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Abidjan /Ces enlèvements d’enfants qui terrorisent les Ivoiriens

Ceux qui ont pris le temps de lire ou d’écouter le témoignage de Christine, la jeune femme enlevée à Abobo et retrouvée à Djébonoua (près de Bouaké) racontent presque tous la même chose : le récit fait froid dans le dos. Pour cause. Christine explique qu’après avoir été endormie à l’aide d’une substance psychotrope à l’intérieur du taxi qu’elle a emprunté, elle s’est réveillée dans une forêt. Elle était retenue captive avec plusieurs autres personnes.A l’en croire, en pleine nuit, les ravisseurs ont pris le soin de les raser complètement : la tête et toutes les parties du corps présentant de la pilosité. Elle aurait eu la vie sauve grâce à la clémence de la personne chargée d’exécuter ceux qui ne correspondent pas aux critères de ces malfrats… À la lumière de son récit, plusieurs questions se posent. Qui sont les auteurs de ces enlèvements ? Ces personnes agissent-elles à leur propre compte ou sont-elles mandatées, à quelles fins utilisent-elles ce qu’elles prélèvent sur leurs victimes, que font-elles ensuite des personnes enlevées, etc. ?(Fin février 2018, le meurtre rituel du petit Bouba, 4 ans, avait indigné toute la Côte d’Ivoire et au-delà)

Au vu des faits, tout porte à croire qu’il s’agit de pratiques rituelles. Il est de notoriété que l’une des raisons de ces crimes est liée à l’argent. Des pratiques supposées attirer la richesse à ceux qui les font. Ce phénomène a pris des proportions inquiétantes avec la cybercriminalité ces dernières années, que ce soit en Côte d’Ivoire (avec les « brouteurs »), au Ghana (avec les « sakawa boys »), au Bénin, au Nigéria…

Une enquête publiée par le journal français Le Monde, sur son site internet le 9 mars 2017 révèle que plusieurs jeunes chômeurs dont l’âge varie entre 19 et 39 ans ont recours à ces crimes. «En Afrique de l’ouest, la cybercriminalité est de plus en plus souvent entrée dans les mœurs. Elle est même encouragée dans certaines sociétés où des rites mystiques protègent les cybercriminels. C’est le cas du « sakawa », au Ghana, un rituel lors duquel des chefs traditionnels et féticheurs apportent leur bienveillance à ces transactions électroniques illégales», relate le journal. En Côte d’Ivoire, ces pratiques mystiques sont connues sous l’appellation de « zamou ». Des jeunes n’hésitent pas même à avoir recours à des féticheurs hors des frontières, mus par l’obsession de l’argent.

(Un jeune homme s’exhibe fièrement avec son butin)

L’industrie occulte de l’arnaque sur internet est devenue une menace sérieuse en Afrique de l’ouest où les auteurs de ces méfaits ne reculent devant rien. «C’est une menace technologique, invisible et sournoise. En Afrique de l’ouest, les réseaux de cybercriminalité se sont considérablement renforcés et structurés ces dernières années. Ce ne sont plus seulement des amateurs utilisant des techniques basiques depuis des cybercafés mal équipés pour échapper à la pauvreté. Désormais, des experts bien formés lancent des offensives pour piller des individus ainsi que des entreprises de la région, selon l’étude réalisée conjointement par Interpol et le laboratoire de sécurité informatique japonais, Trend Micro, rendue publique jeudi 9 mars (2017 : ndlr)», ajoute Le Monde.

Il poursuit en livrant quelques chiffres : «Une variable explique en partie la sophistication de ces nouveaux réseaux mafieux : plus de la moitié des 10 millions de diplômés des 668 universités de la région englobant la dizaine de pays situés en Afrique de l’ouest ne trouvent pas d’emplois. Et de Bamako à Accra, en passant par Abidjan, Cotonou et Lagos, près de 50% des gangsters œuvrant sur les territoires numériques sont des chômeurs.»

(Il n’y a plus que les enfants qui sont victimes d’enlèvement)

Dans tout cela, le Nigéria serait l’épicentre de la cybercriminalité africaine avec des ramifications dans des pays européens où il y aurait des complicités. Le cybercriminel surnommé « Mike » ou encore « le prince du Nigeria » a ainsi arnaqué plus de 100 millions de dollars (plus de 50 milliards FCFA, dont le tiers à une entreprise) avant d’être repéré et arrêté par la police. En 2016, une étude réalisée par le cabinet de sécurité Symantec pointe le rôle important du Nigeria dans cette économie criminelle. Elle révèle que près de la moitié des e-mails envoyés à des fins cybercriminelles proviennent de ce seul pays.

Traqués dans leurs pays d’origine, au Ghana ou au Nigeria, des grands cybercriminels trouvent refuge dans des pays de la sous-région notamment la Côte d’Ivoire d’où ils continuent d’opérer.

Il serait peut-être temps que les autorités et les forces de l’ordre ouvrent d’avantage l’œil sur ce phénomène. Comme au Bénin où aucun cadeau n’est fait à ces délinquants pour qui la vie humaine n’a aucune importance face à l’argent.

Opera News /Rwrite  J M

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