13 novembre 2024
Paris - France
POLITIQUE

Eric Gabirault Expert en développement s’est rendu à Abidjan pour rendre un ultime hommage à l’ancien Président H.Konan Bedié de Côte d’Ivoire

Du 27 au 31 mai, les ultimes hommages ont été rendus dans son village natal de Pepressou, où Henri Konan Bédié a été inhumé le 1er juin dans le caveau familial.
Entretien Exclusif avec M. Eric  Gabirault expert en Développement lors de son déplacement en Côte D’Ivoire pour les obsèques de l’ancien Président  Henri Konan Bedié  décédé en Aout 2023. Ce déplacement revêt un double intérêt : la fibre  aigue du Panafriscanisme   de M. Gabirault et son lien  » filial » avec le sphinx de Daoukro qui le lui a déjà témoigné à plusieurs occasions.
Il nous a livré ses impressions à cette occasion douloureuse à Daoukro en mai dernier d’une voix émouvante.
  
Continent Media :M. Eric Gabirault Vous étiez aux obsèques de l’ancien président Henri Konan  Bédie en Côte d’Ivoire en mai dernier sur invitation de qui?
E.G : Permettez-moi d’abord de vous dire que lorsque l’on est profondément attaché aux valeurs panafricaines, comme je le suis, rendre hommage à un grand homme d’état du continent s’apparente à un devoir naturel.
À ce titre, il y’a lieu de relativiser l’importance de l’invitation bien qu’ayant été très honoré.
CM:Quels  étaient  vos liens avec le Président Bédié?
EG: Le président Bedié que j’ai eu l’immense honneur de rencontrer en 2022 était un ami de mon père Feu Olivier Gabirault, l’un des plus grands et meilleurs serviteurs de l’état que mon pays ait connu. Cette amitié résulte d’une visite officielle effectuée par ce dernier à Abidjan au début des années 90, lorsque HKB dirigeait l’assemblée nationale ivoirienne. En 2022, cette amitié s’est accentuée à travers une audience que le président Bedié m’a accordée à Daoukro. À l’époque expert en développement  à l’AFD, je nourrissais l’idée de créer une ONG proposant des projets structurants à forte valeur ajoutée pour mon pays ,la République Centrafricaine. À ce titre, rencontrer un acteur clé du miracle économique ivoirien m’a semblé une opportunité inédite.
Par ailleurs,je voulais m’inspirer de la sagesse de son immense vision. Fort de tout cela, des liens affectifs forts se sont créés au point où il m’appelait « fils ».
En 2022, lors du décès de mon père, il m’a personnellement écrit pour me soutenir dans cette douloureuse épreuve. C’est en quelque sorte un père politique que j’ai perdu.
CMQuel accueil vous a-t-il été réservé ?
EG: Je dois avouer que j’ai été très honoré par la dimension protocolaire de l’accueil qui m’a été réservé. À la fois émouvant et chaleureux, celui-ci témoigne incontestablement de la reconnaissance que la grande famille du PDCI -RDA a  voulu rendre en particulier à ceux qui sont venus d’horizons lointains pour rendre un dernier hommage au sphinx de Daoukro. Je tiens à leur réitérer tous mes remerciements pour leur disponibilité et  bienveillance.
CM: souhaitez-vous maintenir ces liens avec son parti PDCI-RDA même après son décès?
EG: Cela me parait primordial à plusieurs titres. En effet, fort de mes convictions panafricaines, j’ai toujours voué une admiration sans faille  pour ce parti qui est le plus ancien d’Afrique subsaharienne après l’African National Congres (ANC) en Afrique du Sud, dont l’objectif historique lors de sa création en 1946 a été l’émancipation du peuple noir. Ce parti incarne l’essence même de l’engagement pour la prospérité de ce pays avec son
réservoir exceptionnel de cadres.
CMQue retenez-vous de l’homme ?
E.G: J’ai eu l’occasion de le dire à sa veuve combien les qualités d’homme d’état, de rassembleur, de paix et de prospérité qu’il incarnait étaient des vertus universelles auxquelles chaque fils d’Afrique ou du monde devrait s’y identifier avec fierté.
Son sens du devoir était tellement grand qu’il a préféré faire don de soi , du renoncement et sacrifice pour préserver la paix et la cohésion nationale.
Il restera à jamais l’un des architectes majeurs de la croissance exceptionnelle de la Cote d’ivoire, à travers la planification d’un projet d’une envergure inédite « les 12 travaux de l’éléphant ».
Fasciné par toutes les politiques de développement en faveur de l’Afrique, j’ai toujours estimé  que ce programme (largement salué à l’époque par l’ensemble de la communauté financière internationale) constituait une véritable référence en matière de développement. Force est d’ailleurs de constater que l’actuel président Alassane  Ouattara s’est largement inspiré de la plupart de ces projet pour conduire sa gouvernance.
CM- Avez-vous rencontré son successeur ? Et comptez-vous  maintenir les liens?
EG-Tidjane Thiam est l’une des personnalités africaines les plus influentes et inspirantes que je souhaitais rencontrer depuis plusieurs années. M’entretenir avec lui a donc été pour moi un immense honneur que je ne considère pas comme un aboutissement mais bien au contraire  comme le point de départ d’une longue relation d’échanges constructifs  au service de nos sociétés africaines. J’ai eu l’occasion de lui exprimer ma grande confiance à le voir prochainement hisser son parti au premier plan et diriger la nation ivoirienne.
CM- Vos impressions sur la coopération africaine.
EG-Transformer l’économie de nos pays africains implique non seulement la mise en oeuvre de politiques publiques innovantes mais il faut une aussi réelle coopération sur des sujets d’ordre économique, social, culturel.
L’ Afrique qui connait aujourd’hui la croissance démographique la plus rapide du monde (2,63% contre 1,1 % à l’Asie du Sud Est) a besoin d’unité entre ses citoyens pour mieux affronter les défis de la mondialisation. Il y’a lieu de libéraliser le commerce et faciliter les investissements et les déplacements des hommes d’affaires.
Nous devons soutenir des échanges de réflexions essentiels comme l’investissement, la lutte contre la corruption, le numérique, l’éducation, la transformation industrielle de nos matières, les perspectives énergétiques etc..
L’idée d’un vaste espace de dialogue entre jeunes africains consacré au rayonnement de nos villes me parait aussi une idée intéressante.pour le développement harmonieux d’une Afrique moderne, solidaire et ambitieuse.
CMVotre dernier mot

EG-Nous devons nous inspirer des  grands leaders du continent pour mieux comprendre leurs visions, les  grandes réalisations, des modèles qui fonctionnent ailleurs. À ce titre, chaque jeune africain doit croire en sa capacité à transformer l’histoire de son pays et plus largement l’histoire du continent.

Jean Moliere
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