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Tchad : début de campagne pour un référendum constitutionnel

Référendum constitutionnel au Tchad: des coalitions politiques lancent leurs activités de campagne.
Au Tchad, après son adoption par l’Assemblée nationale,  le projet de la nouvelle constitution est vulgarisé auprès de la population qui est appelée à se prononcer par référendum le 17 décembre 2023. Les tchadiens auront à voter à la fois pour l’adoption de la constitution et pour choisir entre les deux formes de l’Etat proposées par le Dialogue nationale inclusif notamment le fédéralisme et l’État unitaire décentralisé. Mais pour certains partis politiques, les enjeux du retour à l’ordre constitutionnel ne doivent pas éclipser les défis de la cohabitation pacifique et de la réconciliation.

Au Tchad, la campagne référendaire a démarré, samedi 25 novembre. Les Tchadiens sont appelés aux urnes, le 17 décembre prochain pour permettre un retour à l’ordre constitutionnel en se prononçant « pour » ou « contre » la nouvelle loi fondamentale qui maintient la forme unitaire de l’Etat.  Des coalitions de partis politiques pour les camps du « oui » et du « non » ont lancé officiellement leurs activités de campagne, samedi, à Ndjamena.

Lors du lancement de la campagne de la coalition pour le oui samedi, le Premier ministre Saleh Kebzabo, à la tête de cette coalition, a encouragé une assemblée conquise à « propager les valeurs d’un Etat unitaire fortement décentralisé ».

Les partisans d’un Etat fédéral invitent les électeurs à rejeter ce texte en votant non.

Plus de 8,3 millions de Tchadiens, sur une population de 18 millions, seront invités à voter dans ce pays sahélien partagé entre un nord désertique et sa population musulmane qui domine le pouvoir depuis plus de 40 ans, et un sud plus fertile majoritairement peuplé de chrétiens et animistes.

Un processus qui rebat les cartes du jeu politique : certains partis politiques qui s’opposaient à l’ancien président Idriss Déby, soutiennent aujourd’hui son fils, Mahamat Idriss Deby. C’est le cas de l’ancien opposant historique, Saleh Kebzabo, actuel Premier ministre de transition. Il est le président de cette coalition en faveur du « Oui » à la nouvelle Constitution.

« Notre foi en l’État unitaire, fortement décentralisé, où justice et égalité seront la boussole de la bonne gouvernance. Cette nouvelle Constitution, pour laquelle nous vous appelons à un vote massif, est véritablement inclusive. »

De son côté, le Front du « Non », une coalition de partis favorables à un régime fédéraliste s’inquiète de potentielles fraudes, le jour du vote.

« Je crois que les autorités gouvernementales, qui ont pris parti pour battre campagne pour le ‘ oui ’, commettent là une faute politique. Et nous savons, effectivement, que le ’ non ’ va l’emporter. Maintenant, il faut éviter qu’il y ait de la triche », estime Brice Mbaimon Guedmbaye, porte-parole du Front du « non ».

Pendant ce temps, des organisations de la société civile ont déposé une requête auprès des autorités judiciaires pour demander la suspension de cette coalition pour le « oui » au référendum constitutionnel. Selon elles, la présence à sa tête du Premier ministre de transition violerait le principe de neutralité.

« Au-delà de la forme de l’Etat, l’enjeu principal (du référendum) est de permettre au pouvoir de tester sa popularité et sa légitimité, qui sera déterminée par le taux de participation », analyse pour l’AFP Issa Job, professeur de droit à l’université de N’Djamena.

« La forme de l’Etat n’est pas la priorité », renchérit l’ancien président de la Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH) Enock Djondang, pour qui « tous ceux qui rejettent ce régime ne peuvent que voter contre ce qu’il propose ».

Toute manifestation hostile au pouvoir est systématiquement interdite depuis un an, à l’exception récente de celle de l’un des principaux opposants, Succès Masra, revenu d’exil après avoir signé un « accord de réconciliation » avec Mahamat Déby.

Le 13 octobre, l’ONG Human Rights Watch (HRW) s’est inquiétée de « tentatives de limiter la dissidence politique avant le référendum ». « Pour qu’il ait une quelconque légitimité, les partis d’opposition et leurs dirigeants doivent se sentir libres de se réunir et faire campagne. Dans le cas contraire, le référendum risque d’être perçu comme un moyen de transformer le gouvernement de transition en un gouvernement permanent », a jugé l’ONG internationale.

Jean Moliere avec  AFP

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