La Côte d’Ivoire est à la croisée des chemins. En effet, notre pays vit l’un des moments les plus critiques de sa jeune histoire. Après une élection présidentielle qui a endeuillé de nombreuses familles, notre pays s’apprête à inviter les ivoiriens à une autre consultation électorale notamment les législatives.
Au niveau de l’opposition, disons-le-nous sans tergiverser, car les ivoiriens ont droit à la vérité, les actions engagées n’ont pas produit les résultats escomptés. Désobéissance, Conseil National de Transition (CNT), tout y est passé. Et pourtant le vaillant peuple de Côte d’ivoire aura tout donné. Les ivoiriens ont bravé les microbes et autres miliciens pour exprimer leur désir de voir la Côte d’ivoire être gouvernée autrement. Face à cette situation, le COJEP et la coalition citoyenne la VOIX DU PEUPLE avaient espéré que l’opposition ivoirienne se repense à travers une introspection profonde et qu’elle réinvente les meilleures approches pour rassurer à nouveau le peuple et lui redonner espoir. Un tel exercice aurait pu se faire au cours d’une rencontre- bilan. Que nenni !
L’annonce des élections législatives qui devraient être saisie comme une opportunité pour renforcer la cohésion et l’unité de l’opposition, a malheureusement mis au grand jour les appétits et autres guerres de positionnement entre des entités pourtant supposées être des partenaires. Les attitudes et les procédures de prises de décisions frisent le mépris et indiquent que la priorité et le sens de l’action politique ne demeurent nullement les intérêts du peuple comme le font croire les déclarations publiques. La guerre de positionnement et la logique de domination ne sont pas l’idée qui avait guidé le COJEP à adhérer à la coalition pour la Démocratie, la Réconciliation et la Paix (CDRP), une coalition à but non électoraliste à l’origine. Les objectifs que nourrissaient les partis et organisations membres de la coalition citoyenne la VOIX DU PEUPLE en s’engageant aux côtés des autres plateformes de l’opposition n’ont été qu’une désillusion amère. Nous nous sommes engagés pour des valeurs, pour des principes, afin de contribuer à opérer un changement dans la gouvernance. Or aucun changement véritable, aucune rupture ne peut s’opérer sans conversion de mentalités, sans méthode, sans changement de paradigmes. On ne peut pas combattre une dictature à la tête de l’Etat avec une dictature interne et un esprit de domination.
Au regard du traumatisme sans précédent que nos populations viennent de vivre, le COJEP et la VOIX DU PEUPLE avaient légitimement espérer, loin de tout calcul politicien et de positionnement, des actes et actions concrètes pour renforcer la cohésion et l’unité de l’opposition afin de mieux répondre aux aspirations légitimes de nos concitoyens.
Hier, le COJEP et LA VOIX DU PEUPLE avait dénoncé un dialogue aux pas de course centré encore une fois, uniquement sur la question électorale et dont le principal résultat attendu était la mise en place d’une CEI de partis politiques, tout en soulignant qu’un tel dialogue était dominé par la philosophie du partage, des arrangements, au mépris et au détriment des intérêts fondamentaux des ivoiriens qui pourtant continuent de payer un lourd tribu des incohérences politiques devenues monnaie courante dans notre pays. Hélas !
Aujourd’hui, nous dénonçons un processus électoral précipité et biaisé à tous les niveaux et qui est guidé par la même philosophie du partage et par une volonté hégémonique et expansionniste.
Au regard de ce qui précède :
– Le COJEP et LA VOIX DU PEUPLE, tirant toutes les conséquences des observations sus mentionnées suspendent leur participation aux activités liées aux élections législatives tant au sein de la CDRP qu’avec les plateformes de l’opposition ;
– Le COJEP se soustrait de tout engagement au sein de la CDRP et reconsidère sa collaboration avec ladite coalition dès publication du présent communiqué ;
– Le COJEP et LA VOIX DU PEUPLE entendent poursuivre et renforcer leur tournée de compassion, de solidarité, d’écoute et de consultation des populations afin de définir avec elle ses priorités.
Pour finir le COJEP et la VOIX DU PEUPLE continuent d’exprimer leurs vives préoccupations et inquiétudes face à l’environnement électoral toujours délétère. C’est à juste titre que le COJEP et ses partenaires de LA VOIX DU PEUPLE continuent de réclamer le report des élections législatives pour sauver des vies humaines. Mieux vaut consacrer du temps pour discuter de tous les sujets qui divisent dans le cadre d’assises nationale inclusives plutôt que de consacrer du temps à compter des morts et à panser les meurtrissures et les blessures.
Le COJEP et la coalition citoyenne LA VOIX DU PEUPLE restent ouverts et disposés à toute discussion avec des entités politiques qui pourraient partager la même vision et les mêmes valeurs que les leurs.
Notre société est en quête de changement profond et cela à tous les niveaux.
Cela doit commencer par nous !
Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire
Fait à Abidjan, le 18 janvier 2021
Dr. Patrice Saraka
Secrétaire général du COJEP
Président intérimaire de LA Voix DU Peuple