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Valérie Pécresse écrase Eric Ciotti et représentera la droite républicaine pour la bataille de l’Elysée 2022

Avec 6 suffrages exprimés sur 10, la présidente de la région Île-de-France a remporté haut-la-main ce samedi 4 décembre la « primaire » du Congrès des Républicains. Une revanche pour Valérie Pécresse, qui avait quitté LR pour s’affranchir de la ligne Wauquiez en lançant son propre mouvement politique, Libres. Cette chiraquienne mariée à un Corrézien, désormais célèbre pour ses tailleurs rouges sur carré blond, veut rassembler la droite républicaine et s’imposer face à Emmanuel Macron en avril prochain.

La campagne pour l’élection présidentielle 2022 va enfin pouvoir vraiment commencer. Le paysage s’est éclairci ce samedi avec la fin du match à cinq des candidats à l’investiture de la droite républicaine, remporté assez largement par une femme, une première dans l’histoire du vieux parti gaulliste, présidente de la région capitale et  chiraquienne historique, mariée à un corrézien de surcroît. Valérie Pécresse, qui avait été réélue à la tête de la région Île-de-France l’an dernier malgré le tir de barrage macroniste qui avait mis en face d’elle ses principaux ministres, s’est nettement imposée ce samedi face au très droitier Eric Ciotti, président du Conseil général des Alpes-Maritimes, par 60,95% des voix exprimées au second tour du Congrès des LR.

La digue de Chirac : « aucun compromis possible avec l’extrême-droite »

Cette victoire sans conteste est une sacrée revanche pour la présidente de la région Île-de-France, affranchie des attaches partisanes depuis le lancement de son mouvement Libres (référence au livre écrit par Nicolas Sarkozy dont elle a été l’une des principales ministres en 2007 avec la réforme des universités puis le Budget). Elle a marqué des points au cours des trois grands débats télévisés qui l’ont opposée à Eric Ciotti, Michel Barnier, Xavier Bertrand et Philippe Juvin. Les trois derniers l’ont d’ailleurs soutenue pour le round final. Alors que son adversaire Eric Ciotti a sans doute reçu le baiser de la mort en étant soutenu par le polémiste d’extrême-droite Eric Zemmour. Dans un tweet, jeudi dernier, l’ancien éditorialiste vedette de Vincent Bolloré avait écrit « heureux, cher Eric, de voir nos idées si largement partagées par les militants LR. Le RPR n’est pas mort ».

Visiblement, parmi toutes les « fake news » proférées par Zemmour depuis qu’il est entré dans l’arène, celle-ci figurera dans les annales, puisque malgré le score de 25,59% de Ciotti qui a viré en tête de la primaire, les militants de la droite républicaine ont choisi avec Valérie Pécresse une ligne plus républicaine, adressant un signal clair à tous ceux qui veulent voir disparaître la « digue » érigée par Jacques Chirac en avril 2002 lors de son affrontement avec Jean-Marie Le Pen : aucun compromis possible avec l’extrême-droite.

La victoire de Valérie Pécresse est ainsi un double message : il remet cette digue au centre du jeu et fait de la candidate LR l’adversaire du camp extrémiste incarné par la double candidature d’Eric Zemmour (encore très instable, le polémiste étant en chute dans les sondages et peinant à obtenir ses 500 signatures) et de Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national que Valérie Pécresse continue d’ailleurs d’appeler le FN lors des débat au conseil de la Région Ile-de-France.

« La dame du faire »

Le deuxième message, que celle qui se nomme elle-même la « dame du faire », par référence à Margaret Thatcher (2/3 Merkel, 1/3 Thatcher, dit-elle d’elle-même), pour marquer sa volonté d’agir sur un positionnement de droite assumée, vise directement Emmanuel Macron et la majorité actuelle. Pour le président de la République, qui jusqu’ici jouait de son positionnement ambigu, « en même temps » de gauche et de droite et surtout à droite sur l’économie et le social, la perspective de devoir affronter une femme, de droite, largement soutenue par son camp, est un challenge imprévu et cela va forcément changer tout le scénario jusqu’ici écrit d’avance de la campagne présidentielle. Avec trois femmes contre lui, Marine Le Pen qui remonte la pente pour un match retour de 2017, la socialiste Anne Hidalgo, maire de Paris, certes en panne dans les sondages, mais qui pourrait s’allier d’ici février au Vert Yannick Jadot, qui sait, et enfin Valérie Pécresse, deuxième présidente de région à briguer l’Elysée après Ségolène Royal en 2007, le président sortant a peut-être plus de souci à se faire qu’il ne le pense. Pour rappel, depuis Chirac et Mitterrand, aucun président de la République sortant n’a jamais été réélu à l’Elysée

D’autant que, s’agissant du programme économique, il va être intéressant de jouer aux sept différences entre le projet, encore imprécis, mais clairement libéral, d’Emmanuel Macron, et celui de Valérie Pécresse, dont les propositions principales, comme la baisse des charges sur les bas salaires, la réforme des retraites et la baisse du nombre de fonctionnaires pour réformer et simplifier l’Etat ne sont guère éloignées de la ligne politique actuelle. Au point que beaucoup ont voulu voir en « Valérie » une possible Première ministre. Elle, c’est clair, se voit bien première présidente de la République. Si elle réussit ce pari, cela changerait aussi les perspectives pour les « hommes » de l’ex-UMP, Edouard Philippe et son parti Horizons, ou Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui visent de prendre leur tour en 2027…

Une chose est sûre, Valérie Pécresse s’annonce comme une candidate redoutable. Elle fera ce samedi le 20h00 de TF1 et se prépare à de premiers meetings sous pass sanitaire. Aux militants qui l’ont choisi, elle a annoncé la couleur : « aujourd’hui, j’ai une bonne nouvelle les chers amis : la droite républicaine est de retour. La droite des convictions, la droite des solutions et elle part au combat avec une volonté implacable parce que la France ne peut plus se permettre d’attendre », a-t-elle lancé au milieu de ses « amis ».

La Tribune

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