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Guerre en Ukraine : le désarroi des étudiants africains réfugiés en France

Ils n’entrent pas dans le cadre du dispositif inédit mis en place en France pour les personnes ayant fui l’Ukraine.

La guerre les a jetés sur la route de l’exode et ils sont arrivés en France qu’ils considèrent comme un pays refuge. Mais des centaines de jeunes Africains, qui étudiaient en Ukraine, ignorent s’ils vont pouvoir poursuivre leurs études dans l’Hexagone. « Je me suis dit soit je fuis, soit j’y laisse ma peau« , raconte Rostambert Bangou Tcheubue, un Camerounais de 20 ans qui étudiait le développement web à Marioupol. « Forcé » à plusieurs reprises à descendre des trains pour « laisser la place aux Ukrainiens », il a finalement réussi à rejoindre la Pologne. Avec la peur au ventre de « se faire fusiller par les Russes ».

« Etudes peu coûteuses »

L’Ukraine comptait en 2020 quelque 61 000 étudiants étrangers, dont 17 379 africains (derniers chiffres disponibles de l’Unesco). Ils avaient choisi l’Ukraine en raison « des études peu coûteuses, de la vie moins chère et de la facilité d’obtention des visas », résume Stephane Ngwen, 32 ans, un Camerounais arrivé en France début mars, via la Hongrie. Il étudiait à Ivano-Frankivsk (ouest de l’Ukraine) depuis cinq ans. Combien sont-ils à être arrivés dans l’Hexagone ces dernières semaines? Quelques centaines, selon des associations mobilisées pour venir en aide à ces étudiants dont une majorité est francophone, raison pour laquelle ils ont privilégié la France aux pays voisins.

Francophones

« Je suis fatigué d’apprendre d’autres langues et je parle déjà français », explique Sokou Abalé, la vingtaine, originaire du continent africain (il n’a pas voulu préciser le pays). Il dit avoir « marché plus de 80 km, sans eau, ni nourriture » et attendu quatre jours à la frontière polonaise. Désormais, c’est en France qu’il espère poursuivre son master de relations internationales. Parfois engagés dans des filières très spécifiques, ces jeunes s’inquiètent aussi de l’impossibilité de continuer leurs études dans leur pays d’origine. Ainsi, Stephane Ngwen était dans une filière « Production de pétrole et gaz ». Qui n’existe pas au Cameroun. « Il n’y a pas d’universités pour ces études », relève le jeune homme qui cite par ailleurs la « présence rassurante » d’une diaspora camerounaise en France.

Exclus du dispositif

Les étudiants africains n’entrent pas dans le cadre du dispositif inédit mis en place en France pour les personnes ayant fui l’Ukraine, qui permet de séjourner légalement en France et de bénéficier de prestations sociales (hébergement, allocations, scolarité, accès à l’emploi et aux soins). Seuls sont concernés les ressortissants ukrainiens qui résidaient en Ukraine avant le 24 février (date du début du conflit), les « ressortissants de pays tiers » qui vivaient sous statut de réfugié (ou équivalent) à cette date en Ukraine et ceux qui y « résidaient régulièrement » avec un titre de séjour et qui ne « sont pas en mesure de rentrer dans leur pays ou région d’origine dans des conditions sûres et durables ». Les étudiants africains sont exclus de ces catégories puisqu’ils peuvent, théoriquement, retourner dans leur pays d’origine.

« Géométrie variable »

Actuellement, les étudiants africains que l’AFP a rencontrés sont hébergés dans des centres d’accueil mais surtout chez des particuliers approchés par l’association Maison des Camerounais de France. Une solidarité « à géométrie variable », au détriment de personnes « pour beaucoup originaires du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest », abondent la CFDT et l’association France terre d’asile dans une tribune dans Libération. Emu par les « vidéos virales montrant des actes de racisme et de xénophobie qu’ont subis ces jeunes aux frontières », Abdelaziz Moundé, président de la Maison des Camerounais de France, a monté un dispositif d’accueil d’urgence et de soutien matériel à ces étudiants. Il voit en leur exclusion de la protection temporaire « une discrimination entre des personnes qui ont fui la guerre au même moment ».

Contacté au sujet du sort de ces étudiants, le ministère des Affaires étrangères n’a pas donné suite aux sollicitations de l’AFP.

Source : France info

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