Présent à New York dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations unies, le président guinéen de la transition a été à l’offensive diplomatique. Objectif : s’assurer une crédibilité et une stature internationale. Coulisses.
Mamadi Doumbouya et Paul Kagame, le 20 septembre 2023 à New York
Pour Mamadi Doumbouya, cette 78e Assemblée générale des Nations unies avait une saveur toute particulière. D’abord, parce qu’il ne s’agit que de son troisième déplacement à l’étranger (il s’est rendu à Bamako, et en Turquie, à l’investiture de Recep Tayyip Erdogan), mais aussi et surtout de son premier rendez–vous international.
Sans compter que le Burkinabè Ibrahim Traoré, le Malien Assimi Goïta ou encore le Gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema ne se sont pas déplacés, et que les putschistes nigériens ont été déclarés persona non grata. Le président guinéen de la transition est donc surtout parti en quête d’une stature internationale.
Simandou et intégration régionale Mamadi Doumbouya s’est envolé le 18 septembre de Conakry à bord d’un nouveau jet immatriculé en Grèce, floqué aux couleurs du pays. Les autorités avaient fait l’acquisition d’un premier appareil en décembre 2022. II était accompagné d’une importante délégation, dont faisaient partie une dizaine de ministres, parmi lesquels Morissanda Kouyaté (Affaires étrangères), Mamadou Péthé Diallo (Santé et Hygiène publique) ou
encore Ousmane Gaoual Diallo (Postes, Télécommunications et Économie numérique), également porte–parole du gouvernement.
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Le président guinéen de la transition a donc tenu à imprimer sa marque et à se démarquer des putschistes contestés. Le 19 septembre, il s’est ainsi entretenu avec le
vice–président chinois, Han Zheng au sujet, entre autres, du projet d’exploitation du fer de Simandou. Une délégation guinéenne s’était rendue à Pékin en janvier, afin d’acter la relance des travaux de construction du chemin de fer de 670 km devant relier la mine au port en eau profonde de Moribayah.
Le même jour, il a discuté intégration régionale avec le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Un échange «< fraternel, amical et fructueux »>,
selon une source dans l’entourage proche de ce dernier. Il a également été question du retour de la Guinée dans l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), que Ghazouani dirige actuellement.
Retrouvailles avec Paul Kagame
Le lendemain, il s’est entretenu avec Paul Kagame, qu’il a rencontré à plusieurs reprises et avec qui il a noué de bonnes relations. Le chef de l’État rwandais s’était d’ailleurs rendu à Conakry en avril. Un ambassadeur à Kigali,
Souleymane Savané, a été nommé en juin dernier : son prédécesseur était en poste à Addis–Abeba.
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Lors de ce rendez–vous en marge de l’Assemblée générale, les deux hommes ont évoqué la nécessité de renforcer leur coopération bilatérale grâce, entre autres, à la digitalisation du processus de passation des marchés publics en Guinée, où des experts seront formés. Les premières applications seront disponibles en janvier. Et, Mamadi Doumbouya a exprimé son souhait d’accueillir l’édition 2024 du sommet Smart Africa, dont le secrétariat général est à Kigali. Il a donc sollicité l’appui de Paul Kagame.
Manifestations de la diaspora
Par ailleurs, il s’est également entretenu avec la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo. << Nous avons une équipe technique en Guinée depuis plusieurs mois, et la collaboration se passe très bien sur le terrain, précise Oria K. Vande Weghe, porte–parole de l’OIF. Le but était
surtout de faire le point sur l’accompagnement de l’OIF jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel. Le président a demandé à ce que nous continuions de les appuyer jusqu’aux prochaines élections. » Après un discours à la tribune qui se voulait dans la veine de ceux de l’ancien président Ahmed Sékou Touré, Mamadi Doumbouya a aussi été reçu par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres
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Si cette visite avait été minutieusement préparée, les autorités guinéennes n’ont pas pu empêcher le rassemblement de soutiens à Alpha Condé, devant les Nations unies et leur hôtel, le jour de l’intervention du chef
de la transition. Mais leurs propres soutiens étaient également présents. Les deux groupes se sont donc retrouvés côte à côte, chacun exhibant des pancartes à l’effigie de leur président, et encadrés d’éléments de la police new–yorkaise. Mamadi Doumbouya regagnera Conakry ce 23 septembre.
JM . source: JA