelqu’un 

qui sort d’une grande école », affirme Jennifer Donnellyspécialiste des rencontres qui peut facturer ses prestations jusqu’à un demimillion de dollars

La fascination pour ce que certains appellent << l’optimisation génétique » témoigne de la vision du mérite et du succès dans la Silicon Valley. << Pour moi, ils 

se disent qu’ils sont très intelligents et qu’ils ont réussiqu’ils méritent d’être ils sont parce qu’ils ont « les bons gènes« , estime Sasha Gusev, généticien et 

statisticien à la Harvard Medical School. Et aujourd’hui, ils ont des outils qui semblent pouvoir leur permettre de faire la même chose avec leurs enfants. >> 

Une obsession pour le QI qui fait débat et inquiète les spécialistes de la bioéthique

<< Estce que c’est une pratique juste? Beaucoup de gens se posent la question, souligne ainsi Hank Greely

responsable du centre de droit et de biosciences de Stanford. Cela ferait un excellent scénario de film de 

sciencefiction : les riches créent une caste génétiquement supérieure qui prend le pouvoir et nous, on bosse pour eux. >> 

Dans la Silicon Valley, les écoles maternelles exigent des tests de QI et tout ce qui est nouveau est désirable

la question de la sélection prénatale ne pose aucun problème aux parents

« Cela ferait un excellent scénario de film 

de sciencefiction: les riches créent une caste génétiquement supérieure qui prend le pouvoir et nous, on bosse pour >> 

eux << Le QI, c’est leur truc dans la Silicon Valley » 

<< Il existe aujourd’hui tout un écosystème de personnes en général ultra fortunées ou de rationalistes obsédés par 

l’intelligence, à Berkeley notamment, qui veulent tout savoir du QI pour pouvoir s’en servir comme critère de 

sélection des embryons », indique Stephen Hsucofondateur de Genomic Prediction, l’une des premières 

entreprises à proposer ces tests

Nucleus Genomics et Herasight proposent elles aussi des prédictions de QI basées sur des tests génétiques; les deux startup disent vouloir aider les futurs parents à 

choisir les embryons qui seront utilisés pour les fécondations in vitro (FIV). Dans la région de San Francisco, la demande est au rendezvous, quand bien 

même Nucleus facture six mille dollars et Herasightjusqu’à cinquante mille

<< Le QI, c’est leur truc dans la Silicon Valley », résume Kian Sadeghi, le fondateur de Nucleus. Ce qui n’est pas forcément vrai dans le reste des EtatsUnis. << Si vous 

interrogez des Américains ordinaires, ils ne vous diront pas nécessairement qu’ils rêvent que leurs enfants aillent à Harvard, il y a même plus de chances qu’ils vous disent qu’ils aimeraient qu’ils soient les prochains LeBron 

James », ajoutetil

 

  • Panique en Occident: la Chine fait des ponts d’or aux talents de la tech Simone et Malcom Collins font partie de ceux qui ont sauté 

le pas. Militants du mouvement pronataliste, ils travaillent dans la tech et le venture capital et ont quatre enfants

obtenus par FIV, dont certains après une analyse menée par Herasight

Mme Collins raconte que le couple a choisi l’embryon du bébé qu’elle porte en ce moment parce qu’il avait un 

risque de cancer plus faible. Les futurs parents se réjouissent aussi parce qu’il se trouve << dans le 99e centile 

de score polygénique pour la probabilité qu’il soit exceptionnellement intelligent >>

<< On s’est dit que c’était super cool », souritelleLe petit garçon devrait s’appeler Tex Demeisen, en 

hommage au roman de sciencefiction Les Enfers virtuelsd’lain M. Banks, et à l’avatar du navire de guerre baptisé 

<< En dehors des contraintes morales habituelles »

Pour Mme Collins, quelqu’un de très intelligent a plus de chances de bien gagner sa vie, par exemple. Son seul 

regret, c’est de ne pas avoir pu faire tester l’ambition de son futur enfant<< La volonté compte beaucoup plus que les capacités

expliquetelle. La persévérance, l’ambition, la curiosité… 

On aurait vraiment aimé pouvoir faire tester ces qualités. >> 

Quel risque de TDAH compense dix  » points de QI supplémentaires

<< Rien d’exceptionnel dans l’informatique 

Rares sont les couples qui acceptent un parcours de FIV aussi difficile que coûteux sans y être obligés. Sauf dans 

la Silicon Valley, , inquiets de voir des cas de cancer et de maladie d’Alzheimer dans leurs familles, deux ingénieurs en informatique ont choisi de le suivre

La question du QI avait aussi beaucoup d’importance pour eux, car ils espèrent que leurs rejetons seront capables de 

résoudre les grands problèmes du monde et de faire travailler leurs neurones

Pour eux, ils n’ont << rien d’exceptionnel dans l’informatique >> : ils aiment la sciencefiction, les jeux de logique et les débats pour le plaisir de débattre

Quand les résultats du test Herasight sont arrivés, ils ont créé une feuille de calcul Google partagée pour classer les 

éléments par ordre d’importance

<< Quel risque de développer Alzheimer compense une baisse de 1% du risque de bipolarité? Quel risque de 

TDAH compense dix points de QI supplémentaires? >> 

Après d’interminables débats et des calculs passablement complexes, le couple a établi un score pour chaque 

embryon

Celui qui est arrivé premier du classement (et à la troisième place pour le QI) a donné leur fille

(Ils pensent génétique, résultats scolaires et héritage << L’amour n’est pas le seul critère >> » 

« Mais ces tests sontils fiables

La réponse est << pas tellement », affirme Shai Carmienseignant à l’université hébraïque de Jérusalem et 

pionnier des modèles sur lesquels se basent ces prédictions

 » Selon lui, les chercheurs ont trouvé une certaine corrélation entre les capacités cognitives et l’effet cumulé 

de plusieurs milliers de variants du génome humain et les modèles actuels expliquent entre 5% et 10% des 

différences de capacités cognitives entre les humains

Des parents qui classent les embryons en fonction du QI prédit peuvent gagner trois à quatre points de QI, en 

moyenne, par rapport à une absence de sélection. << Ce qui ne suffira pas à faire de leur enfant un génie », sourit- il

Les experts préviennent aussi que la sélection n’est pas sans conséquences. En optant pour un embryon à 

potentiel de QI élevé, les parents risquent d’accueillir un enfant avec des caractéristiques dont ils ne voulaient pas

<< Choisir l’embryon censé avoir le QI le plus élevé, c’est aussi, potentiellement, choisir celui qui aura le risque de 

troubles du spectre de l’autisme le plus élevé », explique ainsi M. Gusev

Les universitaires notent à ce propos qu’il existe des façons plus classiques d’avoir un enfant supérieurement 

intelligent, comme l’éducation ou le fait de le faire avec une personne intelligente. << Et c’est probablement plus sympa », souligne Paula Amato, spécialiste de la fertilité à l’université de la santé et des sciences de l’OregonPourtant, dans la Silicon Valley, même ces méthodes ancestrales peuvent coûter cher

<< L’intelligence et le QI sont des aspects qui reviennent tout le temps, souligne Mme Donnelly », la marieuse de Dallas. Même si le sujet n’est pas forcément abordé de 

façon claire, ses clients pensent à leur descendance<< Ils veulent des enfants ultra performants, explique Mme Donnelly. L’amour n’est pas le seul critère : ils pensent 

génétique, résultats scolaires et héritage. >> 

 » Certains d’entre eux participent à un programme eugéniste qui vise à créer des êtres humains supérieurement 

intelligents, car ce sont eux qui rendront >> 

les IA sûres Il faut plus de génies 

C’est d’un groupe de spécialistes de l’informatique de Berkeley que vient la raison la plus originale de faire des bébés plus futés qu’avant. Ces rationalistes, comme on les appelle, craignent que l’IA ne devienne un risque pour l’humanité

<< Ils pensent que, pour imaginer une IA sûre, il faut des êtres humains plus intelligents, explique M. Hsu. Certains 

d’entre eux participent à un programme eugéniste qui vise à créer des êtres humains supérieurement intelligents, car 

ce sont eux qui rendront les IA sûres. >> Fils de rabbin et fer de lance du mouvement, M. Benson- 

Tilsen explique son ambition avec moult précautions. II explique vouloir << permettre aux parents de faire des choix 

génétiques, notamment celui d’avoir un enfant avec un QI 

plus élevé »

  • Soutenu par des milliardaires de la tech, ce projet de ville utopique a du mal à convaincre les Californiens 

C’est ce choix parental, poursuitil, qui distingue le mouvement rationaliste des programmes eugénistes de 

sombre mémoire, comme celui des nazis qui voulaient éliminer les << indésirables >>

Il est convaincu que des humains plus intelligents finiront par trouver comment faire en sorte que l’IA respecte les 

valeurs humaines ou convaincre les autres de renoncer à développer de nouveaux modèles

<< Ce qui m’intéresse, ce sont les choses qui auront un impact important, expliquetil, notamment celles qui 

permettent de faire plus de génies. >> 

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