Le président Faustin-Archange Touadéra, dont l’autorité ne dépasse pas les barrières de la capitale, commence son second mandat sous la pression des armes.
Le débit est rapide, la voix essoufflée. En ce matin du mercredi 13 janvier, le ministre centrafricain de l’intérieur, Henri Wanzet Linguissara, est un homme affairé. « Très tôt, les secteurs de Bégoua au PK12 et de Bimbo au PK9 ont été attaqués par les bandits. La situation est désormais sous contrôle. Grâce à la bravoure de nos forces nationales, des casques bleus de la Minusca et de nos partenaires bilatéraux, nous les avons repoussés et ils sont désormais en débandade hors de la ville » assure-t-il au Monde Afrique.
La rumeur d’une attaque rebelle planait sur Bangui depuis plusieurs jours. Sans certitude, plusieurs sources avançaient que la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), un rassemblement de groupes rebelles, avait infiltré des hommes en périphérie de la capitale dans l’idée de rééditer l’offensive du 5 décembre 2013. A l’époque, les groupes anti-balaka avaient attaqué Bangui par tous ses points d’entrée, avant d’être violemment repoussés par leurs ennemis de la Séléka qui tenaient alors les commandes de l’Etat. La tentative de renversement du pouvoir puis la contre-offensive avaient tourné au carnage.
Dans le cas présent, les rebelles ne semblent pas avoir mis d’importants moyens militaires pour lancer leur première attaque sur Bangui. Celle-ci a été menée simultanément sur les axes qui mènent au nord et au sud-ouest du pays, mais à en croire les autorités centrafricaines, la CPC n’a lancé que des petits groupes de dix à quinze guérilleros, dans « l’objectif de faire peur à la population et de paralyser la ville ».
« Nous ne déplorons qu’un blessé dans nos rangs, le chef du détachement au PK12, qui a été touché par une balle mais sans gravité », relate le ministre de l’intérieur avant d’aller présenter un prisonnier sur un plateau TV. De source humanitaire, sept blessés par balle avaient été amenés en fin de matinée dans les hôpitaux de la ville. A la mi-journée, le bilan est plus lourd : un casque bleu a été tué dans les affrontements.
Démonstrations de force
Bangui n’est pas tombée, mais l’incursion rebelle est un cruel révélateur de la fragilité du pouvoir centrafricain. Avant même que son second mandat ne soit consacré par la Cour constitutionnelle – elle devrait le faire le 19 janvier –, Faustin-Archange Touadéra est un président sous la pression des armes, un chef de l’Etat dont l’autorité ne dépasse pas les barrières de la capitale.
Le Monde Afrique.