L’opposant sénégalais Ousmane Sonko a été arrêté pour « troubles à l’ordre public et participation à une manifestation non-autorisée » le 3 mars, alors qu’il se rendait au palais de justice de Dakar à la suite d’une accusation de viol. En cause, un changement d’itinéraire. Aussitôt, la colère est montée dans la rue ; des partisans ont affronté la police en scandant « libérez Sonko ». Les manifestations se sont ensuite multipliées dans tout le pays, de Saint-Louis à Ziguinchor. Décryptage avec Moussa Diaw, professeur de sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal.
L’opposant Ousmane Sonko a passé la nuit en garde à vue après son arrestation, mercredi 3 mars, pour « troubles à l’ordre public » alors qu’il se rendait à la convocation du juge d’instruction pour une accusation de viol. Après les heurts de mercredi, dans la capitale mais aussi à Saint-Louis, Ziguinchor ou Bignona, à Dakar le calme était revenu. Mais ce jeudi, des heurts ont été encore signalés à l’université de Dakar et un mort a été recensé à Bignona, en Casamance.
À Dakar, des heurts sont signalés à l’université de Dakar où la situation reste très tendue. Un peu plus tôt dans la journée de jeudi, des agents balayaient les débris à la station Total du quartier HLM. Dans celui de Castor, c’est un supermarché Auchan qui a été pris pour cible ; il ne reste rien dans les rayons. Sur les grands axes, des pierres, des traces de pneus brûlés, quelques Abribus ou feux de signalisation vandalisés, mais la vie a repris son cours. Les Dakarois vaquent à leurs occupations et ne parlent que des derniers événements. Il n’y a pas de problème de circulation. Le dispositif sécuritaire a été allégé, le ministère de l’Intérieur, joint dans la matinée, indiquait être en train de finaliser un bilan des événements de mercredi dans la soirée. Pour sa part, le ministre de l’Intérieur a déjà affirmé que « force resterait à la loi ».
Appel à une marche
Plusieurs partis de l’opposition et de mouvements de la société civile ont appelé à une marche, vendredi 5 mars, dans toutes les régions du pays malgré l’interdiction de rassemblements liée à la pandémie. Ce nouveau « front debout pour la démocratie et l’État de droit » estime que le régime « cherche à tuer toute idée d’opposition au Sénégal » et dénonce « un complot politique grossier ». De leur côté, des responsables de la majorité répètent que c’est à la justice de trancher une « affaire privée ».
Charlotte Idrac RFI