19 avril 2024
Paris - France
INTERNATIONAL

Une basketteuse contre un marchand d’armes : échange déséquilibré de prisonniers entre Washington et Moscou

La libération de Brittney Griner a été annoncée, jeudi, par le président américain, Joe Biden. Celui-ci l’a échangée contre le Russe Viktor Bout.

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Un tweet présidentiel a annoncé la nouvelle, jeudi 8 décembre, peu après 8 heures. « Il y a quelques instants, j’ai parlé à Brittney Griner. Elle est en sécurité. Elle est dans l’avion. Elle rentre à la maison. » Par ce message, Joe Biden officialisait un échange de prisonniers entre les Etats-Unis et la Russie, discuté depuis des mois, permettant à la joueuse vedette de basketball, âgée de 32 ans, de sortir de prison et de retourner dans son pays. Brittney Griner, qui jouait l’hiver pour le club russe de Iekaterinbourg, avait été arrêtée en février lors d’un contrôle de sécurité dans un aéroport de Moscou, lorsque de l’huile de cannabis avait été trouvée dans son bagage. Dès lors, la sportive était devenue un pion, voire un otage, aux mains des autorités russes.

La basketteuse américaine Brittney Griner, prise de guerre de Moscou

Le Kremlin a finalement obtenu en contrepartie la libération, espérée de longue date, d’une personnalité d’un tout autre profil, mais également célèbre : le marchand d’armes Viktor Bout, qui a longtemps prospéré grâce aux guerres civiles en Afrique, en Afghanistan et en Amérique du Sud. C’est à l’aéroport d’Abou Dhabi (Emirats arabes unis) que les deux parties ont procédé à l’échange. L’envoyé spécial du président pour les affaires d’otages, Roger Carstens, a accueilli sur le tarmac Brittney Griner, qui avait été auparavant ramenée à Moscou en provenance de la colonie de Iavas, dans la région de la Mordovie, où elle était détenue depuis la mi-novembre.

Joe Biden a fait une déclaration à la Maison Blanche, peu après la diffusion de son message sur les réseaux sociaux. Prenant la parole dans la Roosevelt Room aux côtés de Cherelle, l’épouse de Brittney Griner, de la vice-présidente, Kamala Harris, et du secrétaire d’Etat, Antony Blinken, le président s’est félicité de cette libération, obtenue au terme de « négociations intenses ». Joe Biden a évoqué sans s’appesantir les « circonstances intolérables » de sa détention et de sa condamnation, en août, à neuf ans de prison. Il a aussi appelé à respecter le temps et l’intimité nécessaires pour que la sportive se remette de cette expérience.

 L’indignité des prises d’otage d’Etat

« Nous n’avons pas oublié Paul Whelan »

La libération de Brittney Griner inspire un soulagement teinté d’amertume à l’administration américaine, qui espérait que les négociations avec la Russie permettraient aussi d’obtenir le retour d’un autre prisonnier, Paul Whelan. « Nous n’avons pas oublié Paul Whelan, qui est détenu injustement en Russie depuis des années », a souligné Joe Biden.

Ancien Marine, cet Américain était le directeur de la sécurité dans un groupe du Michigan fabriquant des pièces détachées dans le secteur automobile. Titulaire également de passeports canadien, irlandais et britannique, il avait été arrêté dans un hôtel moscovite en décembre 2018, en possession d’une clé USB contenant des documents classifiés. Dénonçant un complot, il avait été condamné à seize ans de prison pour espionnage en juin 2020.

Le Monde
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