Sur fond d’explosion de la demande régionale en hydrocarbures, le négociant suisse a signé un contrat avec le Somaliland pour l’approvisionner et investir dans ses infrastructures portuaires.
La course pour l’approvisionnement de l’Éthiopie en hydrocarbures se poursuit. Alors que les autorités djiboutiennes ont le 3 septembre posé en grande pompe la première pierre de la jetée du futur terminal pétrolier du complexe pétrochimique de Damerjog, de l’autre côté de la frontière, Trafigura annonçait le 7 septembre son installation dans le port de Berbera, dans l’État non reconnu du Somaliland. Le négociant, installé en Suisse, livrait il y a une semaine sa première cargaison de fioul à basse teneur en soufre.
Mais, outre l’approvisionnement du Somaliland en produits pétroliers, le contrat signé aveccomprend également un investissement (au montant non communiqué) dans la modernisation des infrastructures visant à accroître les capacités de stockage et à augmenter le tirant d’eau du port de Berbera Oil Terminal. Ce afin de permettre la réception de plus gros navires.
Le Somaliland, un État convoité
Le port de Berbera, où l’opérateur dubaïote DP World (toujours en conflit ouvert avec Djibouti) prévoit d’investir 442 millions de dollars dans un nouveau quai, est bien positionné pour approvisionner le sud de l’Éthiopie. C’est le marché régional que vise aussi le trader.
CELA DEVRAIT PERMETTRE DE RÉDUIRE LA VULNÉRABILITÉ AUX CHOCS ET RETARDS DEPUIS DJIBOUTI
L’investissement de Trafigura apparaît néanmoins étonnant, compte tenu du statut de l’État du Somaliland et de la quasi-inexistence des infrastructures routières entre Berbera et l’Éthiopie, même si une entreprise financée par Abu Dhabi a commencé les travaux d’un corridor.
« Nous n’avons pas nécessairement exclu Djibouti, cette opportunité s’est simplement présentée la première. Cela devrait permettre de réduire la vulnérabilité aux chocs et retards depuis Djibouti » confie un porte-parole de Trafigura.
Un marché de 2,8 milliards de dollars
Car, si Trafigura s’installe à Berbera, c’est aussi pour profiter de la croissance des besoins du grand voisin éthiopien en hydrocarbures qui augmentent de 9% par an depuis dix ans. Des besoins auxquels le terminal pétrolier Horizon à Djibouti, géré par le dubaïote Emirates National Oil Company, ne parvient plus à répondre à lui tout seul. Mais il s’agit aussi probablement pour Trafigura de sécuriser ses positions en Éthiopie.
LES BESOINS ÉTHIOPIENS EN HYDROCARBURES S’ÉLÈVENT À 4,1 MILLIONS DE TONNES
Comme le révélait Jeune Afrique Business + en juin dernier, Trafigura est depuis le 1er juillet le titulaire du contrat d’approvisionnement annuel lancé par l’importateur national Ethiopian Petroleum Supply Enterprise (EPSE), portant sur la fourniture de 60% de l’essence vendue en Éthiopie, 50% du gasoil et 25% du jet fuel. En 2019, les besoins de ce pays en hydrocarbures s’élevaient à 4,1 millions de tonnes, représentant un marché de 2,8 milliards de dollars.
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