Malgré la fermeté affichée par les autorités face aux terroristes, les signes d’une inflexion se multiplient. Des sources évoquent même des « accords » passés localement.
Il y a encore quelques mois, la ville était sous blocus. Des groupes armés contrôlaient les pièces d’identité et tuaient les notables. Désormais, « ils sont partis, il n’y a plus d’attaques, c’est redevenu calme », assure un pasteur qui guette l’arrivée du bus et rapporte avoir failli être lui-même tué par des « terroristes » en juin dernier.
Que s’est-il passé à Djibo, « ville martyre » devenue le symbole du basculement du pays dans la spirale djihadiste ? « Accords », « négociations »… Depuis des mois, les rumeurs vont bon train. « Ça a pris tout le monde de court. Du jour au lendemain, on a vu des anciens combattants aller et venir, sans armes, dans la ville. On se doute qu’il y a eu des pourparlers, mais personne n’ose le mentionner de peur d’avoir des problèmes », explique une source locale, jointe par téléphone, sous couvert de l’anonymat.
Changement de stratégie
L’option de la négociation avec les groupes terroristes pourrait faire débat lors du prochain sommet du G5 Sahel, qui doit se tenir à N’Djamena (Tchad) les 15 et 16 février et dont les préparatifs doivent être évoqués par le président français, Emmanuel Macron, lors d’une rencontre avec son homologue burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, en visite à Paris mercredi 10 février. Cette voie embarrasse la France, engagée avec plus de 5 000 soldats au Sahel, mais aussi le Burkina Faso, qui l’a toujours officiellement repoussée.
Face aux attaques, les autorités burkinabées prônent la riposte militaire. « Nous ne négocierons pas avec ceux qui ont pour projet de démanteler le Burkina Faso et mettre à mal notre vivre-ensemble », avait martelé M. Kaboré pendant la campagne pour les élections présidentielle et législatives de novembre 2020, alors que plusieurs candidats se disaient favorables à un changement de méthode.
Le Monde Afrique