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La Guinée équatoriale ferme son ambassade au Royaume-Uni après des sanctions contre le fils du président

La Guinée équatoriale a annoncé lundi la fermeture de son ambassade à Londres après des sanctions, considérées par Malabo comme « illégales », imposées pour des faits de corruption par le Royaume-Uni contre le fils du président Teodoro Obiang Nguema.

« La première décision que le gouvernement a adoptée est de procéder à la fermeture totale de notre mission diplomatique à Londres », a déclaré Simeon Oyono Esono, ministre des Affaires étrangères sur la TVGE, la télévision d’État. Dans la soirée, le ministère a précisé dans un communiqué que cette mesure était effective à compter de lundi et que le retrait de son personnel était imminent.

Teodorin Obiang Mangue, vice-président de ce pays d’Afrique centrale dirigé sans partage par son père depuis 42 ans, a été sanctionné le 23 juillet par Londres notamment pour le « détournement de fonds publics » et des pots-de-vin lui ayant permis de financer un train de vie somptueux.

Teodorin – Teodoro Nguema Obiang Mangue pour l’état-civil – aurait consacré plus de 500 millions de dollars à l’acquisition de résidences de luxe à travers le monde, d’un jet privé, de voitures et d’objets de collection liés au chanteur Michael Jackson.

« Nous n’admettons pas d’ingérence dans les affaires internes de notre pays », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, affirmant que ces sanctions « violent le principe du droit international ».

Ces mesures, qui prévoient un gel des avoirs et des interdictions d’entrée au Royaume-Uni, ont été prises dans le cadre d’un régime de sanctions anticorruption qui avait déjà permis de punir en avril 22 particuliers de six pays différents, dont la Russie.

« Les sanctions sans fondement imposées par le gouvernement britannique trouvent leur justification dans les manipulations, les mensonges (…) que promeuvent certaines organisations non gouvernementales contre la bonne image de la Guinée équatoriale », avaient réagi samedi les autorités équato-guinéennes, demandant la levée de sanctions « unilatérales et illégales ».

Le vice-président « n’a réalisé aucun investissement au Royaume-Uni », avaient-elles poursuivi.

– « Geste inamical » –

Les autorités équato-guinéennes avaient rejeté « des sanctions juridiquement infondées » et exigé qu’elles soient « levées dans les plus brefs délais ». Malabo avait considéré ces mesures « comme un geste inamical » du gouvernement britannique.

« Les mesures que nous avons prises aujourd’hui ciblent des individus qui se sont enrichis aux dépens de leurs citoyens », a déclaré le 23 juillet le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab. Londres a indiqué que le vice-président équato-guinéen était sanctionné notamment pour avoir « détourné de l’argent public sur son compte en banque personnel » et pour avoir « sollicité des pots-de-vin ».

« C’est un pas dans la bonne direction, qui rappelle que la corruption n’est pas un crime sans victime », a réagi samedi dans un communiqué Tutu Alicante, directeur de l’ONG équato-guinéenne de défense des droits humains EG Justice, qui vit en exil, estimant que la plupart des 1,4 million d’habitants du pays vivent sans accès à « l’eau potable et à des écoles décentes ».

Teodorin, omniprésent sur la scène publique depuis plus d’un an, est présenté de plus en plus ouvertement comme le « dauphin » de Teodoro Obiang Nguema, 79 ans.

Ce pays à l’économie sérieusement en berne en raison de la chute en 2014 des cours des hydrocarbures, dont elle dépend à 90%, a consacré 95 milliards de francs CFA à la Défense (140 millions d’euros) dans son budget 2020 contre 59 milliards à l’Éducation (90 millions d’euros).

En France, dans l’affaire dite des « biens mal acquis », Teodorin Obiang a été condamné en appel le 10 février 2020 à trois ans de prison avec sursis, 30 millions d’euros d’amendes et des confiscations de ses biens en France. Un arrêt définitif de la Cour de cassation – la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire français – est attendu le 28 juillet.

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