Des organisations de la société civile ont appelé ce vendredi 2 juin 2023 le gouvernement sénégalais à œuvrer pour « apaiser » la tension politique et rétablir Internet et les plateformes de réseaux sociaux. Ces derniers sont en partie coupés depuis la veille suite à une explosion de violence dans le pays.
Les heurts qui ont éclaté dans plusieurs villes du Sénégal font suite au verdict du tribunal dans l’affaire dite « Sweet beauté » dans laquelle l’opposant Ousmane Sonko a été reconnu coupable de « corruption de la jeunesse » mais acquitté des accusations de « viols répétitifs » et de « menaces de mort » qui pesaient contre lui.
« Au regard de la gravité de la situation politique, il faut absolument trouver d’urgence les solutions politiques appropriées pour un retour rapide à la paix et à la sérénité », indique le think thank AfrikaJom Center dans un communiqué.
Depuis l’annonce de la condamnation de l’opposant, ses partisans affrontent les forces de sécurité. Ces violences ont causé la mort de plusieurs personnes, en plus d’une vingtaine déjà enregistrée depuis l’éclatement de l’affaire en mars 2021.
Pour, Alioune Tine, fondateur d’AfrikaJom, le président sénégalais Macky Sall doit se prononcer et engager « des consultations politiques » avec tous les leaders politiques de l’opposition et de la société civile, en vue d’apaiser la tension.
Il a également invité les leaders du Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, parti de M. Sonko) et les autres leaders de l’opposition à lancer un appel « immédiatement » à leurs partisans pour mettre fin aux manifestations sur l’étendue du pays.
De son côté, Amnesty International, section Sénégal, exige des autorités sénégalaises un arrêt « immédiat » des violences policières et la cessation des « arrestations arbitraires » ainsi que des enquêtes indépendantes pour situer les responsabilités sur les pertes en vies humaines.
« (…) La vie et l’intégrité physique de toutes et tous doit être respectée et protégée par les forces de l’ordre », rappelle aux autorités sénégalaises, le directeur exécutif d’Amnesty Sénégal, Seydi Gassama, cité par un communiqué de l’organisation daté du 2 juin 2023.
L’organisation de défense des droits de l’Homme a aussi appelé les autorités étatiques à la libération entre autres du coordonnateur de Y’en a Marre, Aliou Sané, ainsi que celle de deux membres de FRAPP (Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine), Bentaleb Sow et Moustapha Diop.
Réagissant aux restrictions concernant l’accès à Internet, Paradigm Initiative (Pin), organisation panafricaine des droits numériques et de l’inclusion digitale, dénonce avec le bureau régional d’Amnesty International, le blocage des réseaux sociaux et de l’internet. Les deux organisations appellent l’Etat sénégalais à leur rétablissement.
Parmi les incidents, Pin note l’interruption de Telegram, Twitter et d’autres plateformes des réseaux sociaux, l’utilisation par la police de données provenant de sources non officielles et la censure ciblée des médias comme la coupure du signal de Walf Tv (privée).
Ces restrictions constituent « des mesures arbitraires contraires au droit international, et ne sauraient être justifiées par des impératifs de sécurité », indique la directrice régionale du bureau d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Samira Daoud.
Pardign Initiative demande aux autorités sénégalaises de « promouvoir » la liberté d’expression en libérant les jeunes qui ont été emprisonnés « illégalement » sur la base du partage d’informations.
Depuis l’éclatement, en mars 2021, de l’affaire « Sweet Beauté » du nom du salon de massage d’où sont parties les accusations de la demoiselle Adji Sarr, des heurts ont souvent éclaté à chaque étape de la procédure judiciaire. Des heurts qui ont opposé les partisans de M. Sonko aux forces de police et de gendarmerie, à Dakar et dans plusieurs autres localités du pays dont Ziguinchor (sud) dont il est le maire.
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