12 décembre 2024
Paris - France
AFRIQUE

Makala ‘L’enfer derrière les barreaux’ – la vie dans la prison la plus célèbre de la République démocratique du Congo

Le Centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa (CPRK), aussi appelée prison centrale de Makala ou prison de Makala, est une prison de la république démocratique du Congo (RDC), située dans la ville de Kinshasa.

La prison de Makala, créé en 1957 par le Congo belge, est situé entre les communes de Makala et de Selembao. Doté d’une capacité théorique de 1 500 détenus, Makala est le seul centre de détention de Kinshasa, à l’exception de la prison de Ndolo, qui est réservée aux militaires et civils inculpés par la justice militaire.

La sécurité de chacun des onze pavillons ou loge les prisonniers est assurée par les détenus. Il n’y a pas, à l’intérieur du site, de policiers ou de gardien de prison.

Pour décrire la prison de Makala, théâtre d’une évasion meurtrière et ratée en début septembre en République démocratique du Congo, deux personnes qui y ont séjourné, ont utilisé exactement le même mot : « l’enfer ».

« Makala est un véritable enfer », a déclaré Stanis Bujakera, ancien détenu et journaliste, à la BBC à propos de la plus grande prison de la République démocratique du Congo.

Bujakera a été envoyé à la tristement célèbre prison de Makala en septembre de l’année dernière, après que les autorités l’ont accusé d’avoir écrit un article qui prétendait que les militaires étaient impliqués dans la mort d’un politicien de l’opposition. Il y a passé six mois.

« Makala n’est pas une prison, mais un centre de détention qui ressemble à un camp de concentration, où les gens sont envoyés pour mourir », a-t-il déclaré.

La prison, située dans la capitale Kinshasa, a une capacité de 1 500 prisonniers, mais on estime qu’elle en accueille environ 10 fois plus.

RDC: 1685 détenus malades libérés de la prison de Makala à Kinshasa

 En RDC, 1 685 prisonniers de Makala, gravement malades, ont été remis en liberté le 22 septembre 2024 à Kinshasa. L’opération a été supervisée par le ministre de la Justice. Elle s’inscrit dans un programme de désengorgement des prisons. Quinze mille détenus vivent dans cet établissement, dix fois plus que la capacité initiale du pénitencier. Les conditions de détention y sont désastreuses. La mort de près de 150 prisonniers en début du mois, dans ce que les autorités ont présenté comme une tentative d’évasion, l’avait encore placé sous le feu des projecteurs.

Il s’agit d’une des plus grandes vagues de libération de prisonniers malades à Makala. Parmi les 1 685 détenus libérés, on retrouve en effet des personnes dans un état de santé très grave, des malades chroniques qui, jusqu’à présent, n’avaient pratiquement aucun accès aux soins médicaux.

L’opération, qui s’est déroulée ce 22 septembre 2024 de 14h à 20h, a été rendue possible grâce à la mise à disposition de bus par le ministère de la Justice et la société d’État Transco, pour transporter les détenus. Les cas les plus graves ont bénéficié d’une prise en charge médicale immédiate, directement signée par le ministre Constant Mutamba.

Ce dernier s’est montré très ferme, dénonçant la négligence dans la gestion des malades en détention et ordonnant la désinfection des pavillons de la prison ainsi qu’un réapprovisionnement en médicaments. « Cela va permettre à ces personnes d’aller suivre les soins appropriés en dehors de la prison », a aussi indiqué le ministre de la Justice dans un communiqué.

Si elle salue malgré tout ces libérations, la Fondation Bill Clinton pour la paix déplore, elle, le manque de soins accordés à ces détenus. « Les conditions de détention au Congo sont inhumaines, s’inquiète Emmanuel Adu Cole, son président, au micro d’Alexandra Brangeon, du service Afrique de RFI. Comme des prisonniers dorment à même le sol, ils attrapent des maladies. Les prisons ne disposent par ailleurs pas d’antibiotiques. Alors transférer les détenus à l’hôpital pour les soigner avant de les libérer c’est bien, mais il faudrait aussi prendre quelques précautions. »

Cette initiative s’inscrit dans un plan plus large. Ce programme de libération a déjà permis à des milliers de détenus de retrouver la liberté à Makala. D’autres libérations ont également eu lieu dans les provinces, comme à Kisangani et Mbuji-Mayi, où des dizaines de prisonniers ont été relâchés.

Toutefois, certains observateurs doutent de l’efficacité de ces mesures de libération, car de nouveaux détenus arrivent sans cesse. À ce sujet, Constant Mutamba, le ministre de la Justice, ne mâche pas ses mots : il voit dans ces actions un véritable sabotage de sa politique de désengorgement des prisons. En réaction, il a pris des mesures strictes : il a interdit tout transfèrement de détenus non-condamnés vers la prison de Makala ou vers celle de Ndolo, sauf dérogation spéciale de sa part. Cette décision a d’ailleurs déjà provoqué des frictions avec le corps des magistrats, ces derniers estimant que le ministre dépasse ses compétences en matière de transfèrement.
Enquêter sur les « mauvaises pratiques »

En parallèle, depuis début août, il a lancé une commission nationale mixte, une sorte de brigade spéciale pour enquêter sur ce qu’il qualifie de « mafia » et de « mauvaises pratiques » au sein du système judiciaire et pénitentiaire. L’idée est de faire baisser la pression sur les prisons et de recueillir des témoignages sur les abus.

Mais, au-delà de ces initiatives, il y a comme une prise de conscience au niveau du gouvernement. Un état des lieux a été réalisé le 13 septembre au cours d’une réunion du Conseil des ministres. Il a révélé qu’il faut non seulement réhabiliter presque toutes les prisons du pays, mais aussi en construire de nouvelles pour éviter cette surpopulation quasi-chronique.

En , ce sont plus de huit mille personnes qui sont détenues dans la prison de Makala, dont 94 % en attente de jugement. En , ce sont 10 790 personnes qui y sont emprisonnées, dont 7 780 en détention préventive10, et fin décembre les chiffres rapportés sont de 13 500 détenus, dont seulement 2 200 personnes de condamnées.

En , le nombre de détenus passe à 15 000 personnes, dont une majorité de personnes en attente d’un jugement.

Jean Moliere. Source AFP

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