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Le Cameroun à l’heure de la présidentielle et le Maroc suspendu à la parole du roi…

 La présidentielle au Cameroun dans la dernière ligne droite

Le retour. Depuis son départ pour Genève, escorté par des agents de sécurité américains, le pays retenait son souffle… Mais Paul Biya a fini par revenir, pour participer à son seul meeting de campagne à Maroua en compagnie de son épouse, Chantal. Tout avait été préparé, « fanfare et groupe de danseurs à l’aéroport, élèves et employés des administrations de toute la région avaient fait le déplacement, sous le regard de très nombreux militaires », raconte Mathieu Olivier.

Le slogan. Dans cette région de l’Extrême-Nord cruciale pour sa réélection, Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a promis, dans un discours très semblable à celui tenu en 2018, déjà à Maroua, que « le meilleur reste à venir », assurant que « le sort des enfants et des femmes sera au cœur de [son] prochain septennat ».

Le vent du Nord. Cette année, la campagne s’est emballée ces dernières semaines, sous l’impulsion de deux candidats et ex-ministres « nordistes » qui ont le vent en poupe dans l’opposition, Bello Bouba Maïgari et, surtout, Issa Tchiroma Bakary. « Ce 7 octobre à Maroua, il s’agissait donc aussi pour Paul Biya de stopper cet élan. Reste à savoir si les promesses renouvelées auront suffi », note notre journaliste.

 Au Maroc, le roi, le gouvernement et la Gen Z

L’intervention du roi. Le discours que devait prononcer Mohammed VI en ouverture de la session parlementaire, le 10 octobre, était particulièrement attendu alors que la jeunesse marocaine rassemblée sous la bannière de la GenZ 212, exprime sa colère dans les rues du royaume depuis la fin du mois de septembre. En attendant de savoir si le roi annoncera des mesures particulières, Jassim Ahdani analyse les marges de manœuvre du gouvernement, tout en rappelant qu’il « n’existe pas de disposition explicite permettant au roi de démettre le chef du gouvernement sans démission préalable de ce dernier ».

Trois voies possibles. Les experts interrogés par Jeune Afrique dessinent trois scénarios possibles, prévus par la Constitution. « La première consiste en la dissolution par dahir (décret royal) des deux chambres du Parlement ou l’une d’elles seulement, prérogative royale prévue par l’article 96. »

La seconde prévoit en un limogeage direct, prévu par le premier alinéa de l’article 47. Enfin, Mohammed VI pourrait choisir la voie de l’« interprétation raisonnée du texte constitutionnel ». En s’appuyant sur l’article 42, qui fait du roi le « garant de la pérennité et de la continuité de l’État et l’arbitre suprême entre ses institutions », on peut envisager que « Sa Majesté prenne les décisions appropriées sans les nommer ».

 Côte d’Ivoire : et si l’opposition inéligible n’avait pas dit son dernier mot ?

Hémicycle survolté. À deux semaines du scrutin présidentiel, la rentrée parlementaire a pris l’allure d’un meeting de ceux qui sont interdits de concourir. « Tous les frondeurs ont en commun l’inéligibilité de leur candidat, ou la leur, à l’élection présidentielle du 25 octobre », expliquent Jeanne Le Bihan et Aïssatou Diallo à Abidjan. Ils ne désespèrent pas de participer à l’élection et appellent leurs partisans à manifester ce 11 octobre.

Boycott. Le PDCI de Tidjane Tiam, le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo ou le Front populaire ivoirien (FPI) de Pascal Affi Nguessan consultent et se réunissent tous azimuts. « Pour le Front commun, hors de question de se ranger derrière une candidature, ni d’appeler au boycott. […] Aux yeux de Tidjane Thiam comme de Laurent Gbagbo, un report de l’élection présidentielle de quelques mois au profit d’un grand dialogue politique est toujours envisageable », analysent les journalistes.

L’épreuve de la rue. Pour parvenir à leurs fins, les leaders de l’opposition comptent sur leurs partisans. Après un premier appel à manifester le 4 octobre qui a été finalement interdit, l’appel à descendre dans les rues ce 11 octobre réveille le spectre des violences de 2020. « Tant qu’on ne brûle pas, qu’on ne casse pas, on n’est pas écoutés. Les braises de la crise sont encore là », explique un membre du Front commun à Jeune Afrique. N’oubliant qu’un lourd dispositif sécuritaire a été mis en place pour l’élection du 25 octobre, il conclut : « Toute une armée ne peut rien contre le peuple. »

 Les puissances économiques émergentes redessinent la carte des investissements

Émirats arabes unis. Dans une nouvelle série, le service économie de Jeune Afrique explore les puissances économiques émergentes qui redessinent la carte des investissements en Afrique. À commencer par les initiatives émiraties portées par Dubaï Port World (DP World), géant de la logistique qui gèrent pas moins de douze infrastructures portuaires sur le continent.

Inde. Le dernier rapport de la Confédération de l’industrie indienne dit à lui seul l’importance des échanges entre le continent et l’ancienne colonie britannique. « Le commerce bilatéral est passé de 68,5 milliards de dollars américains en 2011-2012 à 83,34 milliards de dollars américains en 2023-2024, faisant de l’Inde le troisième partenaire commercial de l’Afrique (après l’Union européenne et la Chine). En outre, l’Inde est devenue le deuxième prêteur en Afrique, avec 75 milliards de dollars d’investissements cumulés, notamment via les projets de la Banque africaine de développement (BAD), qui devraient atteindre 150 milliards de dollars d’ici à 2030. »

Russie. Construction de centrales nucléaires, uranium nigérien, projet d’oléoduc au Congo, blé et « flottes fantômes » pour le carburant… Moscou n’est pas en reste en ce qui concerne les annonces d’investissements. Pourtant, « la Russie reste un nain économique. En 2024, quand l’Afrique échangeait à hauteur de 24,5 milliards de dollars avec la Russie, le niveau était de 104,9 milliards avec les États-Unis, 295,56 milliards de dollars avec la Chine et, 355 milliards avec l’Union européenne ». Ce qui fait dire aux experts interrogés par Jeune Afrique que Moscou soigne sa stature géopolitique avant tout.

 David Mignot, le « commercial hors pair » de Canal+ en Afrique

Monsieur 70 %. « Raconter des histoires africaines qui soient assez fortes pour parler à une audience mondiale et réalisées avec des moyens ambitieux : c’est la recette gagnante sur laquelle parie David Mignot », explique Mathieu Galtier dans le portrait qu’il dresse de ce polytechnicien devenu directeur de Canal+ Afrique après le rachat, le 22 septembre dernier, du sud-africain MultiChoice.

Piratage. Parmi les concurrents nombreux que David Mignot doit écarter de sa route pour accomplir son « ambition qu’au moins une famille sur deux, dans les 40 pays de présence, soit cliente des offres de la nouvelle entité », il en est un qui est particulièrement coriace : le piratage. Pour ce faire, il milite « pour un changement de cadre réglementaire, malgré les réticences de certains opérateurs télécoms, qui y voient un frein commercial ou technologique au déploiement d’internet ». Mais en bon passionné d’escalade, ce n’est pas ça qui l’arrêtera.

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